Le marché des drogues illicites en France pour l’année 2010 est estimé à 2,3 milliards d’euros, dominé par le cannabis (1,1 milliard) et la cocaïne (902 millions), selon une étude de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) présentée mardi.
L’étude, une première en France par son ampleur, présente le chiffre d’affaire des principales drogues illicites en France, à partir d’une approche «fondée sur la demande», ont expliqué David Weinberger de l’INHESJ et Christian Ben Lakhdar, enseignant chercheur à l’université de Lille 2, lors d’un colloque de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) à Paris.
Ils ont analysé, à partir d’enquêtes sanitaires et de données de justice et de police, le nombre d’usagers, leur intensité de consommation (régulière, quotidienne, etc.), les quantité consommées, les modes d’approvisionnement, le prix estimé et la pureté du produit.
Selon leurs résultats, le chiffre d’affaires du trafic de cannabis s’établit en moyenne à 1,1 milliard, avec un volume de transactions compris entre 163 tonnes et 195 tonnes (selon la quantité de cannabis dans un joint). Il représente 48% du total du marché de la drogue. Le volume total de consommation de cannabis s’approche de 285 tonnes, en tenant compte des dons et de l’autoproduction.
Le marché a augmenté en valeur de 34% entre 2005 (832 millions) et 2010, du fait de l’augmentation du prix (environ 7,25 euros le gramme) et du taux de THC (principe actif du cannabis). Mais il est resté stable en volume (277 tonnes, en 2005, contre 285 tonnes en 2010).
Le marché de la cocaïne représente le deuxième marché de la drogue (38%), avec un chiffre d’affaires de 902 millions d’euros, pour 15 tonnes consommées. Ce marché a doublé en volume (8,3 tonnes en 2005) et en valeur (488 millions d’euros en 2005), parce que les trafiquants «inondent l’Europe, car le prix y est plus élevé qu’aux États-Unis», a expliqué David Weinberger.
Le prix a cependant fortement baissé depuis les années 1990 (de 150 euros à 65 euros le gramme désormais), ce qui a accru sa «démocratisation». Le prix est désormais stabilisé avec des produits qui coupent la pureté de la cocaïne (notamment le Levamisole, un anesthésiant vétérinaire). La cocaïne arrive en Europe à environ 70% de pureté, et se retrouve en vente dans la rue autour de 30%.
Le chiffre d’affaire de l’héroïne s’établit quant à lui entre 204 et 329 millions d’euros pour des quantités consommées comprises entre 5,1 et 8,2 tonnes. Mais la difficulté d’estimation de ce marché est due à la concurrence générée par les médicaments de substitution aux opiacées.
Pour les drogues de synthèses où les données sont plus fragmentaires, le chiffre d’affaire 2010 de la vente d’ecstasy/MDMA est compris entre 13,2 et 71,6 millions d’euros, pour une quantité consommée entre 3,6 et 19 millions de comprimés. Celui des amphétamines s’établit entre 3,7 et 42 millions, pour un volume situé entre 234 kilos et 1,4 tonnes.
Cette étude, est «l’étape 1» d’un rapport plus large sur l’argent des drogues, qui doit être rendu fin 2015, a précisé Christian Ben Lakhdar.
AFP