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Le torchon brûle entre le FC Rodange et Karine Reuter


La présidente du RFCU, nommément citée par le comité rodangeois pour une série de problèmes, a vivement réagi. (photo LQ)

PROMOTION D’HONNEUR. Le FC Rodange jure avoir failli mettre la clef sous la porte à la suite des procès intentés par son ancienne présidente pour récupérer une partie de ses investissements. Une demande non fondée pour le club.

Pour le président Semin Civovic, ainsi que tout son comité, Rodange est victime de harcèlement de la part de son ancienne patronne, aujourd’hui à la tête du RFCU. Comptes bloqués, procès en série… la vie n’est pas aussi rose que ce que la situation sportive veut bien laisser croire.

Le FC Rodange avait envie de balancer. Marre de voir les relations avec son ancienne présidente, dans une impasse totale et toujours devant la justice, s’envenimer dans l’ombre  : « On ne veut plus souffrir sans que le reste du pays soit au courant. » Alors il s’est appesanti sur ses énormes problèmes du moment.

QUELS SONT LES FAITS EXPOSÉS PAR LE CLUB?

Le 15 mars 2016, Karine Reuter, « à notre grande stupéfaction », annonce qu’elle quitte le club. Elle reprendra peu après le RFCU. Mais elle assure, indique en tout cas le FCR, qu’elle tiendra ses engagements, notamment financiers jusqu’en fin de saison. Aujourd’hui, le club dit que cela n’a pas été fait, que deux jours plus tard, Karine Reuter serait revenue sur cette promesse. C’est alors le nouveau président (vice-président à l’époque) qui a mis la main à la poche afin de régler le problème.

C’est plus tard que la nouvelle présidente du RFCU va venir réclamer des sommes qu’elle estime lui appartenir.

Le 6  janvier dernier, la notaire pétangeoise aurait perdu un premier procès au cours duquel elle réclamait la restitution de 116  000  euros. Quasi simultanément, elle en aurait intenté un second, pour recouvrer un montant de 34  000  euros qui correspond à une ligne de crédit pour laquelle, dixit Semin Civovic, elle se serait portée garante.

Reste qu’aujourd’hui, procès à répétition obligent, deux des trois comptes du club, à la Caisse d’Épargne, restent désespérément bloqués depuis le 5  octobre. Un nouveau, ouvert entretemps, permet de faire fonctionner le club, qui, aux dires de ses membres, a bien failli mettre la clef sous la porte. Aujourd’hui, le mode de fonctionnement de Rodange est parfois bancal. Alors qu’il ne peut pas toucher aux subventions de la FLF, bloquées, il doit s’arranger pour que tout l’argent qui doit lui permettre de fonctionner au jour le jour doit être impérativement réorienté vers le compte qui n’a pas (encore?) été gelé.

POURQUOI RODANGE MÉDIATISE-T-IL SON AFFAIRE?

Il s’estime en position extrêmement précaire et imagine que porter son souci à la connaissance du monde du football fera peut-être évoluer son affaire, alors qu’une tentative de conciliation à l’amiable proposée par le club à son ancienne présidente a échoué, aux dires de Semin Civovic. A priori, Rodange n’est financièrement plus menacé. « Mais désormais, on peut s’attendre à tout. Et pourquoi pas à voir notre troisième compte fermé », relance le président. « On nous a acculés dans un coin, on doit se défendre ».

Essoufflés par cette bataille de longue haleine qu’ils n’avaient pas anticipé, les dirigeants rodangeois, pourtant confiants dans l’issue du second procès, s’inquiètent et cherchent des réponses. Interpeller les médias est une méthode comme une autre. Elle pourrait permettre, à leurs yeux, de mettre la pression sur leur ancienne présidente en sensibilisant le reste du monde du football à leur situation. « Mais quelle raison madame Reuter a-t-elle de nous faire ça? On va continuer à se battre, elle ne nous coulera pas », a dit le comité unanimement.

COMMENT RODANGE CHARGE-T-IL LA BARQUE?

Le FCR avait un impérieux besoin très humain de se faire du bien. Mis dans la difficulté, le club avait envie, pour parler clairement, de balancer un peu sur son ancienne présidente et ne s’est pas gêné pour le faire, expliquant ses griefs pour mieux dire qu’il n’est pas en faute.

Voire que Karine Reuter, elle-même, l’est. Semin Civovic s’est appliqué à le faire comprendre  : « Beaucoup de bénévoles nous ont quittés sous sa présidence parce qu’elle prenait toutes les décisions seules. Y compris sportives. Comme l’embauche de Viktor Pasulko (NDLR  : l’ancien entraîneur russe). On lui a dit qu’on ne pouvait pas se le permettre financièrement, comme pour beaucoup d’autres joueurs qui dépassaient notre budget. Elle a répondu qu’elle assumerait (NDLR : à l’époque, Karine Reuter pesait environ 30  % du budget du club) et on s’est laissés faire… Mais bon, avec elle, on n’a jamais vu la moindre facture non plus. Elles ont commencé à arriver quand elle est partie et qu’elle ne voulait plus les payer. Quand on a voulu faire le bilan de l’année, on n’a retrouvé aucun justificatif, elle avait tout emmené avec elle. On a demandé les extraits, on ne les a jamais eus. Comment peut-elle nous réclamer de l’argent alors qu’elle a pris toutes les décisions seules? »

Du coup, Rodange a fini par déplacer le curseur sur le terrain de la moralité. « Je crois que c’est du jamais vu un président de club qui quitte son poste en pleine saison pour aller ailleurs », a pointé, taquin, Claude Ganser, trésorier du club. « Ce n’est pas une gestion de bon père de famille », a-t-il parachevé, avant de laisser son président en rajouter une dernière couche  : « On a été à deux doigts de fermer boutique. Vous imaginez si on avait dû annoncer ça à 200 gamins? »

QUELLE ÉTAIT L’AMBIANCE, MERCREDI SOIR?

Surréaliste. Alors qu’une grande partie du comité était présente, en compagnie du staff technique, pour exposer sa situation, un homme s’est assis en bout de salle. Quand Semin Civovic s’est enquis de l’identité des médias représentés, ce dernier lui a signifié qu’il venait représenter madame Reuter, afin de savoir ce qui se dirait dans la réunion.

« Pas de problème », a glissé le président dans un sourire mi-gêné, mi-amusé. En aparté, certains membres de son comité en ont ri, l’un balançant à l’autre  : « Oui bon, c’est de l’espionnage quoi… » À ce niveau de clash frontal, c’est de bonne guerre… Et dire qu’on attend encore la réponse de Karine Reuter…

Julien Mollereau

Karine Reuter répond

La présidente du RFCU, nommément citée par le comité rodangeois pour une série de problèmes, a vivement réagi jeudi. Nous reproduisons ici dans son intégralité le communiqué de Madame Reuter.

Suite à la conférence de presse/communiqué de presse du FCR 91, dans lequel Madame Karine REUTER a été nommément mentionnée, et qui a été relayé par la presse, cette dernière souhaite prendre position comme suit :

– La démission de son poste de présidente du FCR91 est à l’époque devenue inéluctable après avoir accepté de reprendre la présidence du Racing-Union Lëtzebuerg. En effet toute décision/action/omission au sein du club de ligue 2 aurait été –  à tort ou à raison  – analysée en «conflit d’intérêt» évident.

– Madame REUTER ne commente pas des procès civils en cours qui relèvent strictement de sa sphère privée et n’ont pas à être commentés ou débattus sur la place publique. Le fait de se retourner comme caution contre le débiteur principal ou celui de vouloir se voir rembourser des montants prêtés n’ont rien d’anormal et ne sont évidemment pas motivés par une intention de nuire.

– Madame REUTER a scrupuleusement tenu l’intégralité des engagements qu’elle a pris et bien au-delà.

– Il n’y a eu – contrairement aux affirmations de M. CIVOVIC, aucune «tentative de conciliation à l’amiable» de la part de la partie adverse.

– M. Semin CIOVIC était –  entre autres  – personnellement présent lorsque l’entretien d’embauchage de l’entraîneur PASULKO a eu lieu et il a soutenu cette décision. Prétendre aujourd’hui que cette décision (ou d’autres) eut été prise à l’époque par la seule Présidente est simplement contraire à la vérité.

– M. l’huissier de justice Guy ENGEL n’a pas «espionné» mais a simplement –  à la requête de Mme REUTER  – dressé un verbatim de ce qui s’est dit, alors qu’elle a l’intention de poursuivre tant au civil qu’au pénal toute personne qui est à l’origine ou qui diffuse des accusations diffamatoires et mensongères à son encontre.

– Finalement Madame REUTER est heureuse d’être mariée à une personne qui la soutient dans tous ses projets et elle est particulièrement dégoûtée que les activités politiques de son mari soient mêlées au débat : ce n’est pas «la politique» qui s’est «mélangé au sport» mais un mari qui soutient son épouse.

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