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La justice saisie après une série d’inscriptions antisémites à Paris


Deux portraits de Simone Veil sur deux boîtes aux lettres, situés sur la façade de la mairie du 13e arrondissement, ont été recouverts d'une croix gammée. (photo AFP)

Le visage de Simone Veil barré d’une croix gammée, un tag « Juden » écrit en lettres jaunes et un arbre à la mémoire d’Ilan Halimi scié : des inscriptions antisémites à Paris et une dégradation dans l’Essonne suscitaient lundi l’indignation de l’exécutif et d’élus, qui ont saisi la justice.

« Tags antisémites jusqu’à la nausée en plein Paris ce WE. Quand la haine des Juifs se recoupe avec la haine de la démocratie, le vocabulaire de la #fachosphère se retrouve sur les murs ! », a déploré dans un tweet Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).

Sur Twitter, il a accompagné son propos d’une photo montrant une porte de garage sur laquelle est écrit en anglais « Macron Jews’ Bitch » (« Macron pute des Juifs »). Frédéric Potier a précisé que cette porte de garage se trouvait dans le 1er arrondissement de la capitale. Le Dilcrah a également signalé la photo d’un mur du 18e arrondissement sur lequel on peut lire « truie juive ». La mairie de cet arrondissement indique sur Twitter avoir elle aussi fait un signalement lundi matin au parquet.

« Salir la mémoire de Simone Veil, c’est salir la République »

Par ailleurs, deux portraits de Simone Veil dessinés par l’artiste C215 sur deux boîtes aux lettres, situés sur la façade de la mairie du 13e arrondissement, ont été recouverts d’une croix gammée. Ces dessins avaient été réalisés lors de la panthéonisation à l’été 2018 de Simone Veil, ancienne ministre et rescapée de la Shoah. La mairie, qui a découvert les tags lundi matin, déposera plainte, a-t-elle précisé. « Salir la mémoire de Simone Veil, c’est salir la République (…). Tout est mis en œuvre pour que cet acte infâme ne reste pas impuni », a déclaré sur Twitter le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

Un autre acte, commis hors de Paris, a suscité un vif émoi. Un arbre planté à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) en hommage à Ilan Halimi a été découvert scié à sa base lundi, à deux jours d’une cérémonie en mémoire à ce jeune Juif assassiné en 2006 après avoir été séquestré par le « gang des barbares ». La mairie et le Dilcrah ont annoncé qu’elles saisissaient la justice.

Une inscription antisémite visant le chef de l’État Emmanuel Macron a par ailleurs été découverte lundi matin sur le siège du Monde, dans le 13e arrondissement. « Micron (sic) Rothschild parce qu’il se vend bien. La putain de la youtrerie universelle », est-il écrit sur le bâtiment du quotidien. Le journal a indiqué qu’il allait porter plainte. « Jamais nous ne céderons face à l’antisémitisme, face à ceux qui, par leur haine et leur ignorance, salissent la République », a réagi le ministre de la Culture Franck Riester, sur Twitter.

541 actes antisémites en 2018

Samedi matin, les gérants du restaurant Bagelstein situé sur l’Ile-Saint-Louis, en plein cœur de la capitale, avaient eux découvert un tag « juden », écrit en lettres jaunes, la couleur de l’étoile que les Juifs étaient obligés de porter pendant l’Occupation nazie. Cofondateur de cette chaîne de ventes de bagels, Gilles Abecassis avait indiqué dimanche que d’autres restaurants de son enseigne avaient été ciblés par des inscriptions antisémites. Après dépôt d’une plainte, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour dégradations volontaires aggravées et provocation à la haine raciale, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, a indiqué dimanche une source judiciaire.

Trois autres enquêtes visant les inscriptions antisémites ont été ouvertes lundi par le parquet de Paris, selon la source judiciaire. Début novembre, le Premier ministre Édouard Philippe s’était alarmé du fait que les actes antisémites en France avaient bondi sur les neuf premiers mois de 2018 par rapport à l’année précédente.

L’antisémitisme « attaque, pourrit les esprits » et a « progressé de 74% dans ses cris d’horreur l’année écoulée », a révélé Christophe Castaner. Dans le détail, 541 actes antisémites ont été recensés en 2018 contre 311 l’année précédente, a précisé le ministère.

LQ/AFP

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