Les autorités sanitaires ont recensé six fois plus d’intoxications en 2016 qu’en 2010 dues à la cocaïne et à ses dérivés, dont le crack, a indiqué vendredi l’Agence du médicament (ANSM).
Alors qu’il n’y avait eu que 68 cas d’intoxications en 2010, il y en a eu 416 en 2016. Le nombre de décès directement liés à la cocaïne augmente aussi, à 44 en 2015, contre 25 en 2010. Concernant les intoxications, « cette augmentation est majeure entre 2015 et 2016 et semble se maintenir en 2017 », a relevé l’ANSM dans un communiqué, confirmant des informations du Parisien. Pour l’expliquer, le réseau des centres d’addictovigilance évoque « l’augmentation de la concentration du produit vendu » (une cocaïne « plus pure »), ainsi que « sa plus grande disponibilité ».
La cocaïne en poudre est, d’après l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), « le produit illicite le plus consommé en France après le cannabis ». Et cet organisme soulignait en décembre qu’il était « de plus en plus accessible ». « On voit une diffusion à travers des catégories, des milieux, pas ou peu consommateurs auparavant », dans les classes moyennes, explique un pharmacien chargé d’études à l’OFDT, Thomas Néfau. Il note « une multiplication des filières d’approvisionnement, de moins grande ampleur, avec moins d’intermédiaires qui peut expliquer que la cocaïne soit moins coupée, augmentant les risques d’intoxication ».
Les complications psychiatriques sont les plus fréquentes (35%)
La cocaïne, drogue recherchée pour ses effets stimulants, altère le fonctionnement du système cardio-vasculaire, et peut entraîner des problèmes psychiatriques. Drogue moins chère, le crack (cocaïne base) « voit sa part de consommation augmenter par rapport à la cocaïne poudre : 33% en 2017 contre 20 à 25% entre 2013 et 2016 », a souligné l’agence du médicament. Celle-ci rappelle que le crack « possède un potentiel addictif plus important » et que son « mode de consommation par inhalation expose à un risque de complications plus graves » que la poudre. « Les complications les plus fréquentes sont des complications psychiatriques (35%), cardio-vasculaires (30%) et neurologiques (27%). Des complications infectieuses (12%), des complications touchant le système respiratoire (8%) et ORL (3%) sont également rapportées », a détaillé l’ANSM.
La consommation de crack dans les stations de métro du nord-est de Paris a amené en janvier la RATP et la police à annoncer un renforcement de la présence des forces de l’ordre. Depuis les années 1980, les XVIIIe et XIXe arrondissements de la capitale sont les principaux lieux du trafic de cette drogue qui fait des ravages chez des toxicomanes marginalisés.
Le Quotidien/AFP