La tuerie dans un supermarché casher à Paris renforce le sentiment en Israël que la France est en train de devenir une terre hostile et incapable de protéger les juifs.
« A tous les juifs de France, tous les juifs d’Europe, je vous dis : Israël n’est pas seulement le lieu vers lequel vous vous tournez pour prier, l’Etat d’Israël est votre foyer », a déclaré Benjamin Netanyahu.
« Je suis en colère contre les juifs de France. Pourquoi hésitent-ils encore à faire leurs valises et à venir ici ? La France est devenue un pays dangereux pour les juifs », lance Manuel Allal, un Franco-Israélien de 26 ans, gérant d’un café internet dans le centre de Jérusalem.
Comme lui, de nombreux experts et commentateurs estiment que la mort de quatre juifs lors de la prise d’otage sanglante de vendredi pourrait encore renforcer l’émigration de juifs français vers Israël, dont le nombre n’a cessé de croître depuis l’affaire Merah en 2012 et l’augmentation des actes antisémites en France. « Les Franco-israéliens sont sous le choc (…) C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », affirme Avi Zana, directeur d’AMI, une organisation d’aide à l’intégration es Juifs français en Israël. « Ils vont faire pression sur leurs familles pour qu’elles les rejoignent. On peut prévoir que le nombre de juifs qui voudront quitter la France va augmenter », selon lui.
En 2014, pour la première fois depuis la création d’Israël en 1948, la France a été le premier pays d’émigration vers l’Etat hébreu. Plus de 6 600 juifs l’ont quittée pour s’installer en Israël contre 3 400 en 2013. Depuis vendredi, le gouvernement, Premier ministre en tête, a multiplié les appels à émigrer vers Israël, provoquant une vive réaction de Paris. « A tous les juifs de France, tous les juifs d’Europe, je vous dis : Israël n’est pas seulement le lieu vers lequel vous vous tournez pour prier, l’Etat d’Israël est votre foyer », a ainsi déclaré samedi soir Benjamin Netanyahu. Il a réitéré son appel dimanche matin quelques minutes avant de s’envoler pour Paris où il doit participer à la manifestation monstre accompagné de son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman.
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Des commentateurs ont par ailleurs dénoncé la faiblesse de la mobilisation qui a suivi la prise d’otages dans le supermarché casher, qu’ils interprètent comme la preuve d’une certaine indifférence de la population française à l’égard de la communauté juive. « Mercredi soir, la France entière a déclaré « Je suis Charlie » (…). Vendredi soir, il n’y avait pas de vague comparable de déclaration disant « Je suis juif' »(…) Cette différence est difficile à expliquer », écrit ainsi Sefy Hendler dans le quotidien libéral Haaretz.
Estimés à 500 000 ou 600 000, les juifs de France représentent la première communauté juive d’Europe et la troisième au monde, derrière Israël et les Etats-Unis.
AFP