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D’ici à 2022, la France pourrait créer entre 115 000 et 212 000 emplois par an


Le ministre du Travail François Rebsamen (Photo : AFP)

Après des années de destructions nettes d’emplois, l’économie française pourrait de nouveau en créer, entre 115 000 et 212 000 par an d’ici à 2022, surtout dans les services et métiers les plus qualifiés, selon un rapport remis mardi au gouvernement.

« L’identification des métiers de demain est un enjeu crucial », a estimé le ministre du Travail François Rebsamen lors de la remise du rapport, hasard de calendrier, au lendemain de l’annonce d’un nouveau record du chômage en mars (3,51 millions demandeurs d’emploi sans activité en métropole). Le ministre a appelé « les partenaires sociaux, les acteurs publics et économiques, la société civile » à s’en saisir « pour atteindre un objectif commun à tous: gagner la bataille pour l’emploi ».

Le document de plus de 400 pages, rédigé par l’organisme gouvernemental France Stratégie et le service des statistiques du ministère du Travail (Dares), ébauche trois scénarios pour la période 2012-2022, plus ou moins optimistes « selon la vigueur de la sortie de crise », explique à l’AFP Véronique Deprez-Boudier, de France Stratégie.

Le premier, appelé « scénario central », permettrait de créer « 177.000 emplois par an en moyenne » et de faire baisser le taux de chômage à 8% en 2022, contre 10% en métropole fin 2014. La France connaîtrait « une sortie de crise progressive », avec une croissance moyenne « légèrement inférieure à 1,5% par an ».

En comparaison, la France a détruit plus de 100.000 emplois depuis fin 2007. Plus pessimiste, le deuxième scénario dit « de crise » (1% de croissance annuelle) ne permettrait de créer que 115.000 emplois par an, à cause d’une « dégradation de la compétitivité » et d’un « renforcement des contraintes financières ». Ces créations ne permettraient pas d’absorber les 120.000 actifs supplémentaires prévus chaque année et le chômage se maintiendrait à « près de 10% ».

A l’inverse, le troisième scénario « cible » assurerait en moyenne 212.000 créations de postes par an et ferait baisser le chômage « à moins de 7% », grâce à une croissance annuelle de 1,8%. La recette: « une stratégie d’investissement et d’innovation » dans un « contexte réglementaire et fiscal qui facilite l’éclosion de nouvelles activités ». En comptant les 620.000 départs annuels en fin de carrière, entre 735.000 et 832.000 postes seraient à pourvoir chaque année.

« Forte dynamique des services »

« La hiérarchie des métiers ne change pas profondément selon les scénarios », indique Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie. Le marché du travail devrait continuer à faire la part belle au « secteur tertiaire » et aux « métiers qualifiés ». Le rapport attend « une forte dynamique des métiers du commerce et des services de soin et d’aide aux personnes, qui ferait plus que compenser le repli des emplois administratifs de la fonction publique et des emplois de secrétaires ».

Les métiers industriels, en chute libre depuis plus d’une décennie, devraient « se stabiliser », sauf en cas de crise prolongée. Les métiers agricoles, eux, « poursuivraient leur repli ». Dans le même temps, les « métiers très qualifiés » seraient en « forte progression », « principalement les métiers de cadres », au détriment des « ouvriers et des employés qualifiés ». La situation serait plus contrastée pour les moins qualifiés, « les créations d’emplois dans les métiers d’aide à la personne et de services » compensant « les destructions d’emplois d’ouvriers peu qualifiés ».

« Points de vigilance »

France Stratégie et la Dares soumettent plusieurs « pistes d’action ». La première concerne la formation des jeunes. Le marché du travail va « offrir des perspectives » aux plus qualifiés, mais il « sera difficile pour les jeunes décrocheurs », sortis de l’école sans formation, prévient Jean Pisani-Ferry. Autre priorité: les seniors, qui représenteront 30% de la population active en 2022. « Il va falloir faire des efforts très importants pour leur maintien dans l’emploi », notamment par « l’aide à la reconversion » ou « des formules de temps partiel », estime M. Pisani-Ferry.

Troisième « point de vigilances »: la « mixité des métiers les moins qualifiés ». Selon Véronique Deprez-Boudier, il faudra « ouvrir des métiers d’hommes aux femmes, mais aussi des métiers de femmes aux hommes ». Enfin, Jean Pisani-Ferry fait part d' »inquiétudes » concernant les disparités régionales. Les deux organismes gouvernementaux craignent que la « fragilité des espaces ruraux, des petites villes et des villes moyennes » soit « renforcée », ces territoires concentrant les « métiers fragiles ».

AFP

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