Gilles Baum (DP) juge que le succès de l’extrême droite en Saxe et en Thuringe est une catastrophe. Déi Lénk est de cet avis aussi, mais reprend l’élu libéral qui oublie les droits humains.
«Les résultats sont une catastrophe», a déclaré Gilles Baum (DP) au micro de nos confrères de RTL Radio, lundi matin, en évoquant les élections en Saxe où le parti d’extrême droite AfD devient le deuxième parti le plus fort et surtout en Thuringe où il arrive en tête chez nos voisins allemands. L’élu libéral, président de fraction, y voit un vote sanction contre le gouvernement du chancelier fédéral, Olaf Scholz (social-démocrate), mais aussi une grogne toujours plus importante de la population contre l’immigration, «qui n’est pas aussi réussie, contrairement à ce que désirait l’ex-chancelière, Angela Merkel».
Ce sont, pour beaucoup, des jeunes de moins de 30 ans qui ont voté pour l’AfD, ce qui inquiète encore davantage Gilles Baum. Il met en garde contre une politique anti-immigration qui entraînerait l’effondrement de l’économie du pays. «Quand on sait combien de citoyens issus de l’immigration sont très bien intégrés et occupent des postes importants dans tous les domaines, surtout en médecine», indique-t-il, une politique de «remigration» comme le souhaite l’AfD «ne serait pas une solution».
Mais, dans le même souffle, il salue la décision du gouvernement allemand de reprendre les expulsions vers l’Afghanistan. «Des propos qu’on entendait que de l’ADR jusqu’ici», relève déi Lénk, qui s’offusque dans un communiqué que de tels propos puissent être tenus par un élu dont le parti est au gouvernement et occupe le ministère des Affaires étrangères.
Les polémiques se multiplient
Le parti de gauche rappelle que «ces derniers mois, plusieurs personnages politiques du CSV et du DP se sont fait remarquer par des déclarations polémiques qui étaient autrefois réservées aux seuls représentants de l’extrême droite». Il fait référence à la sortie, sur les réseaux sociaux, de Marc Lies (CSV), député-maire de Hesperange, qui s’en était pris à la politique migratoire menée par Jean Asselborn, mais aussi à Simone Beissel (DP), sur les mendiants.
«C’est dans ce contexte qu’il faut critiquer les récentes explications du chef de fraction DP Gilles Baum sur l’antenne de RTL Radio», indique le parti déi Lénk qui ne cache pas ses inquiétudes quant aux résultats en Thuringe, surtout, où l’extrémiste Björn Höcke s’est présenté aux élections. «Le danger qui émane de ce parti ne peut plus être nié. Les résultats de ces élections ne doivent en aucun cas être banalisés comme un simple vote protestataire contre le gouvernement fédéral.»
La politique migratoire de l’Allemagne a été au centre de la campagne électorale, note déi Lénk. Elle a été thématisée non seulement par l’AfD, mais pratiquement par tous les partis et ceci d’une manière plus ou moins problématique. Pas seulement en Allemagne. Il ne faut pas oublier que les Pays-Bas ont un gouvernement où l’extrême droite est largement majoritaire, même si les Néerlandais ont un Premier ministre indépendant. Comme en France où personne ne veut de Marine Le Pen, ni de l’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon, les partis politiques censés bâtir une coalition avec l’extrême droite néerlandaise ne voulait pas de Geert Wilders.
Et les Pays-Bas
En Allemagne, beaucoup considèrent ces résultats comme un avant-goût des élections nationales de l’année prochaine. Malgré ces scores historiques, l’AfD ne devrait pas diriger les Parlements régionaux, les autres partis, encore une fois, excluent toute collaboration avec lui. « Le parti conservateur CDU n’a pas hésité à faire campagne aux dépens des personnes réfugiées», relève cependant déi Lénk, obligée d’admettre également que «des partis traditionnellement ancrés plus à gauche se sont fait prendre au jeu de l’AfD». C’est le cas du tout jeune parti populiste de gauche de Sahra Wagenknecht (BSW). Déi Lénk craint aujourd’hui que «certains partis au Luxembourg risquent de faire la même erreur».
Le parti de gauche estime qu’une «politique de rémigration telle qu’imaginée par l’AfD consisterait à déporter une partie importante de la population allemande, y compris des personnes qui ont la nationalité allemande. Ce n’est rien d’autre qu’une attaque frontale sur les droits humains et ne peut pas être réduit au seul impact économique. Il devrait également être une évidence qu’un État de droit ne devrait pas expulser des gens vers un pays où ils risquent la torture et la mort».
Pendant ce temps, aux Pays-Bas, le programme de la coalition prévoit une clause d’exemption de la politique européenne d’asile et de migration qui sera soumise à la Commission européenne dès que possible.