Le magazine Ebdo a publié une enquête sur des accusations de violences sexuelles à l’encontre de Nicolas Hulot. Plusieurs voix s’élèvent pour en critiquer la méthode et l’auteure de la plainte, petite-fille de François Mitterrand, regrette sa médiatisation. Ebdo assume la publication du dossier et s’en défend.
« L’affaire Nicolas Hulot », titre le cinquième numéro de cet hebdomadaire d’investigation publié vendredi, dans lequel les journalistes Anne Jouan et Laurent Valdiguié révèlent que le ministre de la Transition écologique a fait l’objet d’une plainte pour viol en 2008, classée sans suite pour cause de prescription, et spéculent sur un cas de harcèlement sexuel d’une ex-collaboratrice, qui dément pourtant dans leurs colonnes.
Dès jeudi, avant la sortie en kiosques du magazine, Nicolas Hulot s’est défendu de rumeurs qu’il a qualifié d' »ignominieuses » et le Premier ministre, Edouard Philippe, l’a assuré de son « soutien ».
Dans la presse, les commentateurs ont majoritairement dénoncé l' »emballement » et le « malaise » lié à cette affaire. « Les éléments tangibles manquent à ce stade. Fallait-il publier ? On laissera chacun à sa conscience », a commenté le directeur de publication de Libération Laurent Joffrin.
« Je ressens la même perplexité que Laurent Joffrin », a abondé sur Twitter l’éditorialiste politique de BFMTV Apolline de Malherbe. L’auteure de la plainte pour viol, qui n’est pas nommée dans Ebdo mais que d’autres médias ont identifié comme étant Pascale Mitterrand, petite-fille de François Mitterrand et fille de Gilbert, a regretté par la voix de son avocat une « tempête médiatique », auquel son nom a été « associé contre son consentement ».
« Mais elle parle en même temps ! Elle parle à un journaliste, elle sait très bien à qui elle parle, il n’y a pas de piège. Nous avons décidé de protéger cette source et sa famille, mais tout est très clair et très limpide », s’est défendu sur Europe 1 le cofondateur d’Ebdo, Patrick de Saint-Exupéry.
Pour lui, « il n’y a aucun doute » sur le fait qu’il fallait publier l’enquête. « Nous avons une information recoupée par une source directe et plusieurs témoignages de la famille, qui est confirmée, à savoir : il y a dix ans, une plainte pour viol a été déposée contre Nicolas Hulot », a-t-il détaillé, soulignant qu’une plainte pour viol ce n’était « pas anodin ».
« Nous sommes journalistes, nous avons une information confirmée. Si vous ne la mentionnez pas, vous faites quoi? C’est le travail du journaliste de dire. Vous pouvez trouver que c’est dérangeant, bien sûr que c’est dérangeant, mais c’est une information », a-t-il insisté.
Laurent Valdiguié a admis sur RTL qu’il y avait eu débat au sein de la rédaction de l’Ebdo : « c’est une réflexion très difficile », « on parle des dessous d’un homme et des secrets d’une grande famille française, un grand secret qui explique peut-être pourquoi Nicolas Hulot a renoncé plusieurs fois à la course à la présidentielle », a-t-il avancé, reprenant la thèse développée dans l’enquête.
« A part une caméra de surveillance, la preuve d’une agression sexuelle n’existe pas. (…) Le journalisme, parfois c’est prendre des risques. On devait écrire cette histoire », a estimé Anne Jouan sur TMC, assurant avoir été contactée par d’autres femmes pour des faits similaires.
Ebdo a indiqué que les deux journalistes poursuivaient leur enquête. Côté politique, Nicolas Hulot a reçu le soutien de plusieurs membres du gouvernement dont la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui a dénoncé des « insinuations », portées par un journal nouvellement créé et dirigé par l’ex-député PS et ancien secrétaire d’État de François Hollande Thierry Mandon, qui « n’était pas extrêmement connu, comme Nicolas Hulot peut l’être aujourd’hui ».
Pour elle, le titre cherche à « faire le buzz » afin « d’être connu des Français ». Sur les réseaux sociaux, des internautes tournaient l’affaire en dérision avec le hashtag #Balancetarumeur, qui était parmi les plus tweetés vendredi.
Le Quotidien/ AFP