Christophe et Antonio, deux amis luxembourgeois, ont passé quelques jours à la frontière ukraino-polonaise pour venir en aide aux animaux, victimes collatérales du conflit. Ils s’étaient confiés avant leur départ dans nos colonnes : revenus depuis quelques jours, ils témoignent.
Ils reviennent d’un périple d’une semaine et environ 3 000 kilomètres. Du 17 au 23 avril, Christophe Mendes et Antonio Marques sont partis en Pologne, à Medyka plus exactement où se situe l’un des postes-frontières avec l’Ukraine.
Sur place, ils ont donné un coup de main dans un refuge recueillant les animaux abandonnés et blessés, victimes de l’invasion russe. «C’était mon deuxième voyage là-bas», raconte Christophe Mendes. «J’y suis allé une première fois avec un collègue photographe pour documenter et montrer la réalité.»
Depuis le début du conflit, Medyka est en effet l’un des points de rendez-vous de nombreux bénévoles du monde entier, venus aider les réfugiés fuyant la guerre. Durant son séjour, Christophe rencontre quelqu’un qui lui parle de ce camp qui, comme pour les humains, recueille les animaux. «J’y suis allé pour les aider.»
Des coffres chargés de 400 kilos de nourriture
À peine de retour au Grand-Duché, l’envie de repartir pour Medyka se fait rapidement sentir, mais cette fois de manière plus planifiée. Il décide donc d’appeler au don sur Instagram pour récupérer eau, nourriture pour animaux et matériel médical.
«En une semaine, j’ai reçu tellement de choses que je n’avais plus de place dans ma voiture !» Il appelle donc son ami Antonio pour lui demander de l’accompagner avec son propre véhicule. «Mais même là nous avons eu du mal à tout charger, on a dû rabattre les sièges ! Nous n’avons pas les mots pour remercier les gens», explique ce dernier.
Parti de nuit de Luxembourg, les coffres chargés de 400 kilos de nourriture, 450 litres d’eau et de divers équipements, le duo arrive à Medyka le lendemain. «Comme j’étais déjà venu, le contact a vite été établi avec les gens du camp et nous avons pu décharger nos voitures.»
Grâce à la fondation Centaurus, le refuge peut accueillir les animaux ukrainiens, essentiellement des chiens, et leur prodiguer les soins nécessaires. «Ils passent devant un vétérinaire, s’ils sont malades, ils sont envoyés en quarantaine. Ils reçoivent aussi un passeport européen animal et sont ensuite placés dans des associations ou chez des particuliers.»
C’est là qu’on se rend compte de la guerre et de la souffrance des gens
Nettoyage des box, désinfection, soins, promenade… Christophe et Antonio n’ont pas eu le temps de chômer. La petite équipe de six bénévoles, venus du monde entier, devait s’occuper de 23 chiens.
«Cela nous faisait des journées de 15 heures, on se couchait tard et on se levait tôt. Mais c’était une expérience très constructive.» Assez anxieux à l’idée de partir, comme il nous l’avait confié, Antonio a été particulièrement marqué par ce voyage. «On ne sait pas à quoi s’attendre avant de partir», reconnaît-il. «Et quand la frontière est à 500 mètres, on se pose des questions.»
Même loin de la zone de conflit, Medyka porte la souffrance des gens qui arrivent et ont pour certains tout perdu sous les bombardements. «On voit la vie différemment ensuite. Nous ici, on a tout.»
Déjà venu une première fois et peut-être plus dans le contrôle, Christophe a réussi à mettre un peu de distance. Une obligation quand on se rend sur ce genre de terrains. «On voit des chiens maltraités, des pattes cassées, des visages ouverts… Ce n’est pas fait pour tout le monde, il faut du sang-froid et être fort. Sinon, on n’aide pas les chiens», rappelle-t-il. «Le but, c’est d’être là à chaque seconde.»
Un nouveau voyage en tête
Difficile pourtant de rester insensible dans certains moments. Comme lorsque Antonio et Christophe sont allés à Przemysl, à quelques kilomètres de la frontière. De nombreuses familles, abandonnant tout derrière elles, atterrissent à la gare.
«J’ai voulu les rencontrer, mais on sentait leur mal-être, je n’ai pas insisté», précise Antonio. «C’est là qu’on se rend compte de la guerre et de la souffrance des gens.» Les deux amis ont alors simplement offert quelques réserves d’eau à une association présente sur place.
Malgré les conditions de vie spartiates de ces quelques jours («Les chiens étaient sûrement mieux logés que nous !»), les deux Luxembourgeois ne regrettent rien de ce voyage. Quand on évoque avec eux la possibilité de repartir, l’idée a déjà fait du chemin dans leur tête.
Si Antonio n’est pas sûr de pouvoir repartir, même s’il aimerait bien, Christophe, lui, ne laisse pas de place au doute. «J’y retourne normalement fin mai. Mais cette fois-ci, je voudrais aller en Ukraine. Je veux être présent, je veux aider.»