L’année 2015 sera la plus chaude jamais enregistrée. Ce sera également l’année où la température du globe aura atteint pour la première fois +1 °C par rapport à la période préindustrielle. Et c’est l’année de la COP21.
Bientôt ce sera Noël avec, pour certains, un séjour en montagne, skis aux pieds. Qu’on se le dise : actuellement, une station de ski moyenne, située à 1 200 mètres d’altitude, perd un jour d’enneigement par an. Soit, sur trente ans, un mois d’enneigement en moins. À conditions égales, bien sûr.
Les climato-sceptiques
Il y a ceux qui y croient au changement climatique et ceux qui n’y croient pas. Généralement, dès qu’une conférence sur le climat est proche, les sceptiques ont le vent en poupe. Tandis que les uns crient «ça suffit», eux répondent «allez, on continue, circulez, il n’y a rien à voir».
Dernièrement, on a eu l’impression qu’ils sont devenus plus rares, mais c’est peut-être dû à un simple changement de stratégie. Plutôt que de nier catégoriquement tout changement climatique, on se cache sous son manteau de lobbyiste et on essaie de contrer l’action des législateurs et des régulateurs. Soyons clairs : dans le domaine qui nous intéresse ici, il y a conjugaison de facteurs naturels et humains. En tant qu’êtres humains responsables et parfois coupables, commençons déjà à nous occuper de ce qui nous regarde directement, à savoir la pollution humaine.
À quelques degrés près
En limitant l’augmentation de la température globale à 2°C d’ici la fin du XXIe siècle, des dégâts majeurs pourront probablement être évités. Si la température gagnera entre 2°C et 4°C, ce ne sera sans doute pas la fin du monde, mais la fin du monde tel que nous le connaissons. Au-delà de +4°C, par contre, ce sera la terra incognita. Ce ne seront pas les 4°C seuls qui poseront problème, mais tout ce que ce réchauffement pourra engendrer. À commencer par le dégel du permafrost et la libération de quantités énormes de méthane, piégé dans le sous-sol et qui a 25 fois plus d’impact sur l’effet de serre que le CO2 .
Arrêtons la triche
Tout le monde triche, pas seulement les producteurs automobiles avec leurs statistiques biaisées sur les émissions et la consommation. Les pays font de même, avec tous ces chiffres qu’ils avancent pour faire de bons élèves. Les pays de l’Union européenne, par exemple, prennent comme année de référence 1990, comme c’était prévu dans le protocole de Kyoto. Les Américains, eux, se réfèrent à 2005 : à la veille de la crise, leurs émissions étaient au top. Il est extrêmement difficile de comparer les pays entre eux. Quant au contrôle, qui le ferait, comment et avec quels moyens?
Les bons et les mauvais
Qui est bon, qui est mauvais? Les États-Unis et l’Europe ont une responsabilité historique pour avoir été les premiers grands pollueurs de l’histoire. La Chine et quelques autres ont pris la relève. La Chine est en train de comprendre qu’elle ne pourra pas continuer sur la voie engagée. À Pékin, l’air devient irrespirable et les victimes dues aux maladies respiratoires se comptent par centaines de milliers tous les ans. La Chine déclare atteindre son pic de pollution en 2030. Une mauvaise nouvelle, dans ce sens que des dizaines de milliards de tonnes de CO2 viendront encore «enrichir» l’atmosphère. Une bonne nouvelle, dans ce sens que le monde se portera peut-être un peu mieux après.
Prenons l’Inde qui sera bientôt le pays le plus peuplé de la planète. Elle n’a pas envie de stopper son développement, mais elle s’engage à passer à 40% d’énergies d’origine non fossile à l’horizon 2030.
Parlons de l’Indonésie et de ses incendies de forêt criminels qui font que d’énormes parties des célèbres jungles de Bornéo et de Sumatra partent en fumée. L’année 2015 aura été particulièrement dévastatrice : pendant des mois, une partie de l’Asie du Sud-Est a été littéralement enfumée. Les émissions de dioxyde de carbone ont battu tous les records. Pour arrêter cette pollution, il faudrait mettre fin aux activités incendiaires, évidemment illégales, profitant aux producteurs d’huile de palme, de caoutchouc et de bois. Le spectacle offert est extrêmement désolant.
Le clivage, aujourd’hui, n’est plus simplement nord-sud. Le «monde en développement» est en effet très hétérogène, une véritable mosaïque : il y a les grands pays émergents, les pays arabes, les petits États insulaires et les pays les moins avancés, les pauvres des pauvres en quelque sorte. Si le monde est devenu un village, c’est un village très complexe, où tout le monde n’a pas pignon sur rue.
Qu’attendre de la COP21?
Les patrons, venus pour la photo, viennent de partir. Il revient maintenant à leurs collaborateurs de faire le sale boulot, de négocier les clauses de l’accord. Le président français a beau affirmer que l’accord sera contraignant ou ne sera pas, les grands de ce monde, à commencer par les Américains, ne le voient pas comme ça. Soyons modestes : l’obligation de transparence serait déjà un beau succès. Et puis un mécanisme de révision officiel, des rendez-vous réguliers à ne pas manquer permettant aux pays concernés – ils le sont tous – de rectifier le tir, le cas échéant.
Claude Gengler