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Droits de l’Homme : Amnesty exhorte l’UE à faire pression sur la Turquie


Des activistes d'Amnesty International protestent devant la Cour Européenne (Photo : AFP)

Le secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty, a exhorté mardi l’UE à « remettre à zéro » ses relations avec la Turquie si Ankara ne met pas fin à sa répression contre les militants des droits de l’homme.

« Nous considérons que les arrestations du président et de la directrice d’Amnesty International représentent un changement radical dans la crise des droits de l’homme en Turquie », a affirmé Salil Shetty lors d’une manifestation devant le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, avant l’ouverture d’une rencontre de « dialogue politique » UE-Turquie.

« Il faut que l’UE dise clairement qu’ils (les dirigeants turcs) ont définitivement franchi une ligne rouge et que cela requiert une remise à zéro des relations avec l’UE », a plaidé le secrétaire général d’Amnesty, alors que des manifestants brandissaient des grands portraits de défenseurs des droits de l’homme emprisonnés en Turquie. Selon lui,  le coup d’État avorté de l’an dernier « est devenu une excuse pour enfermer quiconque pose une question ou démarre un débat ».

« Au nom du peuple turc, au nom de l’Europe, la Turquie doit être remise dans le bon chemin et c’est le moment de le faire », a-t-il estimé. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et le commissaire européen à l’Elargissement Johannes Hahn, doivent recevoir en fin d’après-midi les ministres turcs des Affaires étrangères et européennes, Mevlut Cavusoglu et Omer Celik.

Cette réunion – qui s’inscrit dans le cadre du « dialogue politique à haut niveau » entre les deux parties – se déroule sur fond de vives tensions entre Ankara et Berlin, qui a annoncé jeudi une « réorientation » de sa politique vis-à-vis de la Turquie après l’interpellation à Istanbul de défenseurs des droits de l’homme, dont un Allemand.

La crise germano-turque s’inscrit elle-même dans un contexte de dégradation des rapports entre la Turquie et l’UE, en lien notamment avec la récente réforme constitutionnelle controversée du président turc Recep Tayyip Erdogan et les purges massives conduites dans le pays après le coup d’État manqué de juillet 2016.

« L’escalade à laquelle on a assisté avant (la réunion de mardi), les arrestations de militants des droits de l’homme et les poursuites continuelles contre les journalistes et d’autres groupes de la société civile, au mépris des règles de l’État de droit, tout cela n’aide pas vraiment à l’efficacité de ce type de réunions au sommet », a expliqué mardi Johannes Hahn, dans une interview à un quotidien régional allemand, Passaue Neue Presse.

« Les cartes sont sur la table, il appartient à la Turquie de prendre une décision de fond » sur l’avenir qu’elle souhaite avoir, a-t-il ajouté. Il a toutefois souhaité, malgré le contexte tendu, une poursuite du pacte migratoire conclu en mars 2016 entre Bruxelles et Ankara. « Le pacte sur les réfugiés a fait ses preuves car tant la Turquie que l’UE remplissent leurs obligations », a souligné le commissaire européen.

En revanche, les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, lancées en 2005, sont au point mort. Mais une majorité de pays européens ne souhaitent pas pour l’heure franchir le pas d’une suspension formelle, craignant de provoquer une rupture définitive avec un partenaire clé sur le dossier migratoire et dans la lutte antiterroriste.

Le Quotidien/ AFP