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Bygmalion : Sarkozy réfute tout dérapage de sa campagne


Le président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy à Reims, le 23 septembre 2015. (Photo : AFP)

Interrogé dans l’affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy s’est dépeint en président-candidat pressé, tourné vers sa réélection et éloigné de l’intendance. Mais il a affiché une certitude: sa campagne n’a pas dérapé sur les coûts.

«J’ignore combien coûtent une salle, une sono», «je n’ai ordonné aucune dépense», «vu aucun devis», «choisi aucun prestataire»… Le 4 septembre, devant les policiers de l’Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff), l’ancien chef de l’Etat martèle son message: l’argent et la logistique, ce n’était pas lui, il avait une équipe pour s’en occuper.

Après seize mois d’une enquête déclenchée par les aveux explosifs des cadres de Bygmalion et de Jérôme Lavrilleux au printemps 2014, les juges d’instruction soupçonnent qu’un système de fausses factures a permis de mettre à la charge de l’UMP environ 18,5 millions d’euros de dépenses de meetings, pour dissimuler une explosion du plafond légal (22,5 MEUR). Anciens dirigeants de Bygmalion, ex-cadres de l’UMP ou de la campagne, 13 protagonistes sont mis en examen.

«L’argument d’une campagne qui dérape est une farce», insiste pourtant le patron du parti Les Républicains (ex-UMP), selon l’audition, rapportée à l’AFP par une source proche du dossier et dont des extraits ont été révélés par le site de L’Obs.

Il veut démonter l’idée d’un trucage: «En 2007, j’ai fait 67 meetings et déplacements», pour 11,4 millions d’euros, contre 48 meetings et déplacements en 2012, pour 11,7 millions d’euros officiellement déclarés.

Notes d’alerte

Nicolas Sarkozy veut aussi balayer l’idée d’une campagne qui serait passée d’une prévision d’une quinzaine de meetings à plus de quarante. 15 meetings ? «Je ne sais pas qui a inventé ça, mais il y a 22 régions (…) j’irais dire à mon équipe de campagne que l’on irait pas dans les 22 régions?».

Son directeur de campagne, Guillaume Lambert, a pourtant assuré en garde à vue qu’«il avait été prévu au départ avec l’équipe de campagne et le candidat Nicolas Sarkozy 15 à 20 événements».

S’il ne l’a pas mis en cause, réfutant toute fraude, Guillaume Lambert a aussi affirmé avoir informé le candidat de la première des deux notes, datées des 7 mars et 26 avril 2012, de l’expert-comptable de la campagne tirant la sonnette d’alarme sur les coûts.

Nicolas Sarkozy ne se souvient pas de ces notes, qu’il n’a jamais vues, assure-t-il. Le 26 avril 2012, «jour du premier tour», «ma préoccupation était toute entière tournée vers les résultats», a-t-il affirmé. Le 1er tour avait pourtant eu lieu le 22 avril.

Copé et Bygmalion

Quant au souhait d’organiser un meeting par jour, à partir de la mi-mars, il n’est pas contradictoire avec une maîtrise des coûts. «Nous décidons à ce moment-là de remplacer les réunions publiques qu’effectuaient mes principaux soutiens par des réunions du candidat».

Du haut de son statut, il n’aurait eu aucune raison de connaître le prestataire de ses meetings, Event and Cie, filiale de Bygmalion, dirigée par des proches de Jean-François Copé. Il a répété n’avoir appris leur nom que «plusieurs mois après être parti de l’Elysée».

Franck Attal, le patron d’Event ? «Ce n’est que bien après que j’ai appris que c’était lui qui me tendait le micro au pied de la tribune». Quant au choix de ce prestataire pour sa campagne, «Franck Louvrier m’a précisé» après coup «que c’était une recommandation très ferme de la part de Jérôme Lavrilleux et de Jean-François Copé». «Partout où est passé Jean-François Copé, il a pris Bygmalion», a lâché sibyllin l’ancien candidat.

Ce serait aussi l’ancien patron de l’UMP qui lui aurait demandé de prendre dans son équipe de campagne son bras droit, Jérôme Lavrilleux, devenu un personnage central de l’affaire. Une demande acceptée à l’époque pour s’épargner une «bagarre» entre le parti et le staff du candidat, selon lui.

Désormais, Nicolas Sarkozy «ne (met) pas en doute l’existence d’un système de fausses factures». «Je comprends qu’il a existé entre les sociétés Bygmalion et l’UMP, donc ni moi ni mes collaborateurs n’avons pu en être informés», assure-t-il. Autrement dit, si 18 M EUR se sont envolés de l’UMP vers Bygmalion, ce n’était pas pour sa campagne.

Pourquoi une telle fraude alors ? «Comme j’aimerais le savoir», a-t-il dit. Aux yeux du patron de LR, «imaginer» qu’il ait pu «laisser faire un système aussi grossier implique qu’on sous-estime gravement (son) intelligence et (son) bon sens».

AFP/M.R.

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