Le crime ne connaît pas de frontières. Les trois prévenus ont traversé les frontières pour commettre des vols. Cela va du croissant aux bijoux en passant par des vêtements.
«Les côtes cassées, ce n’est pas moi», affirme Mathieu à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, lundi après-midi. «C’était qui? Le Saint-Esprit?», interroge le président. Le jeune homme de 33 ans comparaissait dans le cadre de trois dossiers pour divers vols dans des supermarchés. Mathieu reconnaît voler de l’alcool, notamment du champagne, pour revendre les bouteilles et financer sa consommation de cocaïne.
Le 14 juillet dernier, un vigile du supermarché de la place de la Gare à Luxembourg observe Mathieu «mettre un croissant dans sa poche». «Je l’avais déjà vu prendre quelque chose la veille», explique le vigile, qui avait décidé de ne pas laisser le prévenu s’en tirer à si bon compte. Il prévient la police et tente de retenir Mathieu en le plaquant au sol. «Il m’a donné des coups pour s’échapper. J’ai eu trois côtes cassées.» «Tout cela pour un croissant à 1,05 euro!», constate le président.
«Tout sursis est exclu en l’espèce»
Pour l’ensemble de ces vols, le prévenu risque d’écoper d’une peine de 24 mois de prison ferme. «Tout sursis est exclu en l’espèce», note le substitut du procureur. Mathieu a été condamné à deux reprises en 2020 et une fois en 2021 pour 27 vols, rappelle le magistrat. L’avocate du prévenu explique qu’il suit un programme de désintoxication en prison et qu’il ne devrait avoir aucun mal à retrouver un emploi à sa sortie.
Elle demande au tribunal «de ne pas aller jusqu’aux 24 mois» requis. Mathieu a passé cinq mois en détention préventive et son sursis de six mois sur la peine de 15 mois de prison à laquelle il avait été condamné en 2021 «va sauter».
Trop dodu, il fait le guet
Serban était trop dodu pour passer par la fenêtre du café Rénert au Knuedler à Luxembourg avec ses deux coauteurs. Les trois hommes ont volé une bouteille de whisky, une enceinte Bluetooth et des vêtements à l’effigie de l’établissement le 26 juin 2021. Le jeune homme de 26 ans reconnaît avoir fait le guet. C’est son ADN, laissé sur la fenêtre, qui a permis de le confondre. Un mandat d’arrêt international décerné contre lui a permis de lui mettre la main dessus en juillet dernier.
«J’avais faim. J’étais à la rue. Nous avions besoin d’argent», raconte le jeune Roumain, qui en profite pour s’excuser de son geste. Le procureur a requis une peine de 12 mois de prison à son encontre. Son avocat souligne «le préjudice limité» du vol et le fait qu’à l’époque, il n’avait pas encore de casier judiciaire. Il peut donc bénéficier d’un sursis. Me Stroesser a demandé que la peine prononcée n’excède pas la période passée en détention préventive et qu’il ne soit pas condamné à une amende, étant donné sa situation financière précaire.
D’un symbole national à un autre
Ilyas, 20 ans, reconnaît quant à lui deux cambriolages à Belvaux et deux tentatives dans des voitures dans la soirée du 7 juillet dernier. «C’est la première fois», précise-t-il. «J’avais pris des médicaments. Je ne savais pas ce que je faisais.» «Comment avez-vous atterri au Luxembourg?», demande le président. «Je ne m’en souviens plus», répond le jeune homme. «Quelle est la dernière chose dont vous vous souveniez?», poursuit le juge. «De Bruxelles», assure Ilyas, qui «travaille sur les marchés au noir». «Du Manneken-Pis!», lance le président.
Des questions sur la véritable identité du prévenu
Le parquet requiert une peine de 18 mois de prison et s’oppose à un sursis intégral, bien que le prévenu n’ait pas de casier judiciaire au Luxembourg. Ilyas et ses complices ont surtout volé des bijoux. Une partie du butin a été retrouvée sur le jeune homme, qui avait oublié son smartphone dans une des deux voitures visitées. Son avocate estime que le prévenu peut avoir droit à un sursis intégral, mais demande au tribunal de ne pas condamner son client à une peine de prison excédant son séjour en détention préventive s’il devait prononcer une peine de prison ferme.
Cette discussion autour de l’opportunité d’un sursis en a entraîné une autre sur la véritable identité du jeune homme et sur la possibilité qu’il ait un casier judiciaire sous un autre nom. Le prévenu prétendant être venu du Maroc sans papiers, impossible de le vérifier.
Les prononcés des trois affaires sont fixés au 26 janvier.