À l’occasion de notre focus sur une rentrée à vélo, toujours dans le cadre du boum connu à cause du virus, la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ (LVI) dénonce un manque d’ambition des pouvoirs publics à l’occasion du déconfinement.
Comment la sentez-vous, cette rentrée à vélo ?
Philippe Herkrath, responsable à la LVI : C’est difficile à dire. Nous avons une certitude : certains nouveaux adeptes ont pris le pli du vélo au quotidien. La crainte d’emprunter les transports en public avec le virus a poussé des nouvelles personnes à utiliser le vélo : elles savent désormais que c’est pratique.
Comment jugez-vous l’action des pouvoirs publics depuis le déconfinement ?
Plutôt négativement. Le Luxembourg n’a pas eu l’ambition constatée ailleurs : Bruxelles, Berlin, Paris… les coronapistes ont fleuri partout. En Ville, nous n’avons eu qu’une seule piétonisation de rue. Et dans le pays, le principal plan a été au niveau touristique. C’est l’initiative « Vëlosummer », qui vient de s’achever, et qui consistait à rendre des routes périurbaines réservées aux vélos. L’engouement a été fort : tant mieux. Mais le tourisme, ce n’est pas le vélo au quotidien.
Qu’est-ce qui ne va pas, au fond ?
On refuse de discuter l’importance de la place accordée à la voiture, tout simplement. Il ne s’agit pas d’être « antivoiture ». Il s’agit de voir où la place peut être prise, et quel mode de transport bénéficie le plus largement de place au Grand-Duché. C’est la voiture.
Au niveau communal, les actions sont très dispersées
L’inaction des pouvoirs publics en période Covid contraste avec une action plutôt volontaire ces dernières années.
Incontestablement, ce gouvernement, même à pas trop lents, prend le sujet au sérieux. Les pistes qui relèvent du niveau national sont en amélioration. Du moins, il existe de nombreux projets qui vont voir le jour encore. Ça met du temps, même si nous comprenons les problèmes techniques, trop de temps à l’échelle du bouleversement souhaité. Quant au niveau communal, les actions sont très dispersées. En Ville, des moyens ont été mis sur des projets trop en pointillé. Dans le Sud, à Esch par exemple, même si nous connaissons moins la situation, le compte n’y est pas.
Un dernier problème : ceux qui ont changé pour le vélo ne sont pas forcément des automobilistes…
Oui, ce sont des adeptes des transports en commun comme nous l’avons dit. Pour convaincre les automobilistes, sur des petits trajets pratiques, on en revient au fait de rendre les pistes cyclables compétitives dans le rapport avec la voiture. Soit des pistes directes, sécurisées et cohérentes.
Entretien avec Hubert Gamelon