Le Roi Philippe et le Grand-Duc Henri ont pris connaissance, hier, de l’engagement commun de la Belgique et du Luxembourg pour renforcer la sécurité spatiale. On est loin de la science-fiction.
«Le monde, tel que nous le connaissons, est en train de changer. Comme dans les années 70, comme dans les années 60, l’espace devient un champ de compétition entre superpuissances avec un impact économique, scientifique et même militaire.»
Le constat posé par Thomas Dermine, le secrétaire d’État belge pour la Relance et les Investissements stratégiques, résonne dans la prestigieuse et impressionnante salle académique de l’université de Liège.
«De nombreux acteurs majeurs sont capables de perturber, de dégrader, voire de détruire notre accès à l’espace. Cette menace n’est pas à prendre à la légère, et la nécessité de protéger nos infrastructures spatiales n’a jamais été aussi cruciale», renchérit Ludivine Dedonder, la ministre belge de la Défense.
Dans l’auditoire avaient pris place le Grand-Duc Henri, accompagné par le Roi Philippe. Ils ont pu constater qu’au-delà de la coopération sur terre et dans les airs, leurs deux pays sont désormais aussi engagés dans ce qui peut encore ressembler à de la science-fiction, mais qui est déjà une réalité.
«Dans un domaine aussi vaste et complexe que l’espace, aucun pays ne peut espérer assurer seul sa sécurité. C’est dans cet esprit que la Belgique et le Luxembourg, avec le soutien de nos partenaires européens et de l’OTAN, s’engagent à travailler ensemble pour renforcer notre sécurité spatiale», souligne Ludivine Dedonder, l’homologue de la ministre luxembourgeoise Yuriko Backes.
En 2016, le Grand-Duché a annoncé son initiative sur les ressources spatiales, «avec l’ambition de devenir un pionnier dans l’exploration pacifique et la durabilité de l’espace», est venu rappeler Thomas Dermine.
Dans le contexte géopolitique tendu, la donne change aussi dans le domaine spatial. Le gouvernement belge a reconnu le besoin d’investir dans une riposte à ce qui semble devenir une nouvelle «guerre des étoiles».
«La Défense belge dispose d’une équipe d’experts en imagerie satellitaire et grâce à notre partenariat avec la France, et bientôt avec nos amis luxembourgeois, nous avons accès à des satellites d’observation de haute qualité. C’est un outil précieux pour garder un œil critique sur l’évolution des situations de conflit dans le monde», renseigne la ministre Dedonder.
La ministre belge fait allusion au lancement du satellite d’observation LUXEOSys. La fenêtre de tir avec SpaceX est toujours située entre la fin 2024 et le début de l’année 2025. D’ores et déjà, la Belgique utilise les capacités d’observation et de navigation que fournit le satellite GovSat-1.
Avec l’accord commercial signé hier dans le domaine de la communication par satellites, le Luxembourg possède également une fenêtre de tir pour participer au développement du tout nouveau Centre de sécurité spatiale, mis en place par la Défense belge.
«Ce centre est ouvert à la coopération internationale. Nous n’en sommes qu’au tout début de son histoire, mais il est certain qu’il y a une opportunité de développer des synergies pour faire de ce centre un outil de pointe, capable d’assurer notre sécurité dans et depuis l’espace», met en avant la ministre Ludivine Dedonder.
Il faudra encore attendre pour en savoir plus sur l’engagement du Grand-Duché dans cette nouvelle branche de défense, qui s’ajoute aux domaines traditionnels que sont la terre, l’air et la mer, sans oublier le cyberespace.
Des lasers pour lancer la communication sol-satellite 2.0
Le spatial, et plus particulièrement la communication par satellites, figure au centre du protocole d’accord signé hier entre Amos et Hitec, en clôture de la visite d’État en Belgique.
L’engagement : combiner l’expertise optique de la PME liégeoise avec le savoir-faire en télécommunications de la société basée à Mamer. Le but : fournir une «antenne optique robuste, efficace et fiable» pour les communications espace-sol. L’innovation : l’emploi de lasers.
«Les lasers offrent la perspective d’augmenter le débit d’un facteur 10 à 100. Pour cela, les satellites doivent être équipés d’un terminal de communication optique. Au sol, une antenne optique spécifique est nécessaire (…) comparable à un télescope», explique un communiqué de presse.
Cette nouvelle technologie doit aussi permettre la réception de clés quantiques, «une autre technologie révolutionnaire qui deviendra bientôt essentielle pour protéger les futures communications terrestres ou satellitaires sensibles».
Cette nouvelle alliance technologique suit donc la volonté de la Belgique et du Grand-Duché visant à renforcer la cybersécurité, la résilience spatiale et, plus globalement, la défense commune.