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Wanteraktioun : «Être une oreille attentive et bienveillante»


Cyrielle Chibaeff, chargée de direction de Dräieck ASBL qui gère la Wanteraktioun depuis 2021. (Photo : fabrizio pizzolante)

Face à l’arrivée du froid, la Wanteraktioun a ouvert ses portes le 15 novembre, comme l’hiver dernier. Un début prématuré, mais bénéfique afin d’assurer un suivi efficace, selon Cyrielle Chibaeff, chargée de direction.

Insupportable toute l’année, vivre dans la rue est encore plus difficile à l’arrivée des premiers flocons et des températures négatives. En avance cette année, le grand froid a poussé la Wanteraktioun à démarrer dès le 15 novembre.

Organisée par l’association Dräieck ASBL, qui regroupe Caritas Luxembourg, la Croix-Rouge luxembourgeoise et Inter-Actions, la «WAK» est encore au premier plan pour lutter contre le sans-abrisme durant l’hiver, et ce, jusqu’au 15 avril.

En collaboration avec le ministère de la Famille, une centaine de professionnels et de bénévoles sont mobilisés afin de fournir un repas chaud et un abri temporaire à 250 personnes maximum.

Pour Cyrielle Chibaeff, chargée de direction de Dräieck ASBL, l’objectif de la structure est aussi de réaliser un suivi social, si précieux pour les bénéficiaires.

Pourquoi avoir démarré la Wanteraktioun dès le 15 novembre?

Cyrielle Chibaeff : Parce que l’on travaille avec un réseau élargi, qui comprend les partenaires Caritas, Croix-Rouge et Inter-Actions qui constituent la Dräieck, et ces structures actives dans le sans-abrisme ont déjà remarqué par le passé que les bénéficiaires avaient une réelle demande à partir de la mi-novembre.

Il y a une hausse de la demande dans ces structures et, effectivement, quand on regarde les températures, ce mois de novembre était particulièrement froid. Donc le 15 novembre est une bonne date pour commencer, avant l’arrivée des températures négatives.

Dès fin 2021/2022, on avait commencé à anticiper pour débuter avant et là, depuis cette année, les dates sont arrêtées. On ouvre le 15 novembre et on ferme le 15 avril. Avant, c’était du 1er décembre au 31 mars.

Et c’est vraiment bien parce qu’au niveau de nos équipes, ça nous laisse du temps pour nous préparer afin d’être rapidement opérationnels avant que le grand froid n’arrive, ainsi que pour mettre en place nos projets, nos suivis, parce que cinq mois ça passe vite.

Entre les professionnels et les bénévoles, près de 120 personnes travaillent pour accueillir, nourrir, écouter et distribuer les kits d’hygiène aux bénéficiaires. Photo : archives lq

Avec la hausse de la demande, y a-t-il de nouveaux profils de bénéficiaires?

On a des personnes qui reviennent tous les ans et d’autres qui sont nouvelles. Il nous faut du temps pour les connaître, c’est un vrai travail de suivi social donc là, c’est encore trop tôt pour parler de profils. Le travail social, c’est un travail de longue haleine.

Les gens émettent un besoin ou ne le font pas. Les gens sont demandeurs ou ne le sont pas. Donc rechercher puis créer et construire une relation de confiance, c’est du long terme. En trois semaines, c’est trop tôt pour le dire.

En tout cas, il y a autant de personnes que de parcours différents. On n’a pas de profil type. Ce sont des gens en précarité, qui peuvent éprouver des difficultés financières ou qui ont des maladies mentales, physiques ou psychiques. La constante, c’est que ce sont des personnes vulnérables, et cela, on le constate d’une saison à l’autre.

Même si l’on remarque qu’il y a plus de gens que l’année dernière à la même période, le type de personnes est le même. On n’a pas tout à fait 7 % de femmes, donc le public est très essentiellement masculin, entre 26 et 65 ans.

Les mineurs, eux, ne viennent pas ici et sont réorientés dans des structures adaptées. Pour la durée, c’est aléatoire, certains passent juste et d’autres restent.

Mais, en moyenne, à la fin de la dernière saison, on était autour de 180 nuitées par jour. Cette année, on constate qu’il y a plus de gens que l’année dernière à cette période, car il fait plus froid, mais nous sommes encore loin d’être pleins.

Rechercher, puis créer et construire une relation de confiance, c’est du long terme

Concrètement, comment se déroule le suivi?

Les gens viennent s’inscrire tous les jours, à partir de 11 h 30, pour le repas de midi ou directement pour la nuit. En général, c’est à ce moment-là qu’on a le premier contact, le midi ou le soir, quand les personnes viennent se présenter à l’accueil. C’est là que nos éducateurs et assistants sociaux peuvent proposer un accompagnement en fonction des besoins.

Ensuite, on fixe des entretiens qui se font à l’accueil du jour ou de nuit. On s’octroie un moment d’échange un peu à part du temps d’inscription, qui peut aussi se faire en discutant sur le vif, de manière spontanée. Parfois, une simple écoute, ça les aide beaucoup. Être une oreille attentive et bienveillante, c’est notre travail.

En moyenne, sur les 250 lits disponibles, 180 lits étaient occupés chaque nuit lors de la saison hivernale 2022/2023. Photo : archives lq

Combien de personnes travaillent dans la rue et au sein de la Wanteraktioun?

Ce sont les équipes de Caritas et d’Inter-Actions qui font des maraudes, vont à la rencontre des gens et essayent d’entrer en contact avec eux. Ce qui n’est pas toujours facile. Puis, entre novembre et avril, ils peuvent proposer la solution de l’abri de nuit.

Et du foyer de jour évidemment, avec le vestiaire, la salle de repos et toutes sortes d’activités socio-éducatives. Sinon, nous, Action Hiver, on est une vingtaine pour les équipes de terrain et on a une centaine de bénévoles actifs essentiellement pour distribuer les plats chauds et les kits d’hygiène.

Se rendre à la Wanteraktioun

Le foyer de nuit est situé au 12A, Beim Haff, au Findel (Bâtiment A), près de l’aéroport. L’accueil des personnes se fait entre 19 h 15 et 23 h 00. L’inscription au préalable est nécessaire et s’effectue pendant la journée auprès du service de coordination d’Inter-Actions au sein du Bâtiment B, à la même adresse (ouvert de 11 h 30 à 16 h).

Le foyer de jour, géré par la Croix-Rouge luxembourgeoise, est également organisé au Findel (Bâtiment A) : repas gratuit entre 12 h et 14 h 30. Une navette gratuite signalisée «WAK» part à 18 h 55 de la gare routière de Luxembourg (quai 105). Sinon, le foyer peut être rejoint par le bus 29, arrêt Findel Business Center.

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