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Éleveurs en colère : Hollande défend le plan d’urgence


Blocage à l'entrée de La Roche-sur-Yon, ce mercredi 22 juillet. (photo AFP)

François Hollande a mis la pression ce jeudi à Dijon sur la distribution, les abatteurs et les transformateurs pour parvenir à une hausse des prix, tandis que la mobilisation des éleveurs évoluait sur le terrain, les barrages routiers cédant peu à peu la place à des actions coup-de-poing.

Le président de la République a rencontré des représentants d’organisations agricoles jeudi en Côte d’Or, dans le cadre d’un déplacement initialement consacré à la viticulture. Confronté depuis ce week-end à une contestation grandissante, le gouvernement a annoncé mercredi un plan d’urgence doté de plus de 600 millions d’euros en faveur des éleveurs en difficulté.

L’objectif: relever les prix payés aux éleveurs, pour le porc comme pour le boeuf, et desserrer l’étau de leur dette. L’État va ainsi engager avec les banques une restructuration de l’ensemble des dettes à moyen et long terme. Sur les prix, « nous voulons qu’il y ait non seulement la distribution qui fasse l’effort indispensable pour rémunérer les producteurs, mais également les abatteurs et les transformateurs qui doivent rendre des comptes », a insisté M. Hollande, évoquant « toutes les productions », lait et viande notamment.

Auparavant, sur RTL, Manuel Valls avait lancé un « appel » à la « responsabilité » des « abatteurs » et des « industriels », et jugeant « essentiel que les prix augmentent dans les filières du boeuf ». Le Premier ministre, qui a par ailleurs annoncé la « généralisation » de « l’approvisionnement local » en viande dans les restaurations collectives d’État, poursuivra son travail de conviction jeudi lors d’un déplacement en Gironde.

Cette généralisation fera l’objet d' »actions immédiates », notamment via des « révisions de clauses », a précisé M. Hollande, qui a également évoqué la « contractualisation » des négociations et promis de redoubler d’efforts pour vanter les mérites de l’agriculture française au plan international.

En attendant, le plan gouvernemental a suscité des réactions très mitigées. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a annoncé que les éleveurs préparaient de « nouveaux mouvements dans les deux ou trois jours qui viennent ». La colère doit « pouvoir s’exprimer », a-t-il dit, tout en appelant à la « pondération sur le terrain ».

Depuis Dijon, après s’être entretenu avec M. Hollande, le président de la Fédération nationale des éleveurs bovins (FNB), Jean-Pierre Fleury, a estimé que « les conditions (n’étaient) pas remplies pour lever les blocages ».

Cependant, sur le terrain, les blocages d’axes routiers laissaient progressivement la place à des actions ciblant des industriels ou des distributeurs, comme par exemple des laiteries en Loire-Atlantique ou encore un hypermarché Leclerc dans le Nord. Après Caen, où ils avaient été levés mercredi-après midi, les barrages ont été levés ce jeudi autour de Lyon et sur les grands ponts enjambant la Seine en Seine-Maritime.

En Franche-Comté, des éleveurs ont intercepté « sans violence », lors d’un barrage filtrant, un camion transportant une quarantaine de carcasses de boeuf allemandes destinées au numéro un de la viande en France, le Groupe Bigard.

La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont en tout cas assuré que les blocages ne devraient pas perdurer, afin de ne pas perturber le grand chassé-croisé des vacanciers ce week-end. C’est d’ailleurs ce qui mobilise à plein l’exécutif, qui souhaite éviter que cette crise ne s’éternise au coeur de l’été, à quelques mois des élections régionales et avec une opposition à l’affût.

Le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, est ainsi sorti de son silence mercredi pour juger que le plan gouvernemental n’était « pas à la hauteur de la crise ». La droite « dormait pendant qu’on prenait les premières mesures », a répondu dans Libération le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, mettant également en cause le plan 2009 du gouvernement Fillon.

 

AFP