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Alsace : consternation après les profanation dans un cimetière juif


107 tombes du cimetière juif de Westhoffen, non loin de Strasbourg, ont été profanées (Photo : AP).

Des « croix gammées » ont été découvertes mardi sur 107 tombes du cimetière juif de Westhoffen, non loin de Strasbourg, semant la « consternation » en Alsace, une région déjà marquée par une série d’actes similaires ces derniers mois.

Selon le président du consistoire israélite du Bas-Rhin, Maurice Dahan, le cimetière compte environ 700 tombes. Celles qui ont été profanée, souillées de « croix gammées » tracées à la peinture noire, se trouvent dans la partie ancienne. Ce cimetière accueille plusieurs tombes des familles de l’ancien président du Conseil Léon Blum et de l’ex président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner s’y rendra en fin de matinée mercredi pour une « cérémonie de recueillement », selon le Consistoire du Bas-Rhin. Le parquet de Saverne, ville située au nord-ouest de Strasbourg dont dépend judiciairement Westhoffen, a indiqué avoir ouvert une enquête préliminaire confiée à une « cellule spéciale » de la gendarmerie.

Le nombre « 14 », considéré comme un symbole suprémaciste blanc, a par ailleurs été retrouvé sur l’une des tombes, a-t-on précisé de même source. L’annonce de cette nouvelle profanation en Alsace a suscité une cascade de réactions indignées. Le Premier ministre Edouard Philippe a exprimé sur Twitter sa « révolte et de son « dégoût » et Christophe Castaner a dénoncé « des actes abjects et répugnants ». Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, s’est dit dans un tweet « scandalisé et horrifié » tandis que le vice-président du Conseil représentatif des instituions juives (Crif), Gil Taieb, a dénoncé la « haine anti-juive ». « C’est la consternation », a réagi M. Dahan. « Mais on ne se laisse pas abattre, on ne se résigne pas (…) On ne laissera pas la place à ces gens-là, on sait qui ils sont sur le plan de la pensée », a ajouté M. Dahan, qui s’est rendu sur place avec le Grand Rabbin de Strasbourg, Harold Abraham Weill.

Le préfet du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx, a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes antisémites odieux qui frappent une nouvelle fois le Bas-Rhin et exprimé son soutien le plus total à la communauté juive ». « Il n’y a pas de mots, c’est une désolation et on ne peut pas comprendre que des gens arrivent à faire ça », a réagi le maire de Westhoffen, Pierre Geist, qualifiant la profanation d’acte « inhumain ». Fait étrange, cet acte a été évoqué à deux reprises, à plusieurs jours d’intervalles : selon la préfecture, des tags l’évoquant avaient été trouvés mardi matin à Schaffhouse-sur-Zorn, conduisant la gendarmerie à se rendre à Westhoffen où les militaires ont découvert la profanation.

Recrudescence de graffitis antisémites

Par ailleurs, d’autres tags antisémites découverts le 26 novembre sur les murs de la mairie-école de Rohr, à une quinzaine de kilomètres de Westhoffen, semblaient annoncer la profanation de mardi : selon Maurice Dahan, ils indiquaient en effet « cim juif westofen » (sic) ainsi que les lettres « EWK », sans pouvoir toutefois expliquer la signification de ce trigramme. L’Alsace est confrontée, depuis plusieurs mois, à une recrudescence de graffitis et dégradations à caractère antisémite et/ou raciste. Dans le Bas-Rhin, 96 tombes du cimetière juif de Quatzenheim, à une quinzaine de kilomètres de Westhoffen, avaient été souillées de tags antisémites le 19 février. Auparavant, le 11 décembre 2018, un autre cimetière israélite à Herrlisheim, au nord-est de Strasbourg, avait été visé.

*Le ou les auteurs de cette série de profanations n’ont pas été interpellés, a déploré Maurice Dahan. « La gendarmerie déploie des efforts importants » afin de les identifier, a insisté de son côté le préfet, Jean-Luc Marx. Mi-avril, des tags racistes et antisémites avaient été découverts sur les murs de la mairie de Dieffenthal (Bas-Rhin). Quelques jours plus tard, des croix gammées et insultes avaient été taguées sur la façade de la maison d’une élue à Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg. Début mars, des écrits antisémites avaient été découverts devant une école de Strasbourg et des croix gammées sur les murs d’une ancienne synagogue à Mommenheim. Des mairies et permanences d’élus ont également été les cibles de dégradations.

AFP