Sauveur du F91 face au Progrès grâce à un doublé (2-1), Joël Pedro, 23 ans, semble plus fort que jamais. Son repositionnement en n°10 et un équilibre de vie expliquent tout.
Votre doublé contre le Progrès (2-1) le week-end dernier, permet-il de dire que vous réalisez votre meilleur début de saison ?
Joël Pedro : Quand je suis arrivé en 2012, j’avais mis un doublé contre Differdange, mais c’était un peu plus tard dans la saison (NDLR : 3-0, 11e journée). Mais on peut dire que c’est un bon début de saison. J’ai marqué contre Dublin cet été, puis une entorse m’a sorti de l’équipe contre Rosport et Strassen aux 2e et 3e journées. J’ai joué tous les autres matches.
Vous en êtes à trois buts, soit autant que votre meilleure totale en 2012/2013. C’est assez révélateur de votre changement de dimension, non ?
C’est sûr que d’habitude, les saisons, je les finis à trois buts. Alors là, vu que je n’ai joué que quatre matches, c’est plutôt pas mal. Je me faisais même chambrer dans le vestiaire pas les autres milieux offensifs à propos de mon faible nombre de buts.
On a beaucoup parlé du retourné d’Omar Er Rafik le week-end dernier, mais votre frappe de vingt mètres, qui a lobé le gardien du Progrès, en plus d’être importante, est magnifique…
C’est un beau but. D’une manière générale, on marque pas mal de buts de loin cette saison. Contre Dublin, j’avais déjà marqué d’une frappe de l’extérieur de la surface. Kevin Nakache en a mis un magnifique de l’extérieur du pied contre la Jeunesse (1-0). Et puis il y a la terrible frappe d’Alex Laurienté face à Rosport (7-1). Peut-être qu’on ose plus qu’avant. Les consignes sont toujours de prendre des risques dans les vingt derniers mètres. Parfois, on n’attend pas d’y être…
Vous avec déjà connu cinq entraîneurs en un peu plus de trois ans au F91. À chaque fois, vous donniez l’impression d’être insensible à leurs départs. Pourquoi ?
Je suis un joueur, je ne prends pas les décisions. Alors oui, ça peut perturber un vestiaire, surtout quand cela arrive en cours de saison. Mais les joueurs, à ce moment-là, doivent simplement penser à se serrer les coudes. Oui, ça affecte, mais on essaye de ne pas le montrer. Je n’ai jamais eu de problème avec tous ces entraîneurs. J’ai toujours été réglo en me donnant à fond aux entraînements pour gagner leur confiance.
La fin de votre expérience à Sedan a été assez brutale. Avez-vous eu besoin de temps pour gérer votre retour au Luxembourg ?
Le seul truc positif, c’est que j’étais près de ma famille. J’ai passé cinq ans à Sedan, j’étais capitaine de la CFA 2, mais voilà, je ne suis pas passé pro. Je ne suis pas le seul dans ce cas, c’est la majorité des joueurs qui entendent le même verdict. Avec moi, il y avait Tom (Laterza) et Aydine (Correia), et ça a été pareil pour eux. On parlait pas mal de ça entre nous sur le coup, mais on a vite compris qu’il fallait tourner la page. Mon arrivée au F91 n’était pas simple. C’était dur de me faire une place dans cette équipe qui venait d’éliminer Salzbourg, mais j’ai fini par y arriver, même si parfois, comme n’importe qui, j’ai des baisses de régime.
Et Michel Leflochmoan, il vous apporte quoi ?
Pour moi, le changement, il se passe sur le terrain. Depuis le match retour contre Dublin, je joue en n°10 et Nakache et Dikaba (ici à ses côtés sur la photo) sont derrière moi. J’ai été formé en n°6, mais j’ai toujours participé au jeu. J’ai ce truc qui fait que je ne suis pas mal à l’aise devant le but. Peut-être que si j’en suis à trois buts, c’est parce que je suis plus haut sur le terrain. Certainement même!
Et la sélection, ça en est où ? Vous n’avez que 23 ans et semblez avoir trouvé un équilibre dans votre vie…
Je ne ferme jamais la porte et je pense que la sélection nationale ne me la ferme pas non plus (NDLR : il a cumulé neuf sélections entre 2009 et 2013). Je suis en troisième année de fac de sports à Metz. J’ai un rythme de vie qui me convient bien.
Recueilli par Matthieu Pécot