Déi Gréng de Differdange mettent en lumière l’inoccupation des anciens locaux de Servior et font part de leur idée pour les utiliser, en attendant leur transformation en campus scolaire.
Comment permettre aux réfugiés logés dans des conditions précaires en plein cœur de Differdange de vivre dans de meilleures conditions ? Déi Gréng a bien une idée, qu’ils ont exposée jeudi à la presse. Il suffirait de rénover l’immeuble d’habitation insalubre tout en relogeant ses locataires à 50 mètres de là, dans un bâtiment vide mais fonctionnel, le temps que les travaux soient finis.
Les verts de la commune ont eu cette idée avec l’espoir qu’elle verra le jour rapidement. Une proposition qui «n’est pas faite pour contrarier la politique actuelle, sourit Paulo Aguiar, mais pour attirer l’attention sur ce lieu».
«Ce lieu» c’est «la maison des Sœurs», un immeuble situé dans l’ancien couvent de la Cité du fer. Et il n’est pas des plus accueillants. «Les conditions à l’intérieur sont difficiles, humides et froides» pour les familles de réfugiés qui y logent, expliquent déi gréng. «Les systèmes de chauffage ne fonctionnent pas correctement en raison de leur vétusté, il y a souvent un manque d’eau chaude et des fissures (craquèlent) les murs», détaillent-ils.
«Créer une structure pour réfugiés adéquate et permanente à Differdange»
Or à quelques mètres de là, trônent majestueusement dans un parc les anciens locaux du groupe Servior, vendus à la commune pour un euro symbolique lors de son déménagement en 2022. La nouvelle coalition LSAP/CSV a prévu d’y construire un campus scolaire, pour soulager l’école du centre, bondée. «Si nous sommes réalistes, il n’y aura pas de travaux de construction dans les deux à trois prochaines années, et les locaux resteront vides», estiment les verts.
Dans ce cas, pourquoi ne pas installer les familles dans une des trois ailes (la maternité), rénovée en 2021, en attendant le début des travaux du campus, proposent-ils. «On pourrait y emménager dès demain, c’est bien chauffé, et chaque étage dispose d’une toute nouvelle cuisine.» Pendant ce temps, imaginent les verts, «l’ancienne “maison des Sœurs” pourrait être soit démolie, soit être rénovée pour créer une structure pour réfugiés adéquate et permanente à Differdange».
Guy Altmeisch a une autre idée
«Ce sujet devrait être abordé avec le conseil communal», nous expliquait ce vendredi l’Office national de l’accueil chargé de la gestion de «la maison des Sœurs» et ne disposait «actuellement pas d’informations à ce sujet». Le conseil communal, justement, s’était tenu juste avant cette conférence de presse. «Je suis étonné de n’avoir eu aucune information à ce sujet, s’est désolé le bourgmestre LSAP Guy Altmeisch, mais c’est comme ça.»
Que pense-t-il de cette idée des verts ? Il est contre, non pas qu’il soit indifférent au sort des réfugiés, mais parce qu’il la trouve inadaptée : ce n’est pas judicieux de déloger des familles traumatisées, pour les reloger provisoirement dans un bâtiment inadapté, selon lui. «Vous imaginez une famille de trois, quatre enfants dans une chambre de 3 mètres sur trois, avec une cuisine commune à tout l’étage, alors qu’ils ont plus que jamais besoin d’une vie familiale ?», s’exclame-t-il. Dans ce cas, puisqu’il est au courant de la vétusté des locaux, que propose-t-il ?
Guy Altmeisch indique qu’il a visité avec l’ONA un bâtiment de l’État – l’ancien commissariat de la rue Pasteur – pour y loger, une fois des travaux réalisés, les réfugiés de la «la maison des Sœurs», mais aussi du centre Noppeney. Aucune date de début des travaux n’a cependant été avancée. Quant à l’ancien bâtiment Servior, il va prochainement accueillir les services de la commune, eux aussi en travaux.
Pour rappel, Differdange dispose de quatre lieux sur son territoire accueillant des réfugiés, dont le nombre a augmenté avec la guerre en Ukraine : le centre Noppeney, le Karro, le casino Klenge et, donc, la «maison des Sœurs».