Le président centriste Emmanuel Macron et son Premier ministre issu de la droite modérée, Edouard Philippe, doivent composer et dévoiler mardi le premier gouvernement de ce nouveau quinquennat, avec pour objectifs le rassemblement droite-gauche et le renouvellement.
De retour de Berlin, le chef de l’Etat français devait recevoir dans la matinée son tout nouveau chef de gouvernement, nommé lundi. L’objectif est de peaufiner la composition et l’annonce, prévue en fin de journée, d’une équipe gouvernementale devant incarner à la fois le renouvellement politique cher à M. Macron, la parité hommes-femmes, et l’équilibre droite-gauche, dans la perspective de la bataille des législatives de juin.
D’autres recrues issues du parti de droite Les Républicains (LR) sont attendues, comme l’ex-ministre Bruno Le Maire qui, dès le soir du second tour de la présidentielle, avait affirmé être prêt à travailler avec Emmanuel Macron.
« Toute une frange de la droite et du centre est déjà prête à franchir le pas », soulignait mardi le quotidien conservateur Le Figaro, ce qui montre qu’Edouard Philippe n’est pas « une simple prise de guerre » mais « la tête de pont d’une recomposition structurelle ».
Une trentaine d’élus de droite et du centre, notamment des proches de l’ancien Premier ministre Alain Juppé, comme M. Philippe, ont jugé lundi que leurs familles politiques devaient « répondre à la main tendue » par le nouveau président.
Dans la perspective des législatives des 11 et 18 juin qui doivent déterminer la majorité avec laquelle M. Macron pourra diriger le pays, la nomination de M. Philippe et l’attraction que suscite le nouveau président chez Les Républicains n’est pas une bonne nouvelle pour les dirigeants du parti qui cherche à sortir la tête de l’eau après une présidentielle catastrophique.
Le secrétaire général du parti, Bernard Accoyer, a reconnu « un bouleversement » mardi. « La droite tient », a-t-il estimé, « même si un certain nombre de nos amis (…) peuvent se laisser tenter par l’appel du pouvoir ».
À gauche, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense sous la présidence Hollande est donné comme le seul survivant de l’équipe qui dirigeait le pays.
Les membres du parti socialiste ralliés de la première heure à M. Macron devraient aussi rentrer au gouvernement, comme le maire de Lyon, Gérard Collomb, ou les élus Richard Ferrand et Christophe Castaner, piliers de la campagne du nouveau chef de l’Etat.
François Bayrou, chef de file du parti centriste MoDem, allié du président, est également sur les rangs, malgré les tensions survenues la semaine passée avec le nouveau parti présidentiel sur la constitution de la liste des candidats aux législatives.
M. Macron a par ailleurs promis d’ouvrir la République aux représentants de la société civile. Il cherche par exemple à convaincre Nicolas Hulot, ancien présentateur de télévision et figure respectée de l’écologie, d’accepter un « ministère de la Transition écologique ».
Et les femmes? Le chef de l’Etat, dont le premier cercle durant la campagne était très masculin, a promis la parité. Emmanuel Macron pourrait choisir de propulser de jeunes espoirs issus du monde de l’entreprise, comme Astrid Panosyan, passée par la direction du groupe immobilier Unibail-Rodamco, la spécialiste de la communication Axelle Tessandier, ou la productrice de cinéma Frédérique Dumas.
Parallèlement à la constitution du gouvernement, le nouveau président a entamé ses premiers déplacements à l’étranger.
Fidèle à la tradition, il était lundi soir à Berlin pour rencontrer la chancelière Angela Merkel. Les deux responsables ont affiché leur volonté de réformer l’Europe, si nécessaire via un changement des traités.
Le président français se rendra par ailleurs, selon son entourage, « jeudi ou vendredi » auprès des troupes françaises au Mali et doit rencontrer le 25 mai le président américain Donald Trump, en marge du sommet de l’Otan à Bruxelles.
Le Quotidien / AFP