Une mère porteuse, accusée d’avoir escroqué plusieurs couples homosexuels -dont l’un résidant au Luxembourg-, a été jugée mardi soir par le tribunal correctionnel de Blois qui rendra son verdict le 22 mars.
Âgée aujourd’hui de 37 ans, Aurore, installée dans le Loir-et-Cher, se présentait sous l’euphémisme de « nounou prénatale ». Disant d’abord être venue par altruisme au secours de couples en mal d’enfants.
En 2008, déjà mère quatre enfants, elle a préféré remettre son cinquième nouveau-né, une petite fille non désirée, à un couple de Parisiens, sans contrepartie financière. Une première expérience qui la pousse à proposer ses services de mère porteuse pour une dizaine de milliers d’euros sous les pseudonymes d’ « ange sincère » ou de « petite cigogne » sur un site internet.
Ainsi, en 2010, elle répond à l’annonce d’un couple homosexuel de Loire-Atlantique et accepte de porter leur enfant en échange de 15 000 euros. L’accouchement est prévu le 21 mars 2011, à Saint-Nazaire mais elle n’est pas au rendez-vous et envoie un texto au couple en prétendant que l’enfant est mort-né. En réalité, le nouveau-né, un garçon, est en parfaite santé et a été confié à un autre couple homosexuel résidant au Luxembourg, à qui elle avait aussi promis l’enfant pour une dizaine de milliers d’euros.
Adolescence brisée
En 2012, elle promet encore un bébé à un couple homosexuel pour 15 000 euros et là encore, après l’accouchement à la polyclinique de La Chaussée-Saint-Victor (Loir-et-Cher), elle assure que l’enfant est décédé, mais le remet à un couple hétérosexuel de Seine-Maritime, qui lui aussi a payé sa prestation. En 2013, au moment où elle est interpellée, elle était en contact avec trois autres couples et a été mise en examen pour escroquerie et tentative d’escroquerie.
« Une mère porteuse, on avait conscience que c’était hors la loi, mais en allant sur Internet, on a vu que c’était facile », a reconnu au tribunal l’un des hommes escroqués. Aurore a assuré de son côté qu’elle voulait « juste donner du bonheur ». La jeune femme, violée par son père quand elle était adolescente, est décrite par les experts comme souffrant de « carences affectives et éducatives majeures », avec « une très faible estime d’elle ». « J’aurais préféré être adoptée par des parents qui m’auraient aimée comme j’étais », s’est-elle défendue, en fondant en larmes.
Son avocat a demandé la relaxe, tout comme ceux des quatre couples impliqués, poursuivis pour provocation à l’abandon d’enfants. Le vice-procureur a requis contre la jeune femme un an de prison, dont neuf mois avec sursis, et 2 000 euros d’amende avec sursis contre chacun des quatre couples. Le sort des enfants confiés est suspendu aux procédures en cours.