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Accusé de harcèlement sexuel, Denis Baupin quitte la vice-présidence de l’Assemblée


Denis Baupin conteste les accusations portées à son encontre. (photo AFP)

Le député écologiste Denis Baupin a démissionné lundi de son poste de vice-président de l’Assemblée nationale quelques heures après avoir été mis en cause par des élues écologistes pour « harcèlement » ou « agression sexuelle ». Des accusations qu’il conteste.

Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone (PS), avait reçu un peu plus tôt M. Baupin et lui avait demandé de démissionner de sa fonction après la révélation lundi par Mediapart et France Inter de ces faits présumés, couverts pour la plupart par la prescription et émanant de témoignages de huit victimes.

D’abord silencieux, M. Baupin, qui a récemment quitté EELV et qui est par ailleurs l’époux de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, a finalement affirmé à travers un communiqué de son avocat que les allégations étaient « mensongères, diffamatoires et qu’elles ne reposent sur aucun fondement ». « M. Denis Baupin conteste fondamentalement l’idée de harcèlement sexuel et plus encore d’agression sexuelle, lesquels lui sont totalement étrangers. »

Comme lors de l’affaire de Dominique Strauss-Kahn en 2011, les accusations portées contre le député ont donné un nouvel éclairage aux accusations de sexisme, harcèlement ou agression sexuelle dans le monde politique.

Après l’appel « Bas les pattes » signé il y a un an par des journalistes, une pétition a été lancée lundi par la féministe Caroline de Haas, intitulée « Violences sexuelles en politique, levons l’omerta ».

Pour Osez le féminisme, « penser que l’affaire Denis Baupin est isolée est une erreur: depuis plusieurs années, des hommes politiques ont été impliqués dans des affaires de violences machistes », citant notamment Georges Tron et les accusations récentes contre le ministre des Finances Michel Sapin.

Parmi les élues dénonçant le comportement du député, Sandrine Rousseau, porte-parole d’EELV, a raconté des faits remontant à octobre 2011. Lors d’une réunion, M. Baupin « m’a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine, et a cherché à m’embrasser. Je l’ai repoussé violemment ». Elle précise en avoir immédiatement parlé à un membre du parti qui lui a répondu: « Ah? Il a recommencé. »

Députée du Calvados, Isabelle Attard évoque du « harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces ». « Il y avait des moments où on n’en avait plus, c’était par salves. » L’élue fait remonter ces faits de juin 2012 à son départ d’EELV, fin 2013, et affirme qu’elles étaient « plusieurs députées à recevoir le même SMS ».

Calcul politique?

« Beaucoup se sont tues pour ne pas blesser sa compagne », explique Elen Debost, membre d’EELV, adjointe au maire du Mans. Le député écologiste François de Rugy, « abasourdi » par la nouvelle, a reconnu avoir un jour « parlé » à M. Baupin au sujet d’une collaboratrice, même s’il ne s’agissait pas, selon lui, de harcèlement.

Ces femmes disent avoir décidé de parler après être tombées sur la photo de plusieurs députés, dont M. Baupin, les lèvres maquillées de rouge pour protester « contre les violences faites aux femmes » le 8 mars.

Plusieurs membres d’EELV ont reconnu ne pas être surpris et aucun n’a cherché à protester de l’innocence du député. « C’était très, très connu dans le parti », a assuré à l’AFP un collaborateur des députés du groupe écologiste à l’Assemblée.

Pour Noël Mamère, le fait que le parti soit déjà « fragilisé » a peut-être poussé les victimes à rester silencieuses. Le conseiller de Paris – comme l’a été M. Baupin jusqu’en 2014 – Yves Contassot dit même avoir été « au courant » d' »un comportement disons un peu lourdingue avec les femmes », mais n’avoir « pas idée qu’il allait aussi loin ». Il assure que la question avait été posée à la tribune d’un conseil fédéral du parti et Mme Cosse, à l’époque secrétaire nationale d’EELV, avait interrompu la discussion: « Stop, j’ai interdit qu’on poursuive ce débat. »

« Notre parti doit faire corps, on pourrait dire qu’il s’agit d’une affaire personnelle. Non, elle fut collective, dans nos gênes, nos silences. Si nous assumons collectivement, peut-être aiderons-nous d’autres partis à faire le même travail », a estimé sur son blog Jean-Sébastien Herpin, secrétaire régional EELV du Centre.

Actuel secrétaire national par intérim, David Cormand s’est dit « très reconnaissant aux femmes » victimes d’avoir parlé publiquement. Il a nié tout calcul politique, alors que les écologistes sont en plein déchirement entre pro, comme M. Baupin, et anti-gouvernement.

Le Quotidien / AFP