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Vin de paille 2019 : petites bouteilles, grandes sensations!


L'auxerrois est déjà dans le pressoir (au fond à d.), le gewurztraminer attend son tour… (Photo : Erwan Nonet)

Après les vendanges tardives, effectuées le 22 novembre, les domaines Vinsmoselle ont pressé mercredi les raisins qu’ils réservaient pour le vin de paille : 37,5 cl de pur plaisir!

Un nectar gavé d’arômes et de sucre à boire à petites gorgées les jours de fête : le vin de paille est un breuvage précieux, fruit de toutes les attentions des vignerons et des vinificateurs. Chez Vinsmoselle, l’un des seuls producteurs à en avoir produit cette année, le millésime 2019 est né mercredi dernier.

Dans le grand hall de la cave coopérative de Wellenstein, quatre bacs en plastique attendent patiemment d’être portés par le transpalette jusqu’au petit pressoir situé à deux pas. Deux d’auxerrois, deux de gewurztraminer, comme c’est la tradition ici. «Ce sont les derniers raisins du millésime 2019!», sourit le président de Vinsmoselle, Josy Gloden.

Oserait-on dire qu’il n’est pas fâché d’en avoir fini avec cette année, vraiment compliquée pour les vignerons? Ce qui est certain, c’est que terminer le cycle par le vin de paille est une belle pirouette pour retomber sur ses pieds avec le sourire. Le vin de paille, c’est le bonbon de la fin de repas. Une bombe de douceurs qui tapisse le palais avec une montagne de générosité. D’ailleurs, ils étaient nombreux à se faire plaisir mercredi matin. À côté de Josy Gloden, on retrouvait, entre autres, le directeur Patrick Berg, le vice-président Serge Gales, le directeur technique Bernd Karl et le chef de la cave de Wellenstein, Mathias Lambert, qui dirigeait les opérations.

Vendangés fin septembre

Bernd Karl rappelait que les raisins destinés au vin de paille avaient été vendangés fin septembre. Ici, on ne fait pas mention du terroir parce que, finalement, ce n’est pas l’essentiel. Le plus important est d’avoir de belles grappes, parfaitement saines. «Ce sont souvent les mêmes vignerons qui nous les amènent, mais les parcelles ne sont pas forcément les mêmes, explique Bernd Karl. La qualité des raisins varie d’une année à l’autre et il faut s’adapter.» Serge Gales ajoute que, pour un vigneron, la récolte des raisins pour le vin de paille est toujours un moment spécial. «En général, nous faisons ça le week-end, en famille, avance-t-il. La récolte doit être particulièrement minutieuse et il faut prendre le temps de bien faire les choses.

Chaque grappe est soigneusement analysée, coupée puis déposée délicatement dans les clayettes. Il faut travailler en douceur car si une baie est écrasée, éclate et perd du jus, les moisissures pourront se développer et il faudra tout jeter.»

Dans le coffre de la voiture!

Ce rythme bien différent d’un jour de vendanges classique se retrouve même dans le transport des raisins jusqu’à la cave de Wellenstein. «On amène les raisins dans le coffre de la voiture et pas dans le tracteur, qui les secouerait trop et pourrait les abîmer, souligne Serge Gales. Les amortisseurs des voitures permettent de garder les grappes dans un bon état!» Bref, vendanger pour le vin de paille ressemble davantage à une opération spéciale qu’à une journée de travail! Une fois à la cave, les clayettes sont rangées dans une pièce sèche et ventilée et il n’y a plus qu’à attendre que le temps fasse son oeuvre.

191211_Raisins Vin de Paille @ vinsmoselle(1)

Cette année, il aura fallu deux mois et demi de patience avant que les grappes soient parfaites. Le chef de cave doit passer régulièrement pour vérifier que les baies se dessèchent proprement. Si une grappe commence à pourrir, il l’élimine immédiatement pour que les champignons ne se propagent pas. Lorsqu’on les passe au pressoir, il est impératif que toutes les baies soient saines. Dans le cas contraire, le vin prendrait immanquablement le goût de champignons et tous les efforts n’auront servi à rien. La patience, le consommateur doit également en faire preuve. Les vins de paille sont typiquement les vins qu’il faut oublier en cave, ils ne pourront que se bonifier avec le temps. Grâce à leur concentration, ils peuvent attendre des décennies avant d’être ouverts.

De notre collaborateur Erwan Nonet

430 litres de gewurztraminer et 270 litres d’auxerrois

vin de paille vinsmoselle 4 @erwan nonet.Lorsque l’on produit du vin de paille, on sait par avance que les rendements seront extrêmement bas. C’est, en partie, ce qui explique le prix plus élevé de ces petites bouteilles (43,67 euros les 37,5 cl d’auxerrois et 44,8 euros les 37,5 cl de gewurztraminer chez Vinsmoselle). Le rapport entre les kilos de raisins récoltés et les litres obtenus est saisissant, jugez plutôt : mercredi, les 2 142 kilos de gewurztraminer ont permis d’obtenir 430 litres de vin de paille et les 1 375 kilos d’auxerrois 270 litres seulement! Mais ce n’est pas la quantité qui est recherchée, mais la qualité des raisins. Celle-ci se juge entre autres par leur taux de sucre. Fin septembre, lors des vendanges, les grappes comptaient entre 80 et 85 degrés Oechsle tandis que mercredi, après être passé au pressoir, le moût du gewurztraminer montait à 176 degrés Oechsle et celui de l’auxerrois à 173 °. Ce ne sera pas un record, mais cette concentration démontre que le processus s’est parfaitement déroulé.

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