Quelque 300 personnes, dont de nombreux salariés de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), ont manifesté mardi sur place pour dénoncer la volonté du gouvernement de fermer le site.
Les manifestants, dont certains portaient des t-shirts proclamant « Je fais partie des 2 200 emplois sacrifiés » ou des banderoles dénonçant un « chantage politique », ont formé une chaîne humaine devant l’entrée de la centrale. La perspective d’une fermeture de Fessenheim « semble aujourd’hui se concrétiser », a souligné devant les manifestants Magali Chupin, déléguée CFDT. Défendant « un outil de travail sûr et générateur d’emplois dans la région », elle a estimé que, dans ce dossier, EDF était « pris en otage par le gouvernement ».
Les salariés, qui répondaient à l’appel d’une intersyndicale CFDT-CFE-CGC-CGT-FO, dénoncent notamment un récent courrier adressé à EDF par la ministre de l’Énergie Ségolène Royal, dans lequel elle lui demande d’entamer d’ici à « la fin juin 2016 » la procédure de fermeture des deux réacteurs alsaciens. Le gouvernement veut « précipiter les choses, peut-être faire un effet d’affichage, peut-être que c’est lié à la prochaine présidentielle », a pointé Laurent Raynaud, délégué CGT.
La demande de Ségolène Royal intervenait en réponse à EDF qui a demandé une extension de 36 mois, jusqu’au 11 avril 2020, du délai légal de mise en service de son futur réacteur EPR de Flamanville (Manche). Les deux dossiers sont potentiellement liés puisque la récente loi de transition énergétique impose un plafonnement de la capacité du parc nucléaire français. Ce plafond signifie que l’électricien ne pourra pas mettre en service de nouveaux réacteurs sans en arrêter d’autres.
Or EDF vient de préciser au gouvernement qu’il n’envisageait pas d’autre hypothèse qu’une fermeture de Fessenheim. L’arrêt définitif des deux réacteurs alsaciens -les plus vieux encore en activité en France- est une promesse de campagne de François Hollande, réclamée de longue date par les militants antinucléaires. Une trentaine d’entre eux ont d’ailleurs organisé mardi une contre-manifestation pour réclamer la fermeture de la centrale. Ils n’ont pas manifesté à Fessenheim, mais à quelques dizaines de kilomètres de là, à Colmar, où se réunissait la Commission locale d’information et de sécurité (CLIS) de la centrale.
AFP