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Jean d’Ormesson et Johnny : la France salue deux légendes de son patrimoine


Le chef de l'État français a prononcé un éloge funèbre avant de se recueillir devant le cercueil de l'écrivain. (photo AFP)

Jean d’Ormesson était un « prosateur » de génie qui aimait la douceur de vivre et le bonheur. C’est ainsi que l’académicien Jean-Marie Rouart a salué vendredi la mémoire de l’écrivain disparu lors de son éloge funèbre en la cathédrale Saint-Louis des Invalides.

Cette cérémonie religieuse pour l’auteur d’Au plaisir de Dieu précédait un « hommage national » présidé par Emmanuel Macron dans la cour d’honneur des Invalides. Cette cérémonie marquait le début de vingt-quatre heures exceptionnelles en France, avant l’ « hommage populaire » prévu samedi à Paris pour le chanteur Johnny Hallyday, disparu peu après l’écrivain.

Encadré par la Garde républicaine, le cercueil de Jean d’Ormesson, orné du drapeau français, a traversé la nef de la cathédrale avant d’être déposé devant le chœur. Le livret de messe est illustré par une photo en noir et blanc de l’académicien qui se cache le bas du visage avec les mains. Sous la photo, un vers célèbre du poète communiste Louis Aragon dont l’écrivain avait fait le titre de l’un de ses livres : « Je dirais malgré tout que la vie fut belle ».

Ce paradoxe, le patronage littéraire d’un poète communiste pour un écrivain de droite issu d’une longue lignée aristocratique, résume l’homme Jean d’Ormesson. « Aristocrate mais républicain, de droite mais attiré par la gauche, écrivain mais lorgnant sur la politique, privilégié mais ayant perdu un château historique (le château de Saint-Fargeau, NDLR), il réconcilie les Français avec leurs contradictions », a dit de lui son ami Jean-Marie Rouart. Les anciens présidents Nicolas Sarkozy, François Hollande et des dizaines de personnalités politiques et culturelles ont assisté après la messe à la cérémonie nationale d’hommage.

Comme Piaf et Cocteau

L’épée d’académicien et la grand-croix de la Légion d’honneur de Jean d’Ormesson étaient portées par des gardes républicains derrière le cercueil. Le chef de l’État a prononcé un éloge funèbre avant de se recueillir devant le cercueil. La dépouille de Jean d’Ormesson sera incinérée « plus tard » dans l’intimité, a confié sa famille. Le romancier, archétype de l’écrivain à la française, charmant et charmeur, est décédé dans la nuit de lundi à mardi d’une crise cardiaque à son domicile de Neuilly-sur-Seine. Le 41e et dernier livre de l’écrivain, Et moi je vis toujours qui devait initialement paraître en février sortira finalement le 11 janvier chez Gallimard.

Comme en octobre 1963, lorsque les morts de la chanteuse Édith Piaf et de l’académicien Jean Cocteau s’étaient télescopées, le décès de Jean d’Ormesson a précédé de quelques heures la disparition de « l’idole des jeunes ». La France rendra samedi un « hommage populaire » à l’interprète de Que je t’aime. Accompagné de 500 à 700 motards, le convoi funéraire du chanteur que le président Macron a qualifié de « héros français » descendra les Champs-Élysées de l’Arc de Triomphe à la Concorde à partir de midi avant une cérémonie religieuse à la Madeleine. Le président Emmanuel Macron « prendra brièvement la parole » à la Madeleine et les musiciens du rocker joueront des standards du chanteur sur le parvis de l’église à l’issue du service.

Le Quotidien/AFP