Après un premier cas luxembourgeois chez un enfant en bas âge, la ministre de la Santé a pris la parole pour expliquer la stratégie du gouvernement.
Débutée en juin, l’épidémie de variole du singe au Luxembourg a pris un nouveau tournant cette semaine quand le gouvernement a annoncé qu’un enfant en bas âge avait contracté la maladie. La ministre de la Santé, Paulette Lenert, et le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit, ont donc décidé de faire un point presse en commun vendredi. À l’heure actuelle, 46 cas ont été recensés au Luxembourg, soit quatre de plus que la veille. «Il y a une lente augmentation», note Jean-Claude Schmit. «Le nombre de nouveaux cas est à la baisse, on constate que l’épidémie, en Europe comme au Luxembourg, semble se stabiliser.»
Rester prudent
Pour le moment, la très grande majorité des personnes infectées sont des hommes ayant eu des rapports homosexuels avec de multiples partenaires. «Au niveau européen, 88 % sont de sexe masculin et la plupart ont entre 30 et 40 ans.» Mais comme le montre le cas de l’enfant en bas âge, le virus peut très bien frapper le reste de la population. À ce sujet, ni la ministre ni le directeur de la Santé n’ont souhaité donner plus d’informations, secret médical oblige. «Il a été contaminé par l’un de ses proches, mais il va bien.»
Comme pour les autres cas luxembourgeois, aucune hospitalisation n’a été nécessaire et la maladie reste essentiellement bénigne. L’Organisation mondiale de la santé l’a tout de même classé «urgence de santé publique à portée internationale». De quoi inciter le directeur de la Santé à rester prudent. «Comme toujours, il y a un risque que le virus mute et devienne plus virulent et pathogène ou qu’il se répande dans d’autres groupes de la population.»
183 personnes vaccinées
SI la vaccination n’est pas centrale dans la stratégie du gouvernement, celle-ci a tout de même débuté mardi dernier. «Nous avons vacciné 133 personnes et 50 de plus seront vaccinées vendredi», détaille Jean-Claude Schmit directeur de la Santé. Trois cent quatre-vingts personnes ont pour le moment pris rendez-vous avec le Centre hospitalier de Luxembourg pour se faire vacciner. Deux groupes sont prioritaires : les travailleurs du sexe et les hommes homosexuels ayant des rapports intimes avec plusieurs partenaires. Jean-Claude Schmit insiste d’ailleurs particulièrement sur ce dernier point. «Si une personne homosexuelle n’a qu’un seul partenaire, elle n’a pas besoin de se faire vacciner», précise-t-il.
La vaccination se fait uniquement sur rendez-vous à réserver du lundi au vendredi (hors jours fériés), de 8 h à 17 h, uniquement en appelant le 44 11 31 29. La primovaccination nécessite deux doses à 28 jours d’intervalle. Une troisième pourra être administrée chez les personnes immunodéprimées.
« Établir une relation de confiance »
Mais pour le moment ce risque reste tout de même faible. Parfois critiqué dans sa communication depuis le début de l’épidémie, le gouvernement se défend d’avoir mal informé la population. Celui-ci a préféré se concentrer sur les groupes à risques, communauté homosexuelle et travailleurs du sexe, pour les sensibiliser au problème. «Il faut établir une relation de confiance pour que les gens infectés acceptent d’aller voir un médecin», explique Paulette Lenert. «Nous avons aussi informé les professionnels de santé par des circulaires dès la fin mai pour qu’ils prennent en compte la maladie.»
Les autorités ont notamment entamé un travail de terrain avec les associations. La méthode a permis de toucher au mieux les personnes les plus concernées sans générer de psychose chez le reste de la population. «Le choc de la pandémie est encore présent», rappelle la ministre. «Il faut trouver l’équilibre pour informer tout en évitant de semer la panique.»
«Pas plus mal lotis que les autres pays»
Cet accent sur la prévention reste la principale stratégie du gouvernement pour endiguer l’épidémie. Avec seulement 1 440 doses de vaccin reçues, 1 000 de moins que prévu, le Luxembourg ne pourra peut-être pas vacciner tous ceux qui en auront besoin. Pour le moment, seules 380 personnes ont pris rendez-vous pour une injection. Même avec les deux doses nécessaires, les stocks sont donc suffisants. «Nous ne sommes pas plus mal lotis que les autres pays», relativise Paulette Lenert.
Mais le Grand-Duché a estimé à environ 2 500 le nombre de personnes à vacciner. Si celui-ci relève plus du calcul de maths que de la véritable estimation (le Luxembourg se base sur les chiffres français de 250 000 personnes en le divisant par 100, car la population luxembourgeoise est 100 fois moins nombreuse), la situation pourrait s’avérer plus complexe s’il s’avère finalement exact.
Les prochaines livraisons européennes n’arrivant pas avant la fin de l’année, le gouvernement tente de s’organiser. «Nous sommes déjà en discussion avec d’autres pays pour récupérer les doses qu’ils n’utiliseraient pas», révèle Jean-Claude Schmit. Il se pourrait aussi qu’une seule dose suffise ou que d’autres voies d’administration soient envisagées. «Nous pourrions faire des injections intradermiques, c’est-à-dire dans la peau et non pas en dessous. Cela permettrait d’utiliser beaucoup moins de vaccins.»
Mais avant d’envisager ces solutions, le Luxembourg devra attendre les conclusions des études en cours. Faute de mieux, la prévention reste donc la stratégie la plus viable.
Une contamination par contact rapproché
Auparavant très rare en dehors de l’Afrique, la variole du singe s’exporte depuis le printemps 2022 dans le reste du monde. À la base maladie zoonose, c’est-à-dire qui se transmet de l’animal à l’homme, le virus transite de plus en plus fréquemment entre êtres humains, ce qui explique la récente épidémie. Les animaux ne semblent plus jouer un rôle important.
La variole du singe se propage par contact physique, souvent intime ou sexuel, avec une personne infectée. Le fait d’avoir plusieurs partenaires sexuels en l’espace de quelques semaines favorise la transmission. Aujourd’hui, la quasi-totalité des cas, notamment en Europe, concerne des hommes ayant des rapports homosexuels avec plusieurs autres personnes. «Mais le virus peut aussi simplement se transmettre par le toucher», rappelle le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit.
Une fois contractée, la maladie reste toutefois bénigne dans la plupart des cas. Elle peut néanmoins déclencher divers symptômes comme des boutons sur le corps, de la fièvre, des ganglions enflés et douloureux, notamment sous la mâchoire, des maux de gorge ou de tête ainsi que de la fatigue et des douleurs musculaires. Jusqu’à présent, aucun décès ni aucune hospitalisation n’ont eu lieu au Luxembourg.
Pas beaucoup d’intérêt de se faire vacciner, il faut un contact pour être contaminé-e, ce n’est pas une épidémie.
On nous fait peur pour rien…