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Anne Hidalgo condamnée pour diffamation


Anne Hidalgo, maire PS de Paris, à Paris le 11 février 2016. (Photo : AFP)

Pour la justice, c’est de la diffamation: la maire PS de Paris Anne Hidalgo a été condamnée vendredi à une amende de 500 euros avec sursis pour avoir affirmé que le Front national, fondé en 1972, avait «soutenu» la collaboration avec les nazis.

Mme Hidalgo a annoncé, dans un communiqué, qu’elle allait faire appel de cette décision dont elle a pris «acte». Le tribunal correctionnel de Paris a en outre condamné Mme Hidalgo à verser un euro de dommages et intérêts au parti d’extrême droite, et 2 000 euros pour les frais de justice. «Je constate que pour le tribunal, l’honneur et la considération du Front national valent un euro», a réagi avec gourmandise l’avocat de la maire de la capitale, Me Jean-Pierre Mignard. «Nous n’avions pas demandé plus», a fait remarquer le conseil du FN, Me David Dassa Le Deist, dont le client «n’entendait pas battre monnaie sur cette affaire». Pour lui, «la diffamation très grave» commise à l’encontre du parti a été «justement condamnée».

«Le caquet d’Anne Hidalgo est rabattu», s’est félicité dans un communiqué le président du groupe FN au conseil régional d’Ile-de-France, Wallerand de Saint Just, qualifiant d’«imputation imbécile» les propos de Mme Hidalgo. Le 24 septembre 2012, alors première adjointe de son prédécesseur à la mairie de Paris, Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo déclare à iTELE: «L’Histoire a du sens, le Front national n’est pas un parti qui s’est constitué dans le cadre républicain, c’est un parti qui a lutté contre la République, qui a soutenu pendant la guerre la collaboration avec les nazis».

Le tribunal a considéré qu’il «ne peut être retenu, sans dénaturer la phrase prononcée par Anne Hidalgo, qu’elle n’aurait cherché qu’à rappeler une supposée filiation historique», comme l’avait plaidé son avocat. Ce dernier avait produit des pièces visant à montrer «une nostalgie de Jean-Marie Le Pen, ancien président du Front national, pour la collaboration», «la présence de représentants de la collaboration au sein de ce mouvement» et «la négation des crimes contre l’Humanité dans les discours de ce parti», rappellent les juges.

« Sans nuance ni réserve »

Toutefois, le FN, fondé en 1972, «ne peut factuellement avoir soutenu la politique de collaboration durant la guerre» de 1939-1945. Et «le ton employé» par Mme Hidalgo, «sans nuance ni réserve, ne permet pas de retenir une quelconque prudence dans l’expression». Ainsi, a jugé le tribunal, cette «accusation particulièrement grave» a dépassé les «limites admissibles de la liberté d’expression», même dans le cadre d’une polémique politique.

A l’audience le 15 janvier, l’avocat du FN, Me David Dassa Le Deist, avait plaidé qu’il ne s’agissait pas là d’une bévue, mais que c’est à dessein que Mme Hidalgo avait lâché cette «ânerie»: dans un «but politique», pour «mettre à terre un adversaire» avec un «argument massue». Notamment auprès de jeunes qui ignoreraient à quelle époque a été fondé le FN. Dans sa plaidoirie, il avait convoqué résistants du FN et collabos de gauche.

Le conseil de la maire de la capitale, Me Jean-Pierre Mignard, avait inscrit le FN dans la lignée de la «famille nationaliste ou même néofasciste». Devant les juges, il avait énuméré les fondateurs du FN, «collaborateurs notoires, d’un antisémitisme débridé», et rappelé certaines déclarations de Jean-Marie Le Pen, qui n’a «jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître» et a soutenu que «l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine». A l’issue d’âpres débats, il avait appelé le tribunal à ne pas tomber dans le «piège» qui serait selon lui tendu par le FN: «Ne vous laissez pas instrumentaliser», «ils vont distribuer vos jugements, ils en feront des tracts».

Le Quotidien/AFP

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