État d’urgence : les magistrats « alliés des terrorismes »

Le syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) s’en est vivement pris mardi au syndicat de la magistrature (SM), lequel a critiqué l’état d’urgence décrété à la suite des attentats de Paris. Pour le SCPN, les magistrats sont des « alliés des terrorismes ».

« Nous assurons le syndicat de la magistrature et tous ses inféodés -dont l’inertie et le dogmatisme fou n’ont pas peu contribué à conduire notre pays dans l’impasse où il se trouve- de notre plus profond mépris », fustige le SCPN dans un communiqué. « Ils sont les alliés objectifs de tous les terrorismes. »

En cause, la position du SM qui a mis en garde lundi contre la « suspension -même temporaire- de l’État de droit », exprimant son « inquiétude » après l’instauration de l’état d’urgence par le président Hollande.

« Il aura fallu trois jours au tristement célèbre syndicat de la magistrature (NDLR : en référence au mur des cons) pour accoucher d’un communiqué qui restera dans les annales », raille le syndicat de commissaires.

« Dictature de juges aveugles »

« Alors que la France est frappée comme jamais par une série d’attentats simultanés et coordonnés, et sans attendre qu’aient été réalisées les dernières autopsies de victimes, ce groupuscule idéologique prend la parole avec le courage qu’on lui connaît pour s’inquiéter de l’atteinte à l’État de droit », taille-t-il encore. « Le propre d’un État de droit, c’est que les lois – fussent-elles de 1955 – soient appliquées. Nous préférons -et l’écrasante majorité des habitants de nos quartiers et villages avec nous- un risque mesuré, encadré et temporaire d’arbitraire administratif à une dictature de juges aveugles. »

« Il faut l’être pour porter des préoccupations aussi décalées le jour même où nombre des perquisitions administratives diligentées en application de l’état d’urgence ont amené la découverte d’armes de guerre et d’explosifs ! », enfonce encore le SCPN.

Sollicité par les médias, le syndicat de la magistrature s’est dit « sans voix, face à la violence des propos et l’incompréhension manifeste de notre message ».

« Nous ne disons pas : il ne faut pas procéder à des perquisitions, mais nous appelons à rester dans le cadre des perquisitions judiciaires classiques, qui sont d’ailleurs le plus souvent décidées par les policiers. Nous appelons à rester dans un cadre légal et pas dans celui de non-droit créé par l’état d’urgence », a réagi Laurence Blisson, secrétaire générale. « Nous alertons sur le fait que l’état d’urgence modifie la nature et l’étendue des pouvoirs de police des autorités administratives. Ce qui comporte un risque pour les libertés. »

AFP/A.P