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Attouchements : un urologue visé par trois plaintes


Aujourd'hui, le sexagénaire ne fait plus partie de l'équipe médicale du CHEM. (Photo illustration LQ / Didier Sylvestre)

Un urologue de 62 ans qui travaillait au CHEM à Niederkorn est poursuivi pour avoir commis des attentats à la pudeur sur trois patientes. Son procès s’est ouvert mercredi. Le sexagénaire s’est retrouvé dans le collimateur de la justice après la plainte d’une patiente déposée au printemps 2017.

C’était la première fois que la jeune femme de 26 ans consultait cet urologue. Souffrant d’un calcul rénal, elle s’était rendue en urgence à l’hôpital de Niederkorn le 11 mars 2017. Mais elle finira par s’enfuir du cabinet du praticien. D’après son récit livré hier matin à la barre, elle en est ressortie littéralement « choquée ».

« Tu es jolie, tu es belle. J’aime bien ton tatouage », lui aurait en effet lancé le médecin lors de la consultation, pour laquelle elle avait dû retirer le haut de son pyjama. Mais cela ne s’arrête pas là. La plaignante raconte avoir subi des attouchements. Il aurait commencé à lui toucher les bras pour enchaîner avec sa poitrine. « Avec les deux mains », précisera-t-elle à la demande du tribunal. Et puis, il l’aurait enlacée. « J’ai senti tout son corps. C’est là que j’ai eu très peur. Je me suis enfuie », a-t-elle poursuivi. À l’extérieur, elle s’était adressée à une infirmière.

Des faits confirmés par la cheffe du service urologie ce mercredi: « La patiente était vraiment en état de choc. Elle a demandé si c’était normal de devoir enlever son t-shirt pour faire une échographie et que le médecin lui touche la poitrine… » Étant censée assurer la sécurité des patients, elle avait fait appel à sa cadre supérieure. Cette dernière se souvient également d’avoir vu la patiente « choquée » et « désemparée » après cet examen clinique. Elle lui aurait fait comprendre : « Je ne veux plus aller chez ce médecin. » « Je n’entends pas souvent des choses pareilles », a appuyé la témoin face aux juges. À l’époque, elle avait donc décidé d’informer le service gestion des plaintes de l’hôpital. Enfin, elle avait téléphoné à l’urologue pour l’informer qu’une patiente allait certainement porter plainte contre lui. « Quelle était sa réaction ? », voulait savoir le président. « C’est pas possible. Ces jeunes… On ne peut plus prendre quelqu’un seul en consultation. »

La patiente avait bel et bien porté plainte à la police à Differdange. Au cours de l’enquête, une autre patiente s’était manifestée pour des faits similaires au directeur de l’hôpital. Elle aussi racontait avoir été victime des agissements du docteur lors d’une consultation en janvier 2017. À entendre l’enquêteur, son récit était presque le même. Après lui avoir demandé de se déshabiller, le docteur aurait commencé son examen médical, lors duquel il lui aurait touché les seins et montré le chemin du calcul rénal pour qu’il ressorte de manière naturelle.

« Rien à voir avec l’urologie »

Lors d’une perquisition au CHEM, la police était tombée sur le dossier d’une troisième patiente qui, en 2015, s’était adressée à la direction de l’hôpital pour également dénoncer un problème survenu lors d’une consultation. « Il touche des endroits de mon corps qui n’ont rien à voir avec l’urologie », avait-elle rapporté. « Il n’y a eu aucun lien, aucun contact entre les trois plaignantes », a précisé l’enquêteur à la demande de la défense.

Le prévenu de 62 ans, qui ne fait plus partie du corps médical du CHEM aujourd’hui, n’a pas eu l’occasion de s’exprimer, mercredi matin. Mais, depuis le début, il conteste les faits reprochés. Si l’on suit les déclarations du frère de la jeune femme qui avait porté plainte en mars 2017, le docteur les a appelés à plusieurs reprises. « Si j’ai fait quelque chose, ce n’était pas exprès », lui aurait-il fait comprendre, demandant de parler à sa sœur pour qu’elle ne porte pas plainte.

Pour défendre sa position, la défense a également convoqué plusieurs témoins dans ce procès. Une femme qui travaillait au secrétariat en mars 2017 a ainsi déclaré avoir vu la patiente sortir de la consultation. Selon ses dires, elle était « normale ». Bref, aucun état de choc n’aurait été perceptible.

Le procès se poursuit ce jeudi avec l’audition d’autres témoins.

Fabienne Armborst