Le LCGB et l’OGBL ont pu s’entretenir, jeudi, avec le gouvernement afin de discuter de l’avenir du site sidérurgique de Dudelange en phase de vente à Liberty House.
Une réunion avec les ministres du Travail, Nicolas Schmidt, et de l’Économie, Étienne Schneider, le bourgmestre de Dudelange, Dan Biancalana, et les organisations syndicales, s’est tenue jeudi afin de discuter de l’avenir du site dudelangeois d’ArcelorMittal en passe d’être vendu.
Depuis que le géant de l’acier a annoncé la mise en vente de plusieurs de ses sites de production afin d’avoir le droit de racheter Ilva en Italie, les employés du site sidérurgique dudelangeois restent dans l’incertitude. Le 2 novembre, ArcelorMittal a annoncé avoir trouvé un repreneur, Liberty House, filiale du groupe britannique Gupta Family Group (GFG), «un groupe qui se développe à une vitesse vertigineuse et inexplicable, passant de 1 500 salariés à 26 000 en quatre ans», selon les syndicats.
Pour autant, les syndicats ne veulent pas être trop pessimistes, mais ils ont tenu à discuter avec le gouvernement qui doit aujourd’hui rencontrer Liberty House et ArcelorMittal. «Le but était de montrer la réalité du terrain aux ministres. Car nous voulons des garanties sur le maintien de l’emploi. On sait qu’ArcelorMittal a quelque peu sous-évalué les effectifs, car il faut également inclure les intérimaires qui travaillent sur le site depuis de longues années», a expliqué Raymond Kapuscinsky, le secrétaire central de l’OGBL en charge du dossier.
«Ce n’est pas clair»
La question de l’emploi est en lien étroit avec les niveaux de production voulus par le futur propriétaire du site, Liberty House, qui va également racheter des sites de production d’ArcelorMittal en Belgique, notamment à Liège. «Là aussi, des inquiétudes commencent à remonter, notamment sur les niveaux de production dans les différents sites, particulièrement à Liège», s’est inquiété Raymond Kapuscinsky. Idem du côté du LCGB, qui a demandé au gouvernement d’exiger des garanties au niveau du futur «plan industriel lié à des investissements et de définir les synergies entre les différents sites de production afin d’approvisionner ceux de Liège et Dudelange et de se défaire du lien avec ArcelorMittal».
Mais entre les lignes, c’est la crainte de voir les sites belges faire tout pour récupérer le maximum de production et faire de l’ombre au site dudelangeois. «D’un côté, c’est un peu normal, aujourd’hui chacun regarde chez soi et, à Liège, on parle de beaucoup d’emplois à préserver, donc il faut trouver des niveaux de production. Le problème est qu’ils sont en train de les prendre au détriment du site de Dudelange. Liège joue actuellement un mauvais rôle», s’attriste Raymond Kapuscinsky.
Autre question vitale, celle du montant des investissements à opérer à l’avenir. «On nous a parlé d’une enveloppe de 15 millions d’euros pour investir et augmenter la production. Mais nous ne savons pas où ira cette somme. À Dudelange ou à Liège? Ni comment elle va être investie. Bref, ce n’est pas clair, sans parler du futur schéma d’approvisionnement en matière première ou encore de la future convention collective», a souligné Raymond Kapuscinsky.
Le LCGB va même plus loin en s’interrogeant sur la sincérité de Liberty House et sa stratégie qui consiste à «racheter des entreprises en difficulté financière à un faible prix, pour profiter par la suite des subventions étatiques tout en effectuant une opération financière fructueuse».
Jeremy Zabatta