Laurent Jans, Aurélien Joachim et Anthony Moris ont donné une interview conjointe à l’hebdo belge Foot Mag. Nos confrères ont découvert récemment avec grand intérêt que, tiens donc, il y avait trois Luxembourgeois dans le monde du football professionnel du plat pays: Anthony Moris à Malines, Laurent Jans à Waasland-Beveren et Aurélien Joachim au Lierse.
Alors que la France se passionne pour le sage Gérard Lopez à Lille, la Belgique se tourne à son tour vers le Grand-Duché. Pour tenter de cerner l’ampleur du phénomène en train de naître à ses portes et qui lui a déjà envoyé tous ces charmants garçons. Au moins, les mettre dans de telles conditions nous permet d’en apprendre un peu plus sur eux. Parce que c’est cash et que ça ne calcule pas. Morceaux choisis.
Le niveau de la DN
Laurent Jans : «Sans le Fola, le F91, la Jeunesse et Differdange, le championnat ne ressemblerait pas à grand-chose.» Ou encore : «J’attends qu’un club luxembourgeois se qualifie pour les poules de la Ligue des champions.»
Anthony Moris : «On n’y fait pas ce qu’on veut. Rossini n’a pas touché un ballon l’an passé au Progrès.»
La vie facile au pays
Anthony Moris : «En travaillant la journée et en combinant avec le foot, on peut se faire pas loin de 10 000 euros par mois. Les joueurs luxembourgeois ne quittent pas le pays pour l’argent.»
Laurent Jans : «Cette mentalité m’énerve, les jeunes devraient prendre plus de risques.»
Aurélien Joachim : «C’est difficile à croire, mais je gagnais réellement moins aux Pays-Bas qu’au Luxembourg. Pourquoi j’ai accepté? Combien de Luxembourgeois peuvent dire qu’ils ont affronté l’Ajax, Feyenoord ou le PSV?»
Laurent Jans : «Les dirigeants de clubs luxembourgeois commencent aussi à se dire qu’ils peuvent gagner de l’argent. Ils n’hésitent pas à demander 400 000 euros pour un joueur.»
Une DN professionnelle?
Aurélien Joachim : «La DN n’attirera jamais personne.»
Laurent Jans : «Le parcours de Dieumerci Ndongala, qui a éclaté à la Jeunesse, mais a dû repartir de zéro en revenant en Belgique, prouve que personne ne croit aux footballeurs venus du championnat luxembourgeois.»
Le fait d’être pro et… luxembourgeois
Aurélien Joachim : «Après Burton, on m’a présenté dans des clubs de D1 et D2 belges. Les présidents devaient se dire : « Un Luxembourgeois? Ça ne nous intéresse pas ». En avril, j’ai été champion de D2 avec le White Star. Soudain, les clubs qui m’avaient refusé en janvier ont téléphoné.» Puis en se tournant vers Laurent Jans : «On a parlé de toi à Southampton, non? Ou a Aston Villa (NDLR : Le Quotidien du 8 novembre)?»
Laurent Jans : «Dans certains clubs, mais je ne peux pas en dire plus. Le transfert d’un Luxembourgeois en Premier League ferait peut-être bouger les choses. On parlerait peut-être de nous en bien.»
Anthony Moris : «À chaque mercato, je cite le nom de Joachim à Malines et j’ajoute qu’il ne coûte pratiquement rien. Mais on n’en fait jamais rien.»
La sélection
Anthony Moris : «Holtz veut gâter le public. Mon père me dit qu’il s’amuse mieux aux matches de la sélection nationale luxembourgeoise qu’à Malines.»
Laurent Jans : «Avec un tirage favorable, on peut peut-être se qualifier.»
Le regard des adversaires
Laurent Jans : «Ce sont surtout les arbitres qui nous rabaissent. Je me souviens d’un match en Espagne où il sifflait dès qu’on approchait d’Iniesta.»
Aurélien Joachim : «Lors de ce match, je me suis fâché quelques fois avec Fabregas. Il a insulté plusieurs fois ma mère. Il trouvait que j’étais trop tactile. Ce n’est pas parce que tu t’appelles Fabregas qu’un Luxembourgeois ne peut pas te toucher hein!»
Anthony Moris : «Je garde un mauvais souvenir du match contre les Diables Rouges. Peut-être que je me fais des idées, mais leur attitude, leur façon de nous regarder et leur jeu nonchalant les faisaient vraiment passer pour des enfants gâtés.»
Aurélien Joachim : «Beaucoup d’équipes devraient prendre exemple sur les Italiens. (…) Giorgio Chiellini est le mec le plus cool que j’aie rencontré sur un terrain. Au cours du match, il m’a même donné des conseils en rigolant : « Dis à ton petit arrière droit (NDLR : c’était… Laurent Jans) de fermer son flanc, mes longs ballons passent trop facilement ».»
Le poste de gardien en sélection
Aurélien Joachim : «Ah si on avait Thibaut Courtois…»
Anthony Moris : «Salaud, pourquoi pas Spiderman tant qu’on y est…»
Vincent Thill
Aurélien Joachim : «Il a encore tout à prouver.»
Anthony Moris : «Il a tout pour devenir un bon joueur. Mais à son âge, Eden Hazard était titulaire à Lille et élu meilleur joueur de France (NDLR de Foot Mag : en réalité, Hazard est devenu titulaire à 18 ans et a été élu meilleur joueur de L1 à 20 ans). C’est ça un crack.»
Julien Mollereau