La très jeune équipe dudelangeoise a entre les pieds, ce soir au Josy-Barthel (17h55), une qualification pour le 3e tour de l’Europa League. Contre les Macédoniens de Shkëndija, il «suffira» de ne pas faire pire qu’une défaite 0-1 après la victoire à l’extérieur de l’aller 1-2.
Tant que durera cette campagne d’Europa League 2019, on n’arrivera sans doute pas à mettre d’accord qui que ce soit sur ce qu’on est en droit d’attendre ou pas de cette équipe dudelangeoise rebâtie de toutes pièces et qui n’en finit plus de subir la comparaison avec sa devancière de 2018.
Il y a une semaine, à l’Arena Tose Proeski, Emilio Ferrera avait, sur un ton patelin et courtois, demandé si la presse «se rend bien compte du travail que cela demande pour se mettre au niveau d’une équipe comme Shkëndija». Entre les lignes : on ne devrait presque pas en être là, en position de force, à 90 minutes de se qualifier pour un 3e tour si l’on gère bien le match retour au stade Josy-Barthel.
Son président, Romain Schumacher, a lui sorti le bulldozer dans son mot de présentation : «Il est surprenant de découvrir quelques papiers sévères de notre presse à l’égard des prestations récentes.» Ou encore : «Une certaine flexibilité intellectuelle pourrait permettre un rapprochement plus réaliste et plus fair-play.»
Rassurons tout le monde une bonne fois pour toutes afin de clore ce dérangeant chapitre de l’«après» : non, personne n’exige du Dudelange de cette année la même chose qu’en 2018. Mais acter qu’il est en position d’accéder sous conditions aux matches de barrage, ce tour qui précède l’entrée dans les poules (puisque son prochain adversaire hypothétique, les Estoniens de Nomme Kalju, n’a rien d’un foudre de guerre) n’est pas encore un crime de mise sous pression.
«Cette avance n’est pas un élément clé»
Et pourtant… Après ce 1-2 ramené de Skopje, un résultat forcé mais bien réel, ce serait manquer de respect à ses garçons et à leur staff que de ne pas exiger qu’ils regardent en face la réalité sportive : même en construction, ils semblent avoir les moyens d’aller plus loin. Et puisqu’ils sont qualifiés au coup d’envoi et que même une défaite 0-1 leur permettrait d’accéder au tour suivant, on est en droit de hasarder que ce serait une déception (relative) de ne pas les y voir.
«On n’a pas essayé de se focaliser sur le résultat, a coupé Emile Ferrera, lundi, au stade Josy-Barthel, avant sa séance. Cette avance n’est pas un élément clé pour nous. On espère surtout grandir en tant qu’équipe durant ce match.» L’ambition du technicien belge ne va pour l’heure pas au-delà de «montrer un football agréable». On le comprend. On l’approuve même. Son équipe est trop jeune et inexpérimentée pour dire autre chose.
Mais là encore, cela n’empêche pas de rêver. Dudelange d’ailleurs, réfléchit très attentivement à l’échéance. Et envisage ouvertement de lancer dans la bataille deux des garçons qui ont contribué à faire de la deuxième période de la semaine dernière quelque chose qui se tenait un peu plus offensivement. On parle là de Bettaieb, 22 ans et deux buts en autant d’apparitions continentales en pointe, mais aussi de Bernier, 21 ans et ses premières minutes européennes au compteur depuis une semaine.
À la limite, on en est encore à se dire que les Macédoniens, bien plus rodés et vicelards, ont encore leur destin entre leurs pieds. Eux qui ont choisi de se priver de Besart Ibraimi, leur meilleur buteur des dernières saisons, à l’aller, et ont beaucoup vendangé devant le but de Tim Kips, feront-ils machine arrière vu le danger qu’ils courent? Ce n’est qu’un élément parmi d’autres d’une rencontre qui vaudrait sans doute plus pour la construction d’une équipe que sa qualification si cette dernière n’était pas aussi bien avancée. Et franchement, à ce stade, une occasion pareille peut-elle se rater?
Julien Mollereau/LQ