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Veuf violenté à Esch : les trois sœurs échappent à de lourdes peines


«Elle me demandait tous les jours de l'argent. J'ai même vendu ma collection de timbres aux enchères. Mais cela ne suffisait toujours pas. J'ai même dû emprunter de l'argent à la voisine...» (illustration DR)

Deux des sœurs poursuivies pour avoir tenté d’étrangler un veuf à Esch ont écopé jeudi de 4 ans et 3 ans avec sursis partiel. La troisième a été acquittée.

Étranglé, frappé, bâillonné… C’est le récit d’un véritable calvaire que le septuagénaire avait livré à la barre. Au moment des faits, le 12 mai 2016, cela faisait plusieurs mois que les trois sœurs vivaient dans sa maison dans le quartier de la Grenz à Esch-sur-Alzette. L’aînée, Larisia B., avait fait la connaissance de l’homme de 73 ans dès l’été 2015 dans un café, quelques mois après le décès de sa femme. C’est quand ses sœurs ont débarqué en février 2016 que tout a dégénéré, avait-il raconté.

La nuit du 12 mai 2016, elles l’auraient poussé dans les escaliers. Deux d’entre elles se seraient ensuite ruées sur lui, lui auraient mis un torchon trempé dans la bouche et l’auraient roué de coups. «Elles voulaient m’étrangler. Je n’ai presque plus eu d’air. Elles m’ont enfermé dans une chambre du premier étage. C’est ce qui m’a sauvé.» Après avoir ouvert les volets en faisant le moins de bruit possible, il avait réussi à prendre la fuite par la fenêtre en passant par un avant-toit et en s’accrochant à une gouttière.

«Il était en maillot de corps, maculé de sang et avait du mal à respirer», avait témoigné la voisine qui l’avait retrouvé en bas. Il était autour de 9h quand elle avait appelé les secours. Visiblement, les trois femmes ne s’étaient pas rendu compte qu’il avait pris la fuite. Car quand la police est arrivée, le trio se trouvait toujours à l’intérieur. Les trois femmes étaient toujours bien alcoolisées.

Dans son réquisitoire, le représentant du parquet n’avait pas longtemps tourné autour du pot : «Les trois sœurs ont profité durant plusieurs mois du septuagénaire. Quand il ne pouvait plus payer, elles ont essayé de le tuer et l’ont jeté dans sa chambre comme une vieille carcasse.»

«Elles ont profité de la solitude de Monsieur qui ne voulait pas mourir seul, avait estimé le premier substitut Laurent Seck. Elles l’auraient littéralement plumé. Et de soulever que «monsieur a même dû vendre sa collection de timbres et emprunter de l’argent à sa voisine».

La victime se voit allouer 16 000 euros

Si les avocats avaient tenté de démontrer qu’il n’y avait eu ni tentative de meurtre ni séquestration la nuit du 12 mai 2016 et avaient parlé d’un enchaînement rapide et confus en raison de l’influence de l’alcool, pour le parquet, les infractions étaient bien établies. Il avait requis dix ans de réclusion contre Larisia B. et Claudia S. La troisième sœur, Marinela S., quant à elle, devait être condamnée à 24 mois de prison pour non-assistance à personne en danger. À la barre, elle avait déclaré qu’elle était alors «complètement bourrée». D’après elle, quand elle était descendue, le septuagénaire était déjà enfermé dans sa chambre.

Au final, la 13e chambre criminelle n’a pas suivi les réquisitions. Si les juges ont bien retenu les coups et blessures et le fait qu’il y ait eu privation de liberté avec certaines circonstances aggravantes, ils n’ont retenu ni la tentative de meurtre ni la séquestration. Claudia S. écope ainsi de 36 mois de prison, dont 18 mois avec sursis, et une amende de 2 000 euros et Larisia B. de 48 mois, dont 24 mois avec sursis, et 5 000 euros d’amende. Toutes les deux sont placées sous le régime du sursis probatoire pour la durée de cinq ans avec l’obligation d’indemniser la victime. Pour le dommage moral, l’homme de 76 ans se voit allouer 10 000 euros. Larisia B., également condamnée pour abus de faiblesse, doit lui payer 6 000 euros pour le préjudice matériel. Quant à Marinela S., elle a été acquittée.

Les trois sœurs originaires de Roumanie, âgées aujourd’hui de 39, 40 et 42 ans, qui ont passé entre deux et huit mois de détention préventive après leur arrestation, sont actuellement sous contrôle judiciaire. Me Roby Schons, qui avait également plaidé qu’aucune expertise ADN n’avait été réalisée pour prouver que Larisia B. a tenté d’étrangler le veuf, n’a pas caché sa joie après le prononcé. Le parquet dispose toutefois de 40 jours pour interjeter appel contre ce jugement.

Fabienne Armborst

Un commentaire

  1. On frappe une personne âgée, on la « pèle » de son argent, on ne fait rien pour la sauver parce qu’on est bourré et on est acquitté….c’est beau la justice

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