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La Chine fait trembler la D2 portugaise


(Illustration : DR)

Futur sponsor de la D2 portugaise, la multinationale chinoise Ledman cherche à imposer des joueurs de l’empire du Milieu dans les clubs portugais.

L’inquiétude grandit du côté des dirigeants des clubs, qui veulent garder la main sur le recrutement.

On ne peut pas nous imposer la venue de joueurs chinois, cela doit rester une option», a réagi hier le patron des clubs de Ligue 2, José Godinho. Selon lui, les clubs de deuxième division avaient été très clairs sur ce point dès l’été 2015, alors que la Ligue portugaise était en pleines négociations avec le sponsor chinois.

De son côté, le Syndicat des joueurs de football professionnels a aussi fait part de ses craintes. «Nous ne comprenons pas que la Ligue accepte qu’un groupe économique impose des joueurs aux clubs et aux entraîneurs», avait dénoncé mardi son président, Joaquim Evangelista.

L’accord de partenariat signé lundi à Pékin, dont le montant n’a pas été révélé, prévoit que «dix joueurs et trois entraîneurs assistants chinois seront intégrés dans les dix meilleurs clubs de deuxième division portugaise pour améliorer leur niveau», selon un communiqué diffusé par Ledman.

La Ligue portugaise est plus nuancée : «Il y aura bien un échange de footballeurs», mais «la Ligue garantit que rien ne sera imposé aux clubs», a affirmé hier son directeur de communication, Germano Almeida. Le gouvernement «a déjà demandé des explications à la Ligue, dans un souci de transparence et pour s’assurer que la loi est respectée», selon un porte-parole du secrétariat d’État aux Sports, cité par la presse portugaise.

Entre 20 000 et 100 000 euros

De fait, «personne ne peut imposer l’embauche d’un joueur dans un club, c’est interdit par les règles de la FIFA, de la Fédération portugaise de football et par la Ligue», indique l’avocat spécialiste du droit du sport, Me Joao Manteigas.

«Les règles sont encore plus strictes pour les étrangers», ajoute-t-il, mais «il y a une façon de les contourner en proposant aux clubs une prime pour l’embauche de joueurs chinois : tant qu’il n’y a rien d’obligatoire, c’est parfaitement légal».

En 2015, les clubs de D2 avaient fourni à la Ligue une grille de compensations financières, censée servir de base de négociation avec le sponsor chinois.

Les clubs demandaient par exemple entre 20 000 euros la première année et 100 000 euros la quatrième année pour l’embauche de trois joueurs chinois et d’un arbitre assistant. Le temps de jeu des footballeurs chinois rapporterait quant à lui quelques milliers d’euros aux formations de deuxième division, qui recevraient aussi 20 % du montant d’un futur transfert.

La Ligue portugaise ne confirme pour l’instant aucun chiffre, expliquant que l’accord signé par son président, Pedro Proença, doit encore être validé à son retour de Pékin par la direction. L’organisation ne confirme pas non plus la durée du partenariat ni le changement de nom de la Ligue en «Ledman Proliga», comme l’affirme la multinationale, ce qui serait «une première en Europe» concernant un sponsor chinois.

Ledman, entreprise spécialisée dans la fabrication de diodes électroluminescentes (LED) basé à Shenzhen, dans le sud de la Chine, fait déjà partie des sponsors des D1 et D2 chinoises.

Ce n’est pas la première entreprise chinoise à parier sur le Portugal pour former des joueurs, alors que les autorités de Pékin ont lancé en mars 2015 un vaste plan pour faire progresser le niveau du football dans l’Empire du Milieu, qui pointe à la 82e place du classement FIFA.

Le club Oriental Dragon (Dragon de l’Est), fondé en 2011 par un investisseur chinois, forme actuellement une trentaine de jeunes joueurs au Portugal, en partenariat avec des clubs régionaux.

D’autres entreprises chinoises ont investi dans le football européen : Rastar, fabricant de jouets et modèles réduits, s’est entendu le mois dernier avec plusieurs actionnaires de l’Espanyol Barcelone, dans une opération lui donnant le contrôle de 80 % de ses parts.

Au printemps, le conglomérat Wanda, géant de l’immobilier et du divertissement, s’était emparé de 20 % de l’Atlético Madrid pour 45 millions d’euros.

AFP