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Attentat déjoué en France – Ils voulaient décapiter un militaire gradé et le filmer


Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sort du Palais de l'Elysée, le 30 juin 2015 à Paris (Photo AFP)

La menace terroriste reste à son maximum en France, où les autorités viennent de déjouer, très en amont, un nouveau projet d’attentat contre une base militaire où plusieurs jeunes, dont un ex-soldat radicalisé, échafaudaient d’enlever un gradé pour le décapiter.

Ce scénario, destiné à marquer les esprits en prenant pour modèle les exactions du groupe Etat islamique (EI), n’en était apparemment qu’à son ébauche.

Selon des sources concordantes, l’attaque était envisagée en décembre ou pour l’anniversaire en janvier 2016 des attentats qui ont fait 17 morts à Paris en début d’année. Mais les agents du renseignement ont tué le projet dans l’oeuf en procédant dès lundi à une vague d’arrestations.

Trois suspects étaient toujours interrogés jeudi matin dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) près de Paris alors qu’un quatrième, âgé de seulement 16 ans, a été libéré, a-t-on appris de source judiciaire.

Parmi les trois toujours gardés à vue figurent deux autres jeunes de 17 et 19 ans et un ancien militaire âgé de 23 ans, « réformé de la Marine nationale » selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

Les quatre avaient été interpellés lundi « à l’aube » en « quatre points différents du territoire », a-t-il indiqué.

Selon une source proche du dossier, deux arrestations ont eu lieu en région parisienne et près de Marseille (sud). Les deux autres ont été effectuées dans le nord de la France et en région lyonnaise (centre-est), d’après la radio France Info.

Les suspects projetaient de s’attaquer à un militaire près de Collioure, dans la région de Perpignan (sud), sur un site d’entraînement commando des forces spéciales françaises, a-t-on indiqué de source proche du dossier.

Leur objectif était de filmer l’exécution de leur victime pour en diffuser les images sur internet.

Le « principal instigateur » avait été signalé aux autorités pour ses « velléités de départ en Syrie », et avait aussi « été repéré pour son activisme sur les réseaux sociaux et dans le relationnel de jihadistes français aujourd’hui incarcérés », selon Bernard Cazeneuve.

Les arrestations ont été effectuées à la suite d’une enquête ouverte dès le 23 juin par les magistrats antiterroristes spécialisés du parquet de Paris « pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ».

« Rien ne sera relâché »

C’est le président François Hollande lui-même qui a vendu la mèche sur l’affaire, en déclarant mercredi, en marge d’un déplacement à Marseille, que « des actes terroristes » avaient été déjoués « cette semaine » en France.

Selon le ministre de l’Intérieur, l’enquête n’a établi aucun lien « à ce stade » avec la double explosion suivie d’incendies qui a touché mardi un site pétrochimique de la région, un « acte criminel dont la motivation n’est pas établie » pour l’heure.

Mais François Hollande a annoncé avoir fait renforcer la sécurité sur tous les sites industriels sensibles. Le 7 juillet, des explosifs et des détonateurs avaient été dérobés sur un site militaire de stockage, à une trentaine de kilomètres du site pétrochimique visé mardi.

Alors que la France garde la mémoire des attentats jihadistes qui ont fait 17 morts ente le 7 et le 9 janvier à Paris, le Premier ministre Manuel Valls avait fait état en avril de cinq attentats déjoués depuis janvier.

Cependant le 26 juin, un chef d’entreprise a été décapité par un de ses employés qui a aussi tenté de commettre un attentat contre une usine chimique de la région de Lyon. L’auteur, qui a envoyé des photos de la décapitation à un homme se trouvant en Syrie, avait lui aussi été repéré comme adepte de l’islam radical par les services de renseignements.

« Face à la menace terroriste élevée, rien ne sera relâché pour ce qui relève de la sécurité des Français au cours des prochains mois », a assuré Bernard Cazeneuve mercredi soir. Selon le ministre, 1 850 Français ou résidents du pays « sont aujourd’hui impliqués dans des filières jihadistes, dont près de 500 en Syrie ou en Irak.

Depuis les attentats de janvier à Paris, 30 000 militaires, policiers et gendarmes sont déployés en France pour assurer la sécurité des sites sensibles, lieux de culte, écoles confessionnelles, sites industriels, et gares notamment.

AFP