Accueil | A la Une | Violences domestiques : les blessures s’effacent, pas les preuves

Violences domestiques : les blessures s’effacent, pas les preuves


Dr Martine Schaul : «Les interventions des policiers pour violences domestiques ne sont que la pointe de l’iceberg.» (photo Alain Rischard)

En cinq ans, le service Umedo, qui collecte et conserve toute preuve de violences physiques, a accueilli près de 100 victimes. Une vingtaine ont plus tard porté plainte contre leur bourreau.

Alors que les violences domestiques explosent ces dernières années au Luxembourg, le service Umedo – unité médico-légale de documentation des violences – offre la possibilité aux victimes de faire constater leurs blessures par des médecins et d’archiver ces preuves en attendant de se sentir prêtes à lancer des poursuites judiciaires contre l’auteur.

Depuis 2018, date à laquelle les autorités ont commencé à collecter quelques statistiques, le phénomène s’est fortement accentué. L’Observatoire de l’égalité entre les femmes et les hommes note ainsi que les interventions policières pour violences domestiques ont bondi de 30 %, pour atteindre 968 l’année dernière, soit plus de deux par jour. Et sur la même période, le nombre de victimes d’un conjoint ou ex-conjoint a grimpé de 55 %, pour arriver à 646 l’an passé.

Dans ce contexte ultratendu, l’équipe d’Umedo est pourtant peu mobilisée : à peine 96 personnes – 87 % de femmes – ont été prises en charge depuis sa création en juillet 2018. «Un nombre d’examens largement en dessous des projections», pointe le Dr Martine Schaul, qui a récemment présenté un bilan face aux professionnels du secteur. La directrice du service attribue ce faible résultat au cruel manque de visibilité dont souffre Umedo, mais pas seulement.

«En cas d’agression, le réflexe, c’est appeler la police et porter plainte. Mais lorsque les violences ont lieu dans le cadre familial, tout devient différent», soutient-elle, citant la peur, la honte ou encore le manque de ressources financières, comme autant de barrières pour dénoncer les faits. «Les interventions des policiers ne sont que la pointe visible de l’iceberg. Umedo vise la partie immergée.»

Le bon moment pour porter plainte

Quand l’agresseur est le conjoint, il peut être très compliqué pour les victimes de porter plainte dans l’immédiat. En relevant toutes les preuves des violences subies, et en les sauvegardant en lieu sûr, le service Umedo leur donne l’opportunité de définir elles-mêmes à quel moment elles se sentiront suffisamment fortes pour le faire. Elles disposeront alors d’une base solide pour lancer une procédure.

«Nous prenons des photos et constituons un dossier recevable en justice. Vingt pour cent des victimes examinées ont engagé des poursuites judiciaires par la suite. C’est déjà pas mal», commente le médecin. Umedo ne remplace pas les soins prodigués par un service d’urgence, mais travaille en réseau avec plusieurs hôpitaux du pays (lire ci-dessous).

L’équipe note que les profils des victimes qui se sont présentées en cinq ans sont très divers, à l’image de la société luxembourgeoise. Sur la centaine de patients rencontrés, les 30-49 ans ont été les plus nombreux, tandis que les cas de violences sexuelles sont restés rares (17 %).

Gratuit et disponible 24 heures sur 24

Umedo est un service gratuit, ouvert à tous – assuré social ou non – et disponible 24 h/24 et 7 j/7 par téléphone au 621 85 80 80.

Des médecins spécialement formés et soumis au secret accueillent les victimes de violences au LNS à Dudelange, au CHL et aux hôpitaux Robert-Schuman à Luxembourg, au centre hospitalier Émile-Mayrisch à Esch-sur-Alzette, ou au centre hospitalier du Nord à Ettelbruck.

Ils constatent leurs blessures, relèvent les traces biologiques, et constituent un dossier confidentiel de preuves médicolégales qui sera conservé 10 ans. Seule la victime pourra le demander, quand elle sera prête à porter plainte.

umedo.lu

2 plusieurs commentaires

  1. En cas d’agression, le réflexe, c’est appeler la police et porter plainte. Mais lorsque les violences ont lieu dans le cadre familial, tout devient différent», Au travail aussi

  2. Ce sont les policiers que il faut former lorsque les femmes sont victimes de violences , des policiers horribles reprochant aux femmes d être violentés carrément étant du côté du bourreau 2023 au Luxembourg . Alors qu elles sont victimes c est une réalité .
    Au travail ou a domicile stop la violence