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Certificat de virginité : un tabou débattu à la Chambre


Pour les pétitionnaires, il est «incompréhensible» qu'il n'existe pas de loi interdisant aux gynécologues d'émettre des certificats de virginité.

Le certificat de virginité, pratique archaïque et discriminatoire, est encore une réalité au Luxembourg. Une pétition veut l’interdire, le sujet fera débat la semaine prochaine.

Le sujet n’est que rarement abordé et encore moins dans l’enceinte du Parlement. La pétition introduite par Sandra Dessi et Enji Ismaili, en faveur d’une loi interdisant les certificats de virginité, a obtenu 5 224 signatures et le débat public est prévu la semaine prochaine, mercredi 17 avril.

Cette pratique est une réalité au Luxembourg, même si les jeunes filles qui réclament la délivrance d’un tel certificat ne sont pas nombreuses.

Il existe encore des gynécologues qui cèdent à la demande, bien souvent pour rendre service à la jeune fille, mise sous pression par sa famille. Mais pour les pétitionnaires, il est «incompréhensible» qu’il n’existe pas de loi interdisant aux gynécologues-obstétriciens d’émettre des certificats de virginité.

Elles dénoncent une pratique «archaïque et discriminatoire», qui vise à contrôler l’activité sexuelle des jeunes filles, alors que ces tests n’ont aucun fondement scientifique et encore moins de valeur légale.

Pourtant, Enji Ismaili, assistante sociale au Service psycho-social et d’accompagnement scolaires (SePAS) du lycée Bel-Val à Esch-sur-Alzette, l’une des deux pétitionnaires, affirmait dans nos colonnes l’été dernier que «certaines élèves ont vraiment peur, prises pour cible par des rumeurs à l’école ou stressées par leurs parents qui leur demandent de présenter régulièrement ce genre d’attestation».

Elle racontait aussi avoir été choquée face à un certificat de virginité établi par un gynécologue luxembourgeois qu’une élève lui a montré : «Il était écrit qu’un test vaginal et anal avait été pratiqué. Je n’en revenais pas».

Dans la pétition qui a connu un succès immédiat, il est précisé que certaines familles veulent une preuve annuelle de la virginité de leur fille. «Bien que bon nombre de filles ne sont pas ou plus d’accord de se soumettre à ce genre de test, elles se voient dans l’impossibilité de les refuser sous peine de représailles», insistent Enji Ismaili et Sandra Dessi.

Cette dernière, professeure de lettres dans le même établissement d’Esch-Belval, est aussi confrontée au phénomène avec certaines de ses élèves.

La France ou la Grande-Bretagne ont déjà promulgué des lois qui protègent les filles en interdisant l’émission de certificats de virginité. La ministre de la Santé, Paulette Lenert, indiquait en 2022 dans une réponse parlementaire que «le gouvernement partage l’avis de l’OMS sur la nécessité de mettre fin à ces certificats de virginité», jugés «contraires au principe d’égalité entre les genres».

Les pétitionnaires réclament une loi qui interdise clairement la délivrance de tels certificats. Les députés en débattront la semaine prochaine.

Ensuite les aides-soignants

Le pétitionnaire Bryan Jaeger est parvenu tout juste à ses fins en récoltant 4 573 signatures pour sa pétition réclamant une meilleure reconnaissance du métier d’aide-soignant. Parce qu’ils ne sont pas seulement là pour laver les patients, principalement.

ls sont à l’écoute des personnes vulnérables, affaiblies par l’âge, et sont aussi un support psychologique capital. Malheureusement, le pétitionnaire constate que le temps de l’aide-soignant est calculé de manière à l’empêcher d’avoir un contact prolongé de quelques instants avec le patient.

Le métier serait encore mal perçu et pas rémunéré à sa juste valeur. La revendication du pétitionnaire est aussi salariale. Le débat à la Chambre se déroulera également le 17 avril.

Le lendemain, ce sont les éducateurs qui auront la parole. La pétition lancée par Jil Nilles tient en une phrase : moins d’enfants à charge pour un seul éducateur dans les crèches et les maisons relais pour avoir plus de temps à leur consacrer. Elle a obtenu 4 823 signatures.

Le 8 mai, un autre débat public va se dérouler à la Chambre à la suite du succès de la pétition introduite par Marc Faramelli, mais cette fois, le sujet a fait l’objet de nombreuses discussions depuis le début de l’année. L’interdiction de la mendicité revient sur le devant de la scène avec cette demande pressante de 5 502 signataires d’autoriser la mendicité pour tout le monde et à tout moment.