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Un premier immeuble en paille voit le jour à Bettembourg


La façade de l’immeuble est faite de murs en bois, paille et argile. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Un nouvel immeuble est en chantier dans le sud du pays. Sa particularité : des façades en paille, conçues et installées par l’entreprise wallonne Paille-Tech.

Un immeuble en paille est en train de voir le jour à Bettembourg. Loin des petites chaumières de l’époque, ce bâtiment se tient sur trois étages et accueillera d’ici 2025 le siège d’une entreprise de voiries et d’infrastructures. Pour l’heure, il est entre les mains de l’entreprise de construction DZ Construct. Elle a collaboré avec l’entreprise wallonne Paille-Tech pour concevoir et installer les façades en paille.

C’est d’ailleurs le premier bâtiment en paille à voir le jour au Luxembourg. Et c’est également le premier immeuble de ce type pour Paille-Tech. «D’habitude, nous construisons des maisons unifamiliales et des bâtiments pour le marché public comme des écoles», révèle Julien Lefrancq, administrateur de l’entreprise.

L’immeuble de Bettembourg leur a donc demandé de plus gros moyens. Pour cause : les équipes de Paille-Tech ont conçu pour la première fois des murs hauts de 12 m et de 2,20 m de large. Le tout pour une surface totale de 1 100 m2. «Pour chaque mur, nous avons assemblé trois éléments de 4 mètres avec de grandes poutres.»

L’entreprise wallonne préfabrique tout dans son atelier. Elle comprime des bottes de paille dans des structures en bois, avant d’enduire le tout d’argile. «C’est cet enduit qui permet l’étanchéité et la résistance au feu», précise Julien Lefrancq. Les matériaux utilisés sont majoritairement locaux. La paille vient d’un agriculteur belge spécialisé dans le ballot de construction et l’argile d’une carrière belge. Le bois, lui, vient d’Allemagne. «Pour le projet de Bettembourg, environ 4 000 bottes de paille ont été requises.»

Une fois préfabriqués, les murs sont emmenés sur le lieu du chantier puis levés et arrimés à l’ossature du bâtiment. «Nous avons dû développer un nouveau système de levage exprès pour ce projet.» Paille-Tech s’est chargée de lever les pans de murs, et DZ Construct de les fixer à l’ossature. «Cela a demandé une précision extrême.» Huit jours ont été nécessaires pour fermer complétement le bâtiment avec les façades. Un temps trois fois moindre que celui requis habituellement avec les constructions en béton.

Une alternative «écologique» au béton

Si DZ Construct a choisi Paille-Tech pour la construction de la façade, ce n’est pas par hasard. «C’est eux qui correspondaient le plus à l’inertie que l’on voulait», indique Walter Brugnoni, constructeur général et intégrateur «hors site» de DZ Construct.

Les murs en paille et en argile ont en effet la capacité d’absorber et de restituer les températures. «Ils absorbent notamment la fraîcheur de la nuit pour combattre la chaleur de la journée», explique Julien Lefrancq. Et ce, «peu importe la saison».

La grosse épaisseur des murs permet également de créer une ombre portée pour éviter que le soleil ne rentre trop à l’intérieur. Résultat : le bâtiment reste à bonne température. Ce qui se ressent déjà, alors même que le chantier est encore en cours.

«C’est tout le principe du projet de bureau 22-26, la température est maintenue naturellement entre 22 et 26 degrés, en hiver comme en été», se réjouit Walter Brugnoni. Plus besoin de moyen de chauffage ou de climatisation, donc. «Même si le coût de la préfabrication est plus important, on fait des économies à long terme.»

L’inertie n’est pas le seul avantage pour DZ Construct : «Le bâtiment est démontable – sauf son noyau dur en béton – ce qui nous permet de respecter l’économie circulaire», ajoute Walter Brugnoni. L’économie circulaire, c’est celle qui vise à recycler les ressources pour économiser l’énergie grise et éviter au maximum les déchets.

Un bâtiment démontable évite alors de construire un bâtiment pour le détruire une dizaine d’années plus tard. «La paille a un impact environnemental faible, elle ne demande pas d’énergie pour être produite et peut être compostée», souligne Julien Lefrancq.

«C’est le premier immeuble au Luxembourg, si ce n’est en Europe, qui allie l’économie circulaire et la construction en paille», estime Walter Brugnoni. Ce qui représente, pour lui et pour Paille-Tech, une «innovation». «Personne n’aurait pensé à réaliser un immeuble de cette manière, avec des contraintes thermiques innovantes comme celles-ci.»

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