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Véhicules électriques : le marché ne décolle pas au Luxembourg


En 2016, le nombre de voitures particulières 100 % électriques en circulation a plus que doublé par rapport à 2014, passant de 187 véhicules à 447. (photo AFP)

Les véhicules entièrement propulsés par l’électricité ont encore du mal à s’imposer sur nos routes. Le pays offre pourtant un terrain propice au tout-électrique.

Les voitures électriques tentent tout doucement de se faire une place sur les routes en Europe, mais la concurrence est rude face à l’omniprésence des véhicules à moteur thermique. Il faut dire que la voiture 100 % électrique, même si elle peut paraître séduisante et moderne, comporte pour le moment pas mal d’inconvénients.

À première vue, le Luxembourg semble être un terrain de jeu idéal pour les véhicules 100  % électriques dans la mesure où son territoire exigu n’autorise que des distances relativement courtes et que ses résidents et entreprises détiennent un pouvoir d’achat assez élevé. Il faut dire que pour le moment les voitures électriques ont une autonomie allant de 100  kilomètres à un peu plus de 200  kilomètres, voire plus de 500  kilomètres pour les bolides fabriqués par Tesla. Pour rester dans la catégorie des citadines, une autonomie de 150  kilomètres semble donc suffisante pour faire face aux trajets du quotidien, et pourtant…

« C’est tentant d’acheter une voiture électrique, mais cela veut dire qu’il faut réfléchir à pas mal de paramètres comme l’utilisation que l’on va en faire, s’il est possible de recharger la voiture à son travail ou même dans son garage, ou encore si le gain réalisé par le fait de ne plus payer l’essence compense le prix d’achat plus élevé que celui d’une voiture de gabarit similaire », explique un jeune couple faisant le tour des garages de Luxembourg à la recherche d’une petite citadine. Des interrogations qu’un vendeur Nissan confirme  : « C’est vrai que c’est un calcul à faire en fonction du nombre de kilomètres par an que l’on compte parcourir. »

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Mais l’argument du prix ne tient pas toujours. Chez Renault par exemple, qui propose la Zoé, un véhicule 100  % électrique d’une autonomie de 160  kilomètres, on assure que le prix annoncé, autour des 21  000  euros, peut être réduit grâce notamment à des aides et des primes du constructeur français, ce qui au final fait s’approcher le prix d’une Zoé du prix d’une Twingo, qui lui tourne autour des 10  000  euros. Même constat chez BMW, qui propose la BMW i3 pour un peu plus de 35  000  euros.

Une dizaine de modèles 100  % électriques

La citadine de la marque allemande, d’une autonomie allant jusqu’à 200  kilomètres, ne revient pas beaucoup plus cher qu’une BMW Série  1 Hatch cinq portes (à partir de 23  000  euros) ou une BMW Série  2 Tourer (à partir de 26  000  euros). « Pour le moment, l’achat d’un véhicule 100  % électrique, c’est surtout un choix écologique. On n’a pas assez de recul par rapport à l’autonomie réelle du véhicule  : si l’on roule avec la climatisation ou le chauffage en plus de la radio, dans quelle mesure cela réduit-il l’autonomie? Il y a également la question du prix à la revente », souligne Déborah, qui a fait le choix récemment d’une voiture thermique, alors qu’elle l’utilise le plus souvent pour faire les cinq kilomètres séparant son domicile de son lieu de travail.

Autre petit inconvénient, le choix de l’offre. En effet, il n’y a guère plus d’une dizaine de modèles de véhicules 100  % électriques sur le marché, que ce soit au Luxembourg ou en Europe, alors que le nombre de modèles thermiques disponibles est en constante évolution tous les six mois, voire tous les quatre mois.

Au niveau des concessionnaires du pays qui proposent des modèles 100  % électriques, on assure que les voitures se vendent tout de même assez bien, sans pour autant donner de chiffres officiels. Par contre, d’une voix unanime, ils soulignent que la suppression de la prime d’État CAR-e fin 2014 a fait chuter les ventes des voitures 100  % électriques. D’ailleurs, le gouvernement réfléchit à mettre en place une nouvelle incitation financière d’ici 2017, à l’instar d’une défiscalisation, mais pour le moment rien n’est arrêté.

Concernant les chiffres, le Statec fait état d’une progression constante depuis 2011 des voitures particulières électriques en circulation. En y regardant de plus près, on peut voir que, par rapport à 2014, elles ont plus que doublé en 2016, passant de 187 à 447 véhicules. Mais cela n’est qu’une goutte d’eau par rapport aux 202 766 voitures particulières à moteur thermique de 2016.

Finalement, le choix du 100  % électrique pour les particuliers, qui comporte évidemment des avantages dans le cadre d’une utilisation spécifique, est encore trop négligé par rapport au thermique. Pourtant, la question d’abandonner les moteurs thermiques classiques va se poser chaque année avec un peu plus d’insistance.

Jeremy Zabatta

« Pas pour aujourd’hui »

Le président de l’Automobile Club du Luxembourg (ACL), Yves Wagner, ne croit pas, pour le moment, à un engouement pour les voitures 100  % électriques, même s’il est conscient que c’est certainement la voie du futur  : «Pour l’ACL, le 100  % électrique est évidemment la bonne technologie pour le futur, mais actuellement nous ne sommes pas prêts, tant du point de vue des infrastructures que du point de vue financier, et dans ces deux cas les pouvoirs publics ont un rôle à jouer. Par contre, ce qui à mon avis serait une excellente étape intermédiaire, et je pense que cela va encore plus se développer, c’est l’hybride. Avec cette technologie, les gens gardent la garantie de leur mobilité avec la partie essence tout en ayant l’alternative de l’électrique, ce qui est un bon compromis. Mais le 100  % électrique, ce n’est pas pour aujourd’hui, même si cela va se développer dans les années à venir.»

La Norvège, un modèle du genre

Le pays nordique envisage de bannir le moteur thermique au profit du moteur 100 % électrique d’ici dix ans.

Comme souvent, les nations nordiques ont un temps d’avance sur les autres pays d’Europe, voire du monde. Au début de l’été, le quotidien norvégien Dagens Naeringsliv rapportait dans ses pages que le gouvernement norvégien était en train d’étudier un projet visant à interdire la vente de voitures à moteur thermique afin de réduire à zéro le nombre de véhicules roulant à l’essence ou au diesel à l’horizon 2025, soit dans moins d’une dizaine d’années. Un projet qui, vu d’ici, paraît complètement fou tant nos modèles économiques reposent entièrement sur l’utilisation de véhicules thermiques. Il faut dire qu’en Norvège, les ventes de véhicules 100  % électriques ont augmenté de 24  % sur un an. En 2014 déjà, la Norvège était un modèle du genre en comptant près de 18  000  voitures électriques, soit le tiers des ventes européennes.

300 millions de pertes fiscales

Il faut dire que cet engouement pour l’électrique est largement favorisé par des mesures gouvernementales qui poussent fortement à l’achat d’un tel véhicule, puisque les propriétaires de voitures propres ont plusieurs avantages par rapport aux propriétaires de voitures thermiques comme le droit d’emprunter les couloirs de bus, la gratuité des parkings publics, des bornes de charge et des péages urbains ou des exemptions d’impôts. Cette politique a son revers, étant donné que le manque à gagner en termes de recettes fiscales se montait à près de 300  millions de dollars pour l’année 2014.

Si la Norvège est bel et bien un pays avant-gardiste sur le sujet, il est malheureusement trop tôt, là aussi, pour faire le bilan global d’une telle politique. Car sur ce débat, les problèmes sont complexes, puisque le 100  % électrique pose d’autres débats en matière environnementale, comme la pollution liée aux centrales électriques et nucléaires mais également à la production de batteries à base de lithium ou encore le coût des infrastructures liées à la recharge des véhicules.

Un commentaire

  1. Pour développer un nombre important de voitures électrique , il va falloir construire une centrale nucléaire.

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