Deux hommes ont été abattus à la kalachnikov dans la nuit de vendredi à samedi à Marseille dans un nouvel épisode d’une guerre de clans dans les cités des quartiers nord, sur fond de trafic de drogue, qui a fait 16 morts depuis le début de l’année.
Une adolescente de 14 ans qui se trouvait à proximité du lieu de la fusillade, a été grièvement blessée, victime d’un balle perdue. Son pronostic vital « n’est plus engagé », a indiqué samedi à l’AFP une source judiciaire. La jeune fille devait être opérée dans la journée.
Les deux hommes, dont l’identité n’a pas été révélée, ont été tués par des tirs de kalachnikov peu après minuit alors qu’ils se trouvaient à bord de leur voiture, sur le parking de la cité Consolat dans le 15e arrondissement de Marseille.
Selon les premiers éléments de l’enquête, ils ont été victimes d’un règlement de compte entre clans des cités des quartiers nord. Les agresseurs ont pris la fuite et un véhicule a été retrouvé brûlé dans un commune voisine.
Depuis le début de l’année, seize personnes ont été tuées par balle dans l’agglomération marseillaise, la plupart de ces homicides s’inscrivant dans le cadre de règlements de comptes liés au trafic de drogue.
Ce règlement de compte « s’inscrit dans la longue liste de meurtres dont la cause initiale est le contrôle des plans de distribution du cannabis à Marseille », a réagi le député PS Patrick Mennucci dans un communiqué.
« La rentabilité des trafics est telle pour les voyous qu’elle justifie tous les excès », estime-t-il en réclamant de nouveau « d’ouvrir le débat sur la légalisation du cannabis, seule solution permettant d’éradiquer les trafics ».
Des rivalités entre des clans familiaux, liées au trafic de drogue, ont été évoquées comme étant à l’origine de ces assassinats ou tentatives au cours des dernières années.
Le Quotidien / AFP
Rivalités entre des clans familiaux
La première semaine d’avril avait été particulièrement sanglante, avec trois victimes dans une fusillade, cité Bassens (quartiers nord), puis un homme tué le lendemain dans un autre quartier populaire.
Fin mai, un homme de 35 ans a été tué par balle au volant de sa voiture, en plein après-midi dans le 15e arrondissement de la ville alors que son enfant de deux ans se trouvait à l’arrière du véhicule.
Le dernier règlement de compte a eu lieu le 15 juin, dans une cité du 13e arrondissement où un homme de 23 ans a été touché par un tir en rafale.
Mi-juin toujours, deux autres personnes, un homme d’une quarantaine d’années et un homme d’une vingtaine d’années ont été grièvement blessés par balles, dans deux agressions distinctes, dans des cités des 15e et 13e arrondissement de la cité phocéenne.
La police réalise régulièrement des arrestations dans les affaires de règlements de comptes et résout, selon les autorités, près de 50% des dossiers de ce type.
En mai, dix personnes ont été interpellées dont un certain nombre liées « à l’un des contentieux majeurs du trafic de stupéfiants à Marseille, à l’origine de nombreux règlements de comptes », selon les autorités.
Récemment, le procureur de la République de Marseille Brice Robin, a parlé de « 22 dossiers de règlements de compte ou tentatives » concernant, au cours des six dernières années « les Redmania d’un côté et les Berrebouh-Tir de l’autre ».
Le directeur de la PJ Eric Arella avait pour sa part cité « 18 faits ces dernières années » liés à la guerre des clans entre « Blacks et Gitans ».
Dans les Bouches-du-Rhône, 22 règlements de comptes avaient été dénombrés en 2013, 26 en 2014 et 21 en 2015, provoquant la mort de 17 personnes en 2013, 18 en 2014 et 19 en 2015.