Le bénéfice net annuel d’EasyJet a décroché du fait d’une concurrence exacerbée mais la compagnie se juge bien placée pour tirer son épingle du jeu dans un secteur sous pression, ce qui faisait décoller son action mardi.
Entre octobre 2016 et septembre 2017, période de son exercice comptable, la compagnie au logo orange et blanc a dégagé un bénéfice net de 305 millions de livres (343 millions d’euros), 30% de moins sur un an, a-t-elle annoncé mardi dans un communiqué.
Son bénéfice avant impôt a diminué de 17% à 408 millions de livres, bien que la compagnie ait transporté un nombre record de 80,2 millions de passagers, en hausse de presque 10%, et que son chiffre d’affaires ait grimpé de 8% à 5,047 milliards de livres (5,680 milliards d’euros).
La compagnie britannique à bas coût a élevé d’un point son taux de remplissage, au niveau record de 92,6%, mais le revenu net du billet par siège a diminué de 7,8% à taux de change constant, EasyJet évoquant « un environnement tarifaire agressif » entre les compagnies qui se battent pour des parts de marché.
EasyJet est en concurrence avec d’autres compagnies à bas coûts, comme l’irlandaise Ryanair, la première compagnie européenne en nombre de passagers transportés malgré ses récents problèmes d’annulations de vols. Mais d’autres compagnies à faible prix sont en train de monter, comme Norwegian, tandis que les groupes « historiques » cherchent à diminuer leurs tarifs voire à lancer leurs propres offres à bas coût.
Cette concurrence effrénée a entraîné la faillite ou de graves difficultés pour plusieurs compagnies du secteur, comme la britannique Monarch, l’allemande Air Berlin ou l’italienne Alitalia. EasyJet en a d’ailleurs profité pour reprendre 25 avions d’Air Berlin à l’aéroport Tegel de Berlin, où elle sera désormais le principal transporteur aérien pour les courts-courriers.
Protégée du Brexit
Les bénéfices d’EasyJet ont par ailleurs subi l’impact négatif de la dépréciation de la livre sterling consécutive au référendum sur le Brexit, qui a élevé sa facture en carburant réglée en dollars – même si le groupe a bénéficié par ailleurs de la baisse des prix mondiaux du pétrole.
Lors de l’exercice en cours 2017/18, EasyJet s’attend à un rebond de son revenu par siège au premier semestre et in fine de son bénéfice annuel. « La politique de distribution des dividendes sur la base du bénéfice après impôt devrait voir une croissance des dividendes au cours de l’année fiscale 2018 », a-t-elle expliqué.
« Notre objectif visant les positions de numéro un et deux dans les principaux aéroports européens, notre service client à l’écoute et efficace ainsi que notre focus continu sur le contrôle durable des coûts a fait bénéficier easyJet d’un avantage stratégique dans une période qui a vu faillites et difficultés opérationnelles pour certaines compagnies », s’est félicité la directrice générale, Carolyn McCall.
A court terme, la remontée récente des cours du pétrole pourrait coûter à la compagnie, qui pourrait en revanche en profiter à moyen terme car ses dirigeants la jugent mieux protégée de la volatilité des cours et mieux armée que ses concurrentes pour affronter les turbulences du secteur à l’avenir.
Aux commandes d’EasyJet depuis 2010, Carolyn McCall s’apprête à passer la main le 1er décembre à un vétéran de l’industrie du voyage, le Suédois Johan Lundgren. Une des femmes d’affaires les plus influentes du Royaume-Uni, la directrice générale va prendre la tête du groupe de télévision ITV.
Lors d’une conférence téléphonique, elle a estimé laisser EasyJet « en très bon état », rappelant notamment avoir réduit l’exposition de son entreprise aux risques liés au Brexit.
Basée à Luton dans le nord de Londres, EasyJet a annoncé en juillet la création d’une nouvelle compagnie, EasyJet Europe, qui sera installée à Vienne et permettra à l’entreprise britannique de continuer de voler sans entrave dans l’Union européenne quelle que soit l’issue des négociations entre Londres et Bruxelles.
Au final, « les résultats d’EasyJet sont positifs par bien des aspects à l’issue d’une année difficile pour l’industrie aéronautique », a résumé Helal Miah, analyste à The Share Centre.
L’action EasyJet s’envolait de 6,96% à 1.367 pence vers 10 heures 30 à la Bourse de Londres.
Le Quotidien/ AFP