Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
[5e journée] Pas franchement flamboyante mais dominatrice, la Jeunesse a eu chaud face à une solide équipe de l’USR. Kim Kintziger a sauvé son équipe grâce à un but à la 90e minute (1-0).
«Même à l’entraînement, ça doit faire 50 ans que Kim Kintziger n’a pas mis un but !» Carlo Weis est chambreur. Et un peu menteur aussi puisque l’ancien défenseur international a inscrit son quatrième but depuis son arrivée à la Frontière, à l’été 2013.
Mais bon, imaginer un Kintziger héros à la 90e minute, c’est un peu comme espérer gagner à l’Euromillion. La probabilité existe, mais elle est très mince. Reste que c’est bien l’homme au chignon qui a déboulé au point de penalty pour reprendre du plat du pied un centre de Bryan Mélisse, qui venait de faire un sacré boulot dans son couloir gauche (1-0, 90e). Difficile de trouver un homme plus heureux que Kim Kintziger, papa pour la première fois sept jours plus tôt d’une petite Mika. D’où la célébration de but à la Bebeto, un classique du genre.
Pendant que Kintziger flottait sur son nuage, Jean Heinen, lui, tombait du sien. L’arbitre, qui avait sifflé la veille un Vianden-Grevels dingue en Coupe FLF (9-4 après prolongations !) est revenu à un score bien moins rigolo. Quelque chose de plus traditionnel, de plus minimaliste, assez conforme à ce que la Jeunesse a proposé. Elle s’en fiche un petit peu, la Vieille Dame, ce matin, car elle a réussi à gratter les trois points qu’elle était venue chercher. Elle a pris tout son temps, elle a souffert, mais elle a fini par faire la différence.
Zinga, l’expulsion qui change tout
Peut-être que si Ken Corral n’avait pas été obligé de céder sa place prématurément pour Sardarian à cause d’une blessure derrière la cuisse gauche, la soirée de la Jeunesse aurait été plus tranquille. Certainement même. Car en une petite vingtaine de minutes, l’ancien Bascharageois avait fait boire le bouillon et saucer son assiette au pauvre Kim Kleber, complètement dérouté par l’activité de l’ailier eschois. Sitôt Corral sorti, Kleber a pu passer une soirée tranquille, en tout cas suffisamment pour boucler le match sans avoir quoi que ce soit à se reprocher.
La Jeunesse a été trop désordonnée et pas assez consciencieuse dans les zones de vérité pour ranger cette réception de Rumelange dans le même tiroir que celle d’Etzella (6-0, 3e journée). Il faut dire qu’entre les fantômes ettelbruckois et les solides gaillards de l’USR, il y a un monde. Fragile (mais buteur) dimanche lors de la défaite face à Strassen (1-2), Inacio est redevenu le patron qu’il est depuis deux ans et la machine à fermer le jeu qu’est Rumelange a pu battre à plein régime.
La Jeunesse peut dire ce qu’elle veut, elle a peut-être eu l’impression de maîtriser les débats, mais sa difficulté à se créer des occasions a rappelé à la fois que l’USR est difficile à jouer et que les Bianconeri n’ont pas trop de marge de manœuvre.
Côté USR, il ne restait plus qu’à croiser les doigts pour qu’un contre de Bertino ou Kaewu aboutisse. Mais ce dernier, sur sa plus belle tentative, voyait sa frappe croisée du gauche mourir au ras du poteau de Marc Oberweis (58e).
Il ne faut pas laisser la moindre miette à la Jeunesse cette saison et l’expulsion de Zinga, coupable d’avoir gagné du temps sur une touche alors qu’il était déjà averti (84e), allait tout changer. Sans son latéral droit, Rumelange ne pouvait que constater les dégâts : Mélisse s’envolait côté gauche et Kintziger trouvait la première histoire à raconter à sa petite Mika.
Matthieu Pécot
