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La Suisse se prépare à l’arrivée de milliers de migrants


Des gardes-frontières attendant à la gare de Chiasso l'arrivée de migrants, le 18 septembre 2015 en Suisse. (Photo : AFP)

Gare de Chiasso, petite ville suisse frontalière de l’Italie. Une poignée de gardes-frontières suisses, les mains gantées, se précipitent dans un train venant de Milan et en ressortent peu après avec une dizaine d’Africains qu’ils emmènent au poste.

On est bien loin des scènes de chaos de migrants venus de Syrie et d’Afghanistan déferlant par milliers dans l’est de l’Europe. Mais alors que plusieurs pays d’Europe de l’Est ont rendu plus étanches leurs frontières, la Suisse craint désormais que les migrants tentent de rejoindre le nord de l’Europe en passant sur son territoire, après avoir traversé l’Italie.

A l’Organisation internationale des migrations (OIM), les experts se posent la même question, reconnaît un porte-parole, Joël Millman. «A la fin ces flux pourraient reprendre la voie à travers l’Italie, Milan et donc arriver au Tessin», au sud de la Suisse, explique Norman Gobbi, du parti de La Lega dei Ticinesi, et chef du gouvernement régional.

«On est en train de faire une planification éventuelle pour gérer des arrivées par milliers par jour», ajoute-t-il, sans détailler. En juin dernier, il avait demandé une suspension temporaire de Schengen, mais Berne avait refusé, acceptant toutefois de renforcer le corps des gardes-frontières.

Mais le maire de Chiasso, Moreno Colombo, demande encore «une plus grande présence» de gardes-frontières, ainsi qu’une plus grande coopération des communes de la région en termes d’hébergement. Chaque jour entre 30 à 150 migrants arrivent pour l’instant à Chiasso qui ne compte que 134 places. La plupart sont de jeunes hommes, des Africains, en majorité des Eryhtréens.

«Pourquoi êtes-vous venus? Savez-vous où vous êtes? Où voulez-vous aller?» demande un garde-frontière en gare de Chiasso, en parlant lentement et fort pour se faire comprendre des migrants. Les migrants – beaucoup sont de très jeunes Erythréens et des Gambiens – quelque peu hébétés donnent leur empreinte et enfilent un bracelet jaune avec un numéro les identifiant.

5 000 arrivées en trois mois

Les arrivées ont doublé en un an, selon les autorités. Entre juin et août, un pic a été enregistré avec environ 5 000 entrées au centre de Chiasso, commune de seulement un peu plus de 8 000 habitants.

Malgré tout, les migrants se comptent presque au compte-goutte par rapport à ce que Chiasso, véritable porte d’entrée méridionale de la Suisse, a connu durant la guerre des Balkans dans les années 90, avec plusieurs centaines d’arrivées par jour, et durant le Printemps arabe.

«En ce moment, tout est sous contrôle, stable mais demain cela peut changer, prévient Patrick Benz, en charge des migrations au sein des Gardes-frontières.

A Berne, plusieurs députés se sont emparés de la question cette semaine et ont demandé un contrôle systématique aux frontières avec la présence de l’armée. Une demande rejetée par la présidente suisse, Simonetta Sommaruga, pour qui le pays n’est pas en danger. De son côté, le ministre de la Défense, Ueli Maurer, s’est voulu rassurant expliquant que l’armée pourrait donner en cas de nécessité du matériel et du mobilier.

Pour le président du groupement des directeurs cantonaux des affaires sociales, Peter Gomm, il n’y a actuellement aucun signe pour une arrivée massive à court terme. Néanmoins, explique-t-il dans une interview au journal NZZ, la Suisse dispose d’un état major spécial chargé de répondre à de tels défis.

A Chiasso, personne ne veut pas revivre l’enfer du Printemps arabe, lorsque l’alcool coulait à flot dans les rues provoquant de nombreux incidents parmi les migrants, explique le maire. Ailleurs en Suisse, on craint le pire aussi. La commune de Oberwil-Lieli, dans le canton d’Argovie (nord), a ainsi décidé de payer 290 000 francs suisses (267 500 euros) à Berne plutôt que de recevoir de demandeurs d’asile.

Melekot Woldemichael, demandeur d’asile éthiopien à Chiasso depuis 5 ans, comprend que les Suisses aient «peur», mais il pense que l’afflux de migrants ne va pas cesser de si tôt.

Cet ancien ingénieur en télécommunications de 50 ans estime que les médias en Afrique envoient actuellement de fausses informations sur l’accueil des migrants en Europe ce qui pousse les Africains à vendre leurs biens pour rejoindre le continent européen.

AFP/M.R.

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