À 35 ans, René Peters, annoncé cramé chaque fin de saison depuis des années, semble déjà (re)devenu indispensable à la Jeunesse et à Carlo Weis. Inépuisable René…
Son rapatriement à la Frontière au printemps dernier alors qu’il galérait pour tenter de maintenir le CSG parmi l’élite avait été l’une des grosses surprises du mercato eschois. Avait-il encore le niveau pour jouer le haut de classement ? Visiblement oui : depuis début août, l’ancien international est au poil.
C’est l’histoire d’un gars qui ne s’arrête pas. Avec 358 matches de Division nationale au compteur, René Peters est, d’assez loin, le joueur de champ en activité le plus capé du pays. Derrière lui, Éric Hoffmann (323 matches à 32 ans) et Dan Da Mota (318 matches à 31 ans) ont l’équivalent d’une saison et demie de débours, mais alors qu’ils devraient être en train d’éponger leur retard, ils courent encore derrière le milieu récupérateur de 35 balais, qui accumulent les minutes : il est le sixième joueur le plus utilisé par la Vieille Dame depuis la reprise en DN.
Forcément, ça a jasé à son arrivée
L’ancien international doit forcément s’en douter : dans le petit monde du football, son retour à la Jeunesse six ans après le titre conquis en 2010 a suscité des commentaires allant de la condescendance à la raillerie, dirigées soit vers sa personne, soit vers le club qui n’avait visiblement rien trouvé de plus sexy à se mettre sous la dent. Question d’habitude : cela fait plusieurs années désormais que René Peters est, en off, jugé carbonisé par beaucoup de monde. C’est oublier un fait : même avant le cap de la trentaine, il n’a jamais été ni un exemple de vivacité ni un monstre de percussion. La DN l’a toujours connu fidèle à un certain rythme (raisonnable), à une endurance (irréprochable), à un sens tactique (indéniable). Les années passent, ses qualités restent et la BGL Ligue n’en exige visiblement pas de nouvelles.
Et le capitaine du CSG qui finissait chaque rencontre la saison passée en essayant de rappeler ses jeunes coéquipiers à leurs obligations morales et physiques vis-à-vis du club mosellan, a fini de convaincre Carlo Weis qu’il était prêt, à tous points de vue, pour une nouvelle (et grande) aventure.
Il faut bien le dire, le contexte l’a aidé. Alors que le technicien eschois recrutait à tour de bras des garçons tout en vitesse, il lui fallait quelques joueurs capables de servir de pilier à l’édifice. On pensait Martin Ontiveros outillé techniquement, tactiquement et intellectuellement pour le job. L’Américain s’est fait refaire à l’expérience par un René Peters à la mentalité irréprochable de soldat (une qualité que Carlo Weis place au-dessus de beaucoup d’autres) et surtout à la condition physique en or. Le mythe de ses séances individuelles en matinée a cependant vécu. «Non, non, élude Weis. Il fait juste quelques séances supplémentaires de temps en temps. Mais pas beaucoup plus. Il est juste très sérieux.» Comprendre, plus que beaucoup d’autres.
«Il a le poids idéal pour sa taille»
Sur le terrain, depuis la reprise, ça se voit. Très bon et même décisif lors de la dernière journée contre Rumelange, il fait actuellement partie des 30 meilleurs joueurs de l’élite selon le classement du Quotidien et se positionne d’ailleurs deuxième dans son équipe derrière Ashot Sardarian, un garçon de… 24 ans.
Autant dire que sa confrontation dimanche soir avec un autre «papy» du football luxembourgeois, Rony Souto, 37 ans, sera l’une des attractions du derby. Car si le style est différent, l’influence sur le jeu de son équipe est aussi marquée et c’est bien ce qui ne laisse pas d’étonner avec un garçon aux capacités techniques aussi restreintes.
«Et il peut encore durer longtemps comme ça, jure Carlo Weis. Quelques années en tout cas. Il n’est pas gros, il a même le poids idéal pour sa taille. Ses articulations n’ont pas dû être trop atteintes.» Reste à savoir si ses caractéristiques seront encore aussi nécessaires à la Jeunesse dans un an, quand elle aura achevé d’intégrer tous ses nouveaux joueurs, quand elle se sera disciplinée.
On doute, quoi qu’il arrive, que Peters pense même à s’arrêter. Ni même qu’il envisage une préretraite dans un club de PH : suivre le CSG dans sa reconstruction à l’étage inférieur ne l’avait pas tenté plus que ça et il y a fort à parier que s’il continue à ce rythme, les offres des clubs de DN continueront d’affluer. Et lentement, comme ça, on en arrive aux 400…
Julien Mollereau