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Un débat pour être clair sur le nucléaire


Selon le Meco, Luc Frieden «a brisé un tabou en devenant le premier Premier ministre à assouplir la position ferme du Luxembourg contre le nucléaire». (Photo : fabrizio pizzolante)

Les récentes déclarations de Luc Frieden, qui se dit ouvert aux technologies concernant l’avenir de l’énergie nucléaire, ont troublé le Mouvement écologique et le parti déi Lénk.

Le Mouvement écologique et, au Parlement, déi Lénk sont plus qu’intrigués, voire carrément inquiets en ce qui concerne l’avenir du nucléaire et la position du gouvernement à ce sujet. En marge du sommet de jeudi dernier à Bruxelles, qui réunissait une trentaine de pays et visait à accélérer les investissements dans la production d’énergie nucléaire, le Premier ministre Luc Frieden a semé un doute.

Il a déclaré à cette occasion que le gouvernement était «ouvert à la technologie», et bien que le Luxembourg ne compte pas construire de centrale nucléaire, «vu la taille du pays», «nous ne disons pas aux autres comment abandonner les combustibles fossiles». Des déclarations quelque peu ambiguës, même si le ministre de l’Environnement, Serge Wilmes, a affirmé devant les membres du Mouvement écologique réunis en assemblée générale que le Luxembourg resterait fermement opposé à l’énergie nucléaire.

Pour le Meco, Luc Frieden «a brisé un tabou en devenant le premier Premier ministre à assouplir la position ferme du Luxembourg contre le nucléaire, qui fait l’objet d’un consensus social depuis Remerschen et Cattenom», affirme-t-il dans un communiqué. Il y a toute juste un an, Xavier Bettel déclarait à Bruxelles que chaque pays pouvait concevoir son propre bouquet énergétique, «mais avec des drapeaux européens, ce serait une arnaque», ajoutait-il. Pour lui, l’énergie nucléaire ne permet pas de produire de l’énergie durable, et il s’est prononcé très clairement contre cette source d’énergie.

«Ce n’est pas sûr, ce n’est pas rapide, ce n’est pas bon marché et ce n’est pas non plus respectueux du climat», selon Xavier Bettel. L’actuel ministre de l’Environnement, Serge Wilmes, ne dit pas autre chose et, selon le Meco, il n’était pas au courant des déclarations de Luc Frieden à Bruxelles au moment de sa rencontre avec les écologistes. «Il a clairement indiqué que ce gouvernement ne changerait pas de cap», rapporte encore le Meco.

L’organisation écologiste aimerait savoir ce que pensent aujourd’hui les libéraux des déclarations de Luc Frieden, eux qui avaient voulu «intenter un procès contre les décisions européennes favorables au nucléaire», rappelle le Meco.

À Bruxelles la semaine dernière, l’argument-choc pour défendre le nucléaire reposait sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre, que les écolos dénoncent comme une fausse solution climatique. «Partout dans le monde, le nucléaire fait son grand retour (en raison de) la nécessité de lutter contre le changement climatique, du besoin de sécurité énergétique après l’invasion de l’Ukraine et de produire de l’électricité sans interruption», a résumé le directeur de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol. Il affirmait encore que les objectifs climatiques n’ont aucune chance d’être atteints «sans le soutien du nucléaire».

Même si le Luxembourg est toujours favorable à la fermeture des centrales situées à proximité de ses frontières, le nouveau Premier ministre souhaiterait que la question du nucléaire soit abordée «d’une manière moins idéologique».

Demande de débat

L’ancienne ministre et députée CSV Erna Hennicot Schoepges avait la même attitude face à cette question. «Le changement climatique est l’un des plus grands défis avec le problème de l’énergie et ce leurre que l’on pourrait se passer de l’énergie nucléaire, mais encore faut-il investir dans la recherche sur la fusion sans déchets», encourageait-elle. «Je trouve inacceptable de refuser de discuter de ce sujet aujourd’hui, parce que l’éolien et le solaire ne feront pas tout», disait-elle encore.

Le parti déi Lénk a demandé une heure d’actualité «au sujet de la position du gouvernement en matière d’énergie nucléaire». Les déclarations de Luc Frieden «constituent une rupture importante du consensus antinucléaire luxembourgeois et pourraient mettre en question l’efficacité des initiatives politiques et citoyennes visant la fermeture des centrales nucléaires françaises et belges situées à proximité du Luxembourg», estiment les députés de la Gauche.

La demande va être examinée en Conférence des présidents. Un débat aura le mérite de clarifier le sujet et de mettre tout le monde d’accord. Ou pas…

2 plusieurs commentaires

  1. Benoît Petitjean

    On décide de la sortie de l’énergie nucléaire , quand l’idéologie prend le dessus
    sur la science et la rationnalité .

  2. «Ce n’est pas sûr, ce n’est pas rapide, ce n’est pas bon marché et ce n’est pas non plus respectueux du climat»
    Quatre affirmations, quatre mensonges.
    Quant au climat, laissez-le donc tranquille. De toutes façons nous n’y pouvons rien.