Le marché de la bière s’est effondré de 6,5% en 2014 au Luxembourg. Une chute imputable à la loi antitabac, selon la Brasserie nationale qui a, elle aussi, souffert.
Les bières de la Brasserie nationale sont consommées dans 2 928 établissements Horeca, dont 650 débits sont situés dans la Grande Région. (Photos : Didier Sylvestre)
L’année 2014 a été marquée principalement par deux événements défavorables pour le marché brassicole. La législation antitabac a lourdement pénalisé les ventes dans les débits de boissons au Luxembourg puis un printemps moyen suivi d’un été mitigé avec un mois d’août particulièrement pluvieux ont influencé négativement les ventes de bières.
La production de bières brassées au Grand-Duché, au courant de l’exercice 2014, a ainsi chuté de 6,5%, soit 18 000 hl, pour atteindre 271 000 hl. Les ventes dans le secteur Horeca (hôtel/restaurant/café), secteur important pour l’industrie brassicole locale, ont diminué de 7,8% par rapport à l’exercice précédent. Le secteur Horeca de la Brasserie nationale (Bofferding, Battin), qui revendique la plus importante part de marché au Grand-Duché, a logiquement été durement touché par la nouvelle loi dans les débits de boisson.
Ce secteur important pour la brasserie accuse une diminution de volume de 4% par rapport à 2013. Malgré ces conditions difficiles, la Brasserie nationale a réussi à augmenter sa part de marché dans ce secteur grâce à trois éléments qui ont compensé ce point négatif : la progression continue des ventes dans le secteur « food », l’évolution favorable dans les nouveaux marchés de la Grande Région et la croissance très encourageante des performances des bières spéciales commercialisées sous la marque Battin.
Les dégâts ont ainsi pu être limités. En effet, les ventes des bières Bofferding et Battin s’élèvent à 158 200 hl contre 158 800 hl pour l’exercice 2013. L’Ebitda (résultat avant intérêt, impôt, dépréciation, amortissement) pour l’exercice 2014 s’élève à 4 620 000 euros, contre 4 850 000 euros en 2013, soit toutefois une chute importante de 4,8 %. Les bières de la Brasserie nationale sont actuellement consommées dans 2 928 établissements Horeca, dont 650 débits sont situés dans la Grande Région. Au cours de l’exercice 2014, 66 nouveaux clients Horeca ont rejoint le réseau.
> Perte sèche et bières spéciales
Munhowen, filiale de la Brasserie nationale et responsable de la commercialisation et de l’administration de la brasserie, annonce de son côté des résultats jugés satisfaisants. Le volume de vente des produits liquides réalisé par la filiale s’élève à plus de 387 000 hl. Le chiffre d’affaires tous produits se situe à 67,985 millions d’euros et est en progression de 1,5% sur un an.
La Brasserie nationale aurait pu rêver d’une meilleure année 2014 alors même qu’elle fêtait ses 250 ans et a amorcé, pour l’occasion, la rénovation de son bâtiment historique pour un montant de 2,3 millions d’euros.
Lorsque l’on demande aux dirigeants de la Brasserie ses perspectives d’avenir, ils se montrent amers mais pas défaitistes pour autant. Frédéric de Radiguès, le directeur général du groupe, comprend le but de la loi antitabac mais estime que l’État n’a pas à dicter aux gens ce qu’ils doivent faire et aurait ainsi préféré que les patrons de cafés aient le choix d’interdire ou non le tabac dans leur établissement.
« C’est une perte sèche pour les petits cafés qui ne récupéreront pas la clientèle perdue. Si on ajoute à cela la forte hausse de la TVA en 2015, j’estime que l’État ne se rend pas compte du point auquel il pénalise le secteur Horeca, qui est très important pour l’économie. Il y aura, à terme, des licenciements », n’hésite-t-il pas à dire.
Afin de tenter de compenser cette perte, la Brasserie nationale dit investir massivement et miser sur les bières spéciales pour répondre à la sophistication des goûts d’une clientèle qui recherche de nouvelles expériences. L’autre défi sera aussi de réussir à bien aborder le nouveau phénomène qui fait que la consommation d’alcool en général et de bière en particulier se déplace du café vers le domicile.
De notre journaliste Delphine Dard