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Wisag Cleaning Service en grève : «Comment peut-on vivre un mois sans rien ?»


Nora Back (à d.), présidente de l’OGBL, était présente hier pour soutenir les salariés de Wisag. 

Des salaires non payés correctement, pas dans les temps, et ce, depuis janvier. Les salariés de Wisag Cleaning Service dénoncent des problèmes qui ont trop duré, lors d’un piquet de grève organisé devant le siège de l’entreprise à Senningerberg ce jeudi après-midi.

Huit euros. Voilà ce que certains salariés de l’entreprise de services Wisag Cleaning ont reçu comme salaire. Depuis cinq mois, leurs fiches de paye sont plutôt… aléatoires. Certains perçoivent trop d’argent, d’autres pas assez, voire rien du tout et à des dates complétement différentes.

Face à cette situation, un piquet de grève a été organisé ce jeudi par l’OGBL et le LCGB devant le siège de l’entreprise à Senningerberg. «Nous n’abandonnerons pas tant que justice ne sera pas rendue», lancent les syndicats.

Les complications dans les salaires seraient dues à un problème informatique lors du changement de logiciel par le groupe. En effet, Nettoservice et Express Services ont vu en janvier 2024 leurs équipes et leurs structures regroupées afin de créer la marque Wisag Cleaning Service : un géant du nettoyage, de la gestion et de l’entretien technique qui emploie actuellement 1 700 personnes.

Une fusion qui a visiblement apporté son lot de problèmes : «Il y a tous les cas possibles : des salaires partiels, en trop, en moins… ça dure depuis janvier et ça continue de planter.» D’après les chiffres communiqués par la direction aux syndicats, 60 % des 1 700 salariés étaient concernés.

«Ils annoncent que maintenant, c’est descendu à 6 % des effectifs, mais je n’y crois pas. Quand je vois les listes qu’on a constituées, leur chiffre est largement sous-estimé», affirme Estelle Winter, secrétaire centrale OGBL du secteur nettoyage.

Avant de lancer ce piquet de grève, les syndicats annoncent avoir tout tenté. «On a essayé de dialoguer. On a envoyé des lettres pour les salaires et ça n’a pas changé, personne ne nous a répondu. On a averti la société, on a demandé à l’employeur de résoudre le problème, mais ils remettent la faute sur un prestataire extérieur chargé du changement de logiciel.»

Impôts en plus, aides en moins

Les discours en partie prononcés en portugais rappellent que les travailleurs touchés ne parlent pas tous le luxembourgeois. Complication supplémentaire pour réaliser les démarches administratives et demander à la direction leur dû. Avec leur trop-perçu, certains ont vu leurs aides disparaître et ont dû payer plus d’impôts.

Maria Das Dores Azeredo, déléguée syndicale chez Wisag, le reconnaît, elle a d’abord géré, elle, toutes les demandes pour les salariés. «J’ai touché trop d’argent en janvier et février et donc j’ai payé les impôts, mais en avril, j’ai eu un salaire plus faible que prévu. J’ai dû avoir une retenue sur salaire, mais je n’ai même pas eu le temps de regarder.»

Elle se penche actuellement sur le cas d’une salariée qui a reçu une fiche de salaire indiquant qu’elle devait 86 euros à l’entreprise et recevrait 0 euro de salaire en avril. «J’ai couru voir la RH, vous imaginez ne pas recevoir de salaire ? Comment peut-on vivre pendant un mois sans rien ?»

En temps normal, les travailleurs touchent déjà le salaire minimum non qualifié. À cela, s’ajoute le temps de réaliser les démarches et de finalement recevoir la paye qui correspond. Un véritable casse-tête. «Ça prend beaucoup trop de temps. Il y a encore des salariés à qui l’entreprise doit de l’argent.»

«Comment faire lorsqu’on ne reçoit pas de salaire depuis plusieurs mois pour payer son loyer ? Les propriétaires ne peuvent pas accepter de reporter les loyers indéfiniment.» «Ils ont des enfants, des familles à charge. Ce n’est pas possible de vivre ça plusieurs mois d’affilée.»

Hier après-midi, ils étaient nombreux à être venus en solidarité avec leurs amis ou leurs proches pour tenter de faire entendre leur voix. «J’espère que la direction fait son possible pour trouver des solutions. Je pense que le mois prochain tout va être réglé», optimise la déléguée permanente, Vera Fonseca.

Les syndicats demandent à la direction de verser les salaires le 10 juin maximum avant de durcir encore leurs actions. «On veut les payes correctes à la bonne date et le décompte qui va avec. Les salariés ne se laisseront pas faire et s’il le faut, nous poserons des démissions en groupe.»

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