La sélection luxembourgeoise de volley-ball s’apprête à dire adieu à son capitaine, Ralf Lentz, qui prendra sa retraite internationale dimanche, au terme de la phase finale du championnat d’Europe des Petits États. Un personnage cartésien, bosseur acharné, mais parfois décrié dans le pays pour son arrogance.
Son regard de glace, bleu, direct et profond, ne trompe pas. Ralf Lentz est de ceux qui savent où ils vont et qui savent vous l’expliquer. À l’issue de cette semaine, le capitaine de la sélection de volley-ball remisera son maillot au vestiaire de la Coque pour de bon. À 34 ans, le rythme d’enfer, 40 heures de boulot par semaine à la BGL où il est responsable de l’animation et du développement commercial, conjuguées à la trentaine d’heures d’entraînement en période intensive lors des rassemblements avec l’équipe nationale, ce sera fini.
«J’ai senti l’an passé que j’avais du mal à me remettre dans le bain et que je m’énervais plus facilement. Les situations que je gérais avec un sourire m’agaçaient, cette fois. J’avais le sentiment de ne plus être à 100% ni au boulot, ni avec l’équipe nationale, même si j’ai su retrouver mon niveau de jeu par la suite. Le truc, c’est que je n’aime pas faire les choses à moitié. Je ne voulais en aucun cas jouer la saison de trop.»
Un rapide tour d’horizon confirme qu’on ne lui reprochera jamais de ne pas s’être investi à fond. Même les sceptiques le reconnaissent. Serge Karier, ancien libero de la sélection, l’a vu débarquer il y a 17 ans. Pas encore majeur, l’apprenti central était plutôt gringalet. «C’est sûr que les épaules qu’il a aujourd’hui, il ne les a pas eues sans rien faire», souligne l’entraîneur de Walferdange, qui à l’époque était lui-même sur la voie de la retraite. Lentz entrait alors dans l’équipe nationale en tant que quatrième, voire cinquième central, derrière les Paul Manderscheid, Laurent Kruchten et Bob Peters, notamment.
Il s’est forgé une carrure dans les salles de fitness. Celle de la Coque entre autres, devenues un refuge pour cet enfant unique fils d’un ancien tourneur chez Morganite SA et d’une responsable financière pour 5 à sec, et qui a toujours eu besoin de retrouver sa solitude, de s’éloigner du collectif dont il défend pourtant les valeurs bec et ongles. «Cela te permet de réfléchir et de te relaxer. Et puis, quand tu remarques que ton corps change, tu commences à prendre du plaisir.»
[…] Karier, néanmoins, n’a jamais cherché à l’attirer dans son équipe à Walferdange. «Il est un peu trop individualiste, pas assez team player. Il fait attention à son image. C’est certainement aussi l’un des derniers centraux pur et dur que le Luxembourg a connu. Ce n’est pas une critique car il aura été bon dans son rôle. Il a des qualités très spécifiques. Mais justement, on ne peut pas le mettre ailleurs sur le terrain. Et au Luxembourg, je pense qu’on a besoin de centraux qui attaquent parfois à l’aile, ou de pointus qui attaquent parfois au centre.»«Je joue un peu avec cette arrogance. Ce n’est jamais personnel, répond Lentz. Il faut avoir un certain niveau de confiance pour réussir.»
Raphaël Ferber
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