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Après l’attentat à Charlie Hebdo, la police traque deux frères


Pendant le deuil national, la traque continue : deux frères, dont un jihadiste connu des services antiterroristes, sont toujours recherchés jeudi par la police, qui a placé sept personnes en garde en garde à vue au lendemain de la tuerie à Charlie Hebdo.

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La police a diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi les photos des deux suspects, Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans. (Photo : AFP)

Douze personnes, dont les dessinateurs emblématiques Cabu et Wolinksi, ont été tués dans l’attaque à la kalachnikov en plein coeur de Paris contre le journal satirique, objet de menaces constantes depuis la publication de caricatures de Mahomet fin 2011. L’attentat, qui a également fait onze blessés dont quatre graves, a soulevé une vague d’émotion dans le pays, appelé à se rassembler jeudi en hommage aux victimes à l’occasion d’un deuil national. Une minute de silence sera observée à midi.

La police a diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi les photos de deux suspects, Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans. Chérif Kouachi avait été condamné en 2008 pour avoir participé à une filière d’envoi de combattants en Irak. Les deux frères, nés à Paris et de nationalité française, sont « susceptibles d’être armés et dangereux », prévient la Préfecture de police de Paris et « toute personne détenant des informations » les concernant est invitée à joindre le numéro vert 0805 02 17 17. Les enquêteurs sont notamment remontés à eux par des analyses génétiques et par une pièce d’identité retrouvée dans une voiture abandonnée par les fuyards dans le nord-est de Paris, selon une source proche du dossier. « Ces individus étaient sans doute suivis mais il n’y a pas de risque zéro » face au risque d’attentat, a rappelé Manuel Valls jeudi matin. Une source proche du dossier a de son côté affirmé à l’AFP que Chérif Kouachi ne faisait pas l’objet d’une surveillance particulière.

Le troisième homme visé par un avis de recherche lancé mercredi, Mourad Hamyd, s’est lui rendu dans la soirée au commissariat de Charleville-Mézières (Ardennes) et a été placé en garde à vue, a-t-on appris jeudi de sources proches du dossier. Soupçonné d’avoir aidé les deux tireurs, ce jeune de 18 ans, beau-frère de Chérif Kouachi s’est rendu « après avoir vu que son nom circulait sur les réseaux sociaux », a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. Des internautes se présentant comme ses camarades de classe affirment que Mourad Hamyd était en cours avec eux au lycée au moment de l’attaque.

Au total, sept personnes ont été placées en garde à vue mercredi soir, selon une source judiciaire. Il s’agit de personnes « dans l’entourage » des frères Kouachi. Des opérations de « perquisitions et de vérifications » de lieux rattachés aux suspects ont été menées mercredi soir à Reims et Charleville-Mézières, selon une source proche du dossier. D’autres ont eu lieu à Strasbourg mais aussi à Pantin ou Gennevilliers en région parisienne.

> La République « agressée »

Face au choc « d’un attentat terroriste », François Hollande a annoncé dans une allocution solennelle une « journée de deuil national » jeudi, mesure rarissime en France. Les drapeaux seront en berne pendant trois jours et une minute de silence sera observée à midi dans les services publics et les écoles. Le président de la République y participera à la Préfecture de police de Paris. « C’est la République toute entière qui a été agressée », a lancé le chef de l’Etat, « la République, c’est la liberté d’expression (…), la culture, la création, le pluralisme ».

Sous le choc d’une attaque contre Charlie Hebdo, de nombreux quotidiens se sont couverts de noir jeudi en une. « Nous sommes tous Charlie », clament les quotidiens Libération et Le Figaro, en référence au cri de ralliement des manifestants dans le monde ou sur internet « Je suis Charlie ».

Parmi les victimes figurent Charb, Wolinski, Cabu, Tignous et Honoré, des historiques de « Charlie » connus pour leurs dessins irrévérencieux, ainsi que le chroniqueur Bernard Maris.

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(Photo : DR)

L’hebdomadaire faisait l’objet d’une protection policière depuis la publication des caricatures de Mahomet fin 2011. Le siège du journal avait été détruit par un incendie criminel à cette époque.

Selon un survivant de la tuerie, les agresseurs, cagoulés et vêtus de noir, ont fait irruption vers 11h30 en pleine conférence de rédaction, ont ouvert le feu et crié : « Nous avons vengé le prophète! » et « Allah akbar ». Deux policiers ont été tués. L’un d’entre eux assurait la protection de Charb, directeur du journal. L’autre, blessé et à terre, a été achevé à bout portant par l’un des assaillants lors de sa fuite. Des tirs ont été échangés avec les forces de l’ordre. Les assaillants ont ensuite pris la fuite en voiture et braqué un automobiliste avant de semer les policiers.

> « Des fusils contre des stylos »

Le plan Vigipirate a été relevé au niveau le plus élevé en Ile-de-France et les sorties scolaires suspendues. Selon l’Intérieur, près de 500 CRS et gendarmes mobiles ont été mobilisés en renfort dans la capitale, ainsi que 350 militaires. Plus de 100 000 personnes se sont rassemblées mercredi soir dans plusieurs villes de France, notamment Paris, Rennes et Lyon. Des rassemblements ont également eu lieu dans nombre de capitales européennes. Parmi les pancartes, on pouvait voir « Liberté d’expression, non à la connerie », « Balles tragiques à Charlie » ou encore « Des fusils contre des stylos ». Les réactions se sont multipliées dans le monde, de John Kerry, qui s’est exprimé en français, à Vladimir Poutine. Le Conseil de sécurité de l’ONU a dénoncé un attentat « lâche et barbare », le pape François un acte « abominable ».

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(Photo : DR)

La France est militairement engagée sur plusieurs terrains contre des groupes militaires jihadistes, notamment dans la zone sahélo-saharienne. Des avions français participent aussi aux bombardements en Irak contre le groupe État islamique (EI). Les services de sécurité français redoutent que des jihadistes partis en Syrie et en Irak, au nombre d’un millier déjà, commettent des attentats à leur retour en France.

AFP